Maridan-Gyres

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Atelier 9 - 2020 - sujet 2 image 3

La Fillette, le Vent et la Magicienne.

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« Mais qui es-tu fillette ? demande le vent, tu souffles sur ta main et je ressens ton souhait de trouver des rires et des jeux d’enfants. Que fais-tu avec ces ailes délicates et ce costume de fée alors que ton visage, ta peau, ton corps semblent si réels. ?»

 

« Vent ami, je me suis endormie sous un pont après avoir marché loin de ma ville et me suis réveillée dans ce paradis costumée en fée ailée avec des cheveux de feu. Les papillons en farandole m’ont accueillie, je me suis assise au milieu des fleurettes et une douce voix m’a dit :

 

 

  • repose toi, demande au vent de transporter tes vœux et je les réaliserai, je suis la magicienne des enfants et des animaux  mal aimés, tu seras ma messagère pour les enfants, je serai ta marraine. »

 

La fillette poursuit : « Je vais te raconter mon histoire ». Le vent retient son souffle et écoute :

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« Je vivais dans une grande tour dans un bloc au milieu de nulle part où les jeux pour enfants  n’existent pas, où le soleil n’entre pas dans ton logis. Les rues sont sans arbres, sans oiseaux, grises, poussiéreuses, bruyantes, les grandes personnes sans sourire… tu sais, ils sont malheureux.

J’habitais au dernier étage avec mes parents dans un petit appartement tout vieilli, la vue bouchée par l'immeuble d’en face. Je ne voyais que ça de mon lit.

 

Mon père rentrait le soir tard, buvait et criait si fort que j’allais me cacher dans un placard. Ma mère criait aussi et dans ses colères jetait au sol tout ce qui traînait sur la table, sur le buffet et hors d’elle me sortait du placard et des gifles pleuvaient sans que je sache pourquoi. Je ne comprenais pas leur fureur. J’étais  terrorisée et je pleurais sans fin. Personne ne connaissait mon malheur, chacun a ses soucis, ses peurs, ses malchances, ses calamités dans ces endroits…

Seule l’école me permettait d’échapper à ces violences répétées que je cachais. Aucun adulte ne m’a jamais rien demandé. C’était comme si personne ne me voyait.

 

Un jour l’école a fermé, on nous a dit qu’une maladie nous obligeait à rester à la maison. Mes parents n’avaient plus le droit de sortir non plus et ils devenaient fous. Alors tu sais ça été pire, des coups j’en ai reçus, j’ai été privée de manger et enfermée dans le placard des jours entiers. J’ai perdu connaissance et il a fallu m’emmener à l’hôpital, mes parents ont eu peur de la police s'ils me laissaient dans ce sale état.

 

 

Tu vois, le Vent, je reviens de loin. Quand je me suis réveillée, tout le monde courait dans cet hôpital avec des airs catastrophés, on rentrait des gens par dizaine qui respiraient si mal que plus rien ne comptait, il fallait les soigner en urgence.

On m’a ignorée. Je n’ai attiré l’attention de personne, je me suis sauvée et j’ai marché, marché, marché…jusqu’à la rivière de l'autre côté de cette ville affreuse. Epuisée je me suis cachée sous le pont de pierres et le sommeil m’a envahie d’un coup ».

 

Le vent soupire si fort que toutes les feuilles alentour s’agitent, le chant des oiseaux est plein de désarroi…et un renardeau glapit si tristement que des lapins sortent de leur terrier pour le consoler car eux n’ont rien entendu, mais ils sentent que tous ont de la peine.

La fillette poursuit :

« Mais tu sais le Vent, mon ami, la voix que j'ai entendue et ce coin merveilleux où je suis devenue fée ailée me consolent de toutes mes misères.

Je voudrais que tu souffles vers la magicienne, ma marraine, pour qu'elle protège les enfants, et qu'elle envoie vers moi tous ceux qui sont mal aimés, c’est la mission qu’elle m’a confiée. Je sais leur chagrin, j’entends leurs pleurs. Aide-moi le vent ! 

Nous ferons un monde magique, nos yeux ne verront plus que la beauté, nos mains se serreront, nous danserons, nous jouerons, nous rirons, et personne ne pourra plus jamais nous faire de mal. Nous n’aurons que des caresses à donner et à recevoir.

 

Le vent tout ému enferme dans une petite bourrasque les désirs de l’enfant et se dirige vers la magicienne qui repose fantomatique sur un nuage. Seul le vent, lui aussi invisible, la connait. Elle lui fait signe et recueille dans sa main le mandala fleur les vœux  ardents de la fillette.

Alors elle attrape des rayons d’étoile et les jette en étincelle sur tous les enfants mal aimés…leurs petits cœurs se réchauffent et ils rejoignent la fillette dans un parc infini bien au-delà des horizons connus, une autre planète florissante, où, seuls les animaux, les fleurs, les arbres, seront leurs compagnons…tous rescapés de  mauvais traitements et  de négligences.  

Sont-ils tristes d’avoir perdu leurs enfants les parents mal aimants ? Mal traitants ? Peut-être

« Tant pis » dit la Magicienne, « ils ne les reverront plus ». Elle regarde la fillette aux cheveux de feu qui souffle vers le vent à chaque fois que des plaintes enfantines  chargées de larmes lui parviennent. Très vite happés par une lumière d’amour ils entrent dans la ronde joyeuse de ses petits protégés. La Magicienne leur envoie des baisers doux et parfumés et le sol est jonché de pétales de roses, de pivoines, de violettes…

 

Clohe



04/06/2020
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