Maridan-Gyres

Le portable penseur.

“Le fait que les hommes tirent peu de profit des leçons de l’Histoire est la leçon la plus importante que l’Histoire nous enseigne.” (Aldous Huxley)

… « Je me retrouve sous un amas de détritus entre une console de jeux écrasée et un clavier de tablette aux caractères palis, moi-même mon écran est pulvérisé, il ne reste de moi que quelques débris de connecteurs et ma face arrière. Pourtant j’étais un bijou de technologie en 2022, le mobile « high tech » qui faisait baver de 7 à 77 ans…

Je ne sais pas comment j’arrive à penser. Personne n’a jamais imaginé qu’un mobile pense.

C’est bien là le problème, car l’humain n’a entendu que les voix qui l’ont poussé à produire, vendre, acheter, jeter, recycler sans conviction, faire semblant de changer, mais consommer, consommer a été son seul crédo…Quelques éclairés ont tenté de prendre d’autres virages mais ils ont basculé dans le vide depuis la falaise des consuméristes.

Même moi qui aimait être baladé dans une jolie coque dans les doigts de minettes sexy, parfois pas si bien traité que ça mais indispensable… j’étais inquiet ! Certes, j’ai kiffé ma vie  « d’esclave à esclave » jusqu’au jour où les réseaux ont pété les plombs…

L’humain n’a pas cru à l’effondrement de son système malgré toutes les incitations à changer ses modes de vie.

Le Covid n’a servi à rien.

La mort a trouvé un jeu bien plus mortel pour l’humain, le priver de tous ses biens, de sa technologie vaniteuse et l’amener à sa perte …Il aurait pu sortir de sa caverne ultra moderne, il avait le choix,  mais il a cru que les trésors d’Ali Baba seraient inépuisables… et il a perdu.

Pendant la guerre en Ukraine, un Troll russe virulent ayant été foudroyé par une maladie létale, des nains démoniaques ont fait déclencher des cybers attaques universelles menées magistralement par des gnomes hackers kamikazes et sans concurrence. Même les Américains n’y ont vu que du feu.

Pour le coup, du feu il y en a eu !

Aucune nation n’a résisté à cette apocalypse d’un monde asservi au Net. Il s’est fait Hara Kiri.

Les océans sont presque mélancoliques que la race humaine ait disparu, car  il y avait ces enfants qui riaient des éclaboussures des vagues et ramassaient des coquillages pour faire des colliers à leurs mamans, des hommes et des femmes qui dansaient avec les dauphins, des amoureux qui dormaient sur le sable les yeux constellés d’étoiles,  des voiliers blancs qui filaient dans le vent de l’aube au crépuscule et toutes ces belles choses venues de Belles Âmes.

La Faune et la Fore sont un peu nostalgiques : Elles ont aimé ce couple brésilien qui s’était lancé dans un projet colossal, il y a quarante ans  de cela : replanter deux millions d'arbres sur près de 700 hectares, et aimé ceux qui ont lutté contre la désertification, ceux qui ont défendu les loups, les ours, les baleines et bien d’autres,  ceux qui ont sauvé des milliers d’animaux des griffes d’humains maltraitants…et tant de belles choses venues de Belles Âmes.

La  Lune aussi est émue  car elle avait trouvé gentillet que l’homme veuille la conquérir mais elle savait depuis toujours qu’il s’écroulerait avant de la coloniser. Elle n’avait pas pu l’en empêcher. Il n’avait pas compris les avertissements des tsunamis, des ouragans et des multiples incendies dévastateurs.

Pour notre galaxie vous êtes poussière de poussière,  pauvres humains et vous n’aurez pas d’autre chance. Votre ruine est de votre responsabilité.

Et moi, carcasse écrabouillée d’ex luxueux objet de communication, je gis là à ressasser le désastre, depuis 20 ans »

 8 Mai 2042.

« Comment savez-vous si la Terre n'est pas l'enfer d'une autre planète ? » (Aldous Huxley)

Epilogue :

•  …Tu l’as aimé cette histoire toi, Mélusine ?
• Pas vraiment, Pinocchio, elle est bien triste mais tu sais la Science-Fiction  est parfois prémonitoire ! Peut-être qu’une meilleure vie les attend ces humains s’ils laissent l’amour les envahir, s’ils essorent la haine, la cupidité et  l’avidité de leur cœur…
• … Tu as raison Mélusine, peut-être il leur reste une chance de changer de cap…

Clohe