Maridan-Gyres

Maridan-Gyres

Atelier du 22/09/2015

 1er sujet

 

Le ciel s’est levé sur ma mélancolie et je me demande où cette maudite journée va bien pouvoir m’entraîner. Rien ne me motive ce matin, à quoi bon exister quand tout paraît perdu d’avance.

 

Apprends ! m’avait dit mon père. Alors à cœur perdu, je m’étais mise à apprendre tout et n’importe quoi. Pour commencer, j’avais acheté l’encyclopédie autodidactique  des éditions Quillet. À l’intérieur, j’avais appris les mathématiques, la comptabilité, l’algèbre, mais aussi la sténographie, l’histoire, la géographie, et tant d’autre matière, comme la couture, la cuisine, si, si je vous assure. Un condensé d’apprentissage.

 

Je découvrais qu’apprendre au sens large donnait une grande liberté, celle de comprendre bien des choses qui autrement nous seraient obscures. Plus je lisais, plus je découvrais, et plus j’avais envie d’explorer d’autres choses. Je devenais boulimique. À cette époque, j’allais au collège et, une fois de plus, je m’y ennuyais copieusement.

 

Lors des examens blancs, j’obtenais souvent de mauvaises notes. Mon père qui me voyait toujours le nez dans les bouquins ne comprenait pas. Comment aurais-je pu lui dire que les programmes de l’école étaient depuis longtemps perdus pour moi ? Je n’y voyais aucun intérêt. Savoir qui avait gagné une bataille, un royaume, ou quelques autres richesses m’importait peu.

 

Mon père avait caressé un temps l’illusion que je pourrais être autre chose qu’un cancre, mais elle s’était vite envolée. Petit à petit, j’avais acquis une culture étrange, nourrie par tout ce que j’avais lu, vu ou découvert au gré de mes échanges avec les autres. Pas les autres élèves avec qui je pensais surtout à m’amuser. Non avec les étudiants plus âgés que je côtoyais au bar en face de chez moi, ou encore les hommes qui venaient m’acheter leurs chemises le week-end, dans le magasin où je travaillais.

 

Un jour vint ou je n’eus plus d’autre choix que celui de partir travailler. J’avais goûté au plaisir de gagner de l’argent le week-end et je savais que l’école me conduisait tout droit dans un mur. Celui de l’échec. Je voulais vivre ma vie, découvrir d’autres choses, apprendre encore et encore. Alors sans en dire un mot à mes parents, je quittais le lycée d’arts que j’avais intégré et je commençai à travailler en vendant des lithographies le soir. La facilité avec laquelle, je gagnais de l’argent me rendit très heureuse. Mais c’était sans compter sur mon père qui me voyant rentrer de l’école vers 11heures le soir, me somma de tout quitter.

 

À partir de là commença un long travail de sape. Mes parents voulaient que j’intègre l’administration et cela me rendait folle. Je tins le coup à peu près un mois. À la fin, la mélancolie qui m’habitait était si présente que mon père renonça à m’imposer ce job. OK, fais ce que tu veux, mais il est hors de question que tu restes à la maison sans rien faire.

 

Cela tombait bien, je n’en avais aucune envie. Vendre des lithographies m’avait enthousiasmé, du coup je trouvais un travail de vendeuse chez Hachette. Vendre des livres, un rêve pour moi, surtout que c’était des encyclopédies. Je restais deux mois dans cette société, le temps de lire tous leurs bouquins. La bible illustrée, l’histoire de France et l’encyclopédie de la littérature. Cette dernière me rendit totalement dingue. Je me promis de lire un livre par jour et j’ai tenu le coup presque dix ans. Mes parents me jugèrent cinglée et plus je m’obstinais à lire, plus ils voulaient me sortir de mes livres. J’ai fini par quitter la maison, pour continuer à lire tout mon sôul. C’est la naissance de ma fille qui a mis fin à cette frénésie de lecture.

 

2ème sujet décrire le personnage

 

Il avait quitté la légion pour intégrer la marine. Et pourtant quand on lui avait demandé ce qu’il voulait apprendre, il avait choisi l’aviation. Il croyait que cela lui donnerait la liberté de tout survoler. La seule chose qu’il aimait par-dessus tout c’était le bel uniforme blanc qui faisait craquer les filles. Elles se faisaient des illusions. Étrange ce qu’un bout de tissu peut faire sur votre popularité. Ses ailes d’aviateur l’avaient rendu désirable. Le statut d’aviateur l’avait empêché de se cracher dans un mur. Pourtant sa maudite mélancolie restait là, tapie, s’obstinant à lui montrer le monde en noir.

 

Il était pourtant beau mec, 1m90, 85 kilos de muscles, un beau visage taillé à la serpe et pas bête en plus. Même avant son bel uniforme, les filles faisaient la queue pour finir la soirée avec lui. Comment peut-on être aussi beau et aussi triste ? Curieux personnage songeait la belle du jour en le dévisageant.

 

3ème sujet vous êtes le personnage que ressent-il ?

Tony regarde au-delà du bastingage. Il espère réussir à apprendre à maîtriser ses colères. Cette rage qui brûle en lui n’a pas de fin, elle le consume. Lucie ne reviendra jamais s’il ne parvient pas à s’en débarrasser. Il n’y a que dans ses bras qu’il goûte à la liberté d’aimer. Elle est sa princesse, son ange, sa déesse à lui. Lui le laissé pour compte. L’enfant abandonné par sa mère dans un lit blanc, celui de l’hôpital. Il a grandi en l’aimant cette mère illusion, il lui a confié ses espoirs les plus intimes, ses douleurs les plus profondes. Il ignore pourquoi, mais il est certain qu’elle ne l’a pas jeté de gaité de cœur. Quelquefois, il croit sentir cette maman sans visage. C’est un écorché vif. Aussi étrange que cela puisse paraître, il se sent seul, sans cesse en apnée. Il en a marre de se taper des murs. Marre de la mélancolie qui obscurcit tout son univers. Lucie c’est son soleil, son adrénaline sa fureur de vivre.

 

Mais a-t-il le droit de lui imposer le pauvre paumé qu’il est devenu ? Elle a passé tant de mois à s’obstiner à le libérer de ses démons. Il songe avec tendresse à sa patience, à sa douceur à la caresse de ses petites mains sur son visage ravagé. Ça lui met un poids énorme au creux du ventre. Je dois réussir, je ne veux pas la perdre. Il ne veut plus jamais recueillir sur ses mains le poids de ses larmes salées. Je vais y arriver, et pour la première fois c’est un sourire qui se dessine sur son visage 4 jours sans alcool et toujours pas de signe de   manque.

 

4ème sujet – lipogramme sans i

Venu d’un proche pays, Luc demanda sa route à Arthur le valeureux, joyeux paysan breton.

 

" Ben mon gars, tu vas par là et tu verras mon pote Bernard, c’est un vendeur de carottes. Demande à monter sur sa charrette. Tu pourras aller à Rennes qu’est pas trop près de chez la Lucette. Comme ça, ce sera pas grave de plus la rencontrer c'te charogne. Déjà deux pauvres garçons qu’ont dû payer des rentes pour ces sales marmots qu’on n'est même pas surs que c’est les leurs.

 

Ah c’est une sacrée garce que cette femelle-là ! Elle te prend et elle te tord comme un torchon, après t’as plus qu’à pleurer. Alors le papé Arthur va te mettre hors de ce complot. Allez mon gars, pas de larmes, tu vas aller te balader dans le monde et quand tu seras de retour, t’auras des tas de choses à nous raconter à nous autres. Nous tous, on a été serré à la gorge et c’est une belle vengeance de te sauver des serres de cette sale peau de vache là.

 

Je rêve d’y tordre le cou à c'te morue. Déjà, trente ans que je verse la rente à sa pétasse de mère, ah la gueuse ! J’va te la pendre à un arbre un de ces quatre. Les femmes de c'te couvée-là, c’est juste bon à jeter au feu.

 

Allez va à la flotte. Prends mes clefs et met le moteur en avant toute."

 

Le beau garçon, trop content d'échapper à l'affreuse morue, embarque et les rames en pognes va vers le large où la femelle en rut ne le reprendra pas avant longtemps. Le vent souffle doucement alors que le moteur pousse le bateau en dehors du port. À bâbord, les goélands volent près de son mat. La traversée sera belle et sans encombres.

 

Maridan 22/09/2015

 

 



23/09/2015
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