Maridan-Gyres

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Atelier du 26/03/2014

TATIANA

Ronde de mots

Premier, extraordinaire, courir, gentiment, télégramme, chien, éblouissant, parfaite, évanescent, gourmand, lâche, velléitaire

(suite de l’histoire de Tatiana)

Le lendemain de son arrivée à Gibraltar, Tatiana sortit tôt sur le quai. Elle avait besoin de sentir la terre ferme sous ses pieds. Le premier être qu’elle vit, en train de faire son jogging, comme elle, ce fut Manuel. Une seconde, un regard, lui suffirent pour tomber amoureuse. Jusque là, rien d’extraordinaire. Mais c’était un parfait étranger. Et ils étaient au bout du monde. Cela n’empêcha qu’ils continuèrent à courir, cette fois côte à côte, en se souriant de temps à autre, gentiment.

L’histoire avait commencé : fleurs, promenades, sorties en boîte, télégrammes désespérés quand il était parti, un chien en peluche, un bracelet, une bague …

Des histoires d’amour, elle en avait eu sans nombre. Avec ou sans amour. Quand un homme lui plaisait, elle le prenait. C’était bien simple. On a envie d’une glace, on se la paie, on la mange, on jette l’emballage… et on n’y pense plus. Mais avec Manuel tout avait changé : la couleur des jours où le soleil était plus éblouissant, l’obscurité des nuits où les jambes parfaites de Tatiana entouraient, évanescentes, le cou de l’homme, tel un collier. Sa bouche gourmande, presque cruelle, avait appris des mots tendres, des phrases douces où elle ne reconnaissait pas sa voix.

……..

Qu’allait-elle faire ? se demandait Tatiana quelques semaines plus tard. A côté d’elle, Manuel dormait profondément.

« Comme je suis lâche ! Je n’ose pas lui dire. »

Le coup de fil de son frère était tombé comme un coup de hache.

« Il faut que tu rentres… Question de vie ou de mort… Tu as un avion dans une heure. »

La vie pour qui ? La mort de qui ? Etait-ce vraiment si grave que ça ? Mais elle savait toutes ces questions inutiles. Son frère, elle le connaissait. Si Serioja avait dit « il faut » c’est qu’il le fallait. Il n’était pas un faible ou un velléitaire. S’il avait besoin d’elle, c’est qu’il n’y avait pas d’autre solution.

Elle sauta du lit, rapide et élastique comme d’habitude, enfila une robe, attrapa son sac à main et sortit en coup de vent. Manuel dormait.

A suivre…

Gabriela 26/03/2014



26/09/2014
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