Maridan-Gyres

Maridan-Gyres

atelier du 29/01/2014

L’amitié

 

Qu’entend-on quand on parle amitié ? Pour moi c’est donner sans rien attendre en retour. L’amitié m’a bien souvent blessée. Jeune fille, je croyais en l’amitié qui dure toute une vie. J’avais tort. Je faisais sans doute peser sur les épaules de mes amis un poids bien trop lourd. Puis, une trahison, bien plus douloureuse que les autres, me fit renoncer définitivement à l’amitié.

C’est la maladie qui m’a réconciliée avec ce curieux sentiment. De nombreux copains et copines, sont devenus avec le temps de précieux amis. Oh ! Ne croyez pas qu’ils soient légions. Ils sont peu nombreux, mais fiables. Toujours là où je ne les attends pas. J’ai appris à refaire confiance et c’est un sentiment délicieux. L’amitié c’est du partage, des soutiens disponibles au moment où il faut sans jamais devenir trop lourds ou trop envahissants.

A une relation qui m’a dit un jour : «  Les amis c’est comme le poisson, il ne faut pas les voir trop souvent sinon, ils commencent à sentir… »

J’ai répondu. Que pour tenir de tels propos, elle ne s’était surement jamais montrée une amie sur qui on pouvait compter. Pour moi, il ne faut pas attendre que nos amis demandent, il faut juste être à l’écoute et savoir être là, quand il faut. Pas plus, mais pas moins.

 

Collage

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Ils se sont promis de s’aimer toujours cette nuit-là. Comment auraient-ils pu imaginer que cela ne soit plus dix ans plus tard. Lui, les observe, il n’a rien oublié de cette nuit-là. Le Mékong était illuminé » de mille feux, les jonques des pêcheurs coulaient silencieusement sur le fleuve. Lui et elle marchaient tranquillement sur la plage, la main dans la main, le cœur au bord des lèvres. Lui, heureux de les voir ainsi courait devant eux, ses oreilles frôlées par le vent lui renvoyaient l’écho tendre de leurs serments.

 

Ils avaient fini par s’arrêter au bord d’un appontement ou deux pêcheurs préparaient leurs filets pour le lendemain. Machinalement son maître lui avait caressé le poil. Aussitôt c’est elle qui s’était baissée pour lui couler ses deux bras autour du cou. Il aimait sentir qu’il comptait pour eux.

 

Il a posé sa vieille tête blanchie sur ses pattes avant. Tandis qu’ils se chamaillent une fois de plus, il veille sur leur magnifique fillette toute occupée à jouer dans l’eau. Cela peut parfois s’avérer dangereux de laisser les enfants sans surveillance. Mais lui, il sait qu’il est un bon loup. Cette enfant, il l’aime comme si c’était la sienne.

 

Elle adore marcher dans l’eau. Un peu plus loin le vieux loup de ses parents veille sur elle avec attention. Dès qu’elle fait mine de s’éloigner, il aboie. Et puis, elle en a assez d’entendre les cris de ses parents. Ils sont si doux quand ils lui parlent à elle. Elle ne rêve que de réconciliation, ce n’est pas habituel chez une enfant de son âge.

 

« Dis-moi Lucifer ! Pourquoi papa et maman ne s’aiment-ils plus ? »

 

Ça lui fait mal à son petit cœur d’enfant, tous ces mots qui tombent comme des couperets. Quand les gens de l’extérieur viennent à la maison, ils jouent la comédie. Mais pour elle, ils ne font même plus l’effort. Pourquoi est-ce si difficile pour les grandes personnes de s’aimer ? Elle tente souvent de les distraire de leurs colères, parfois, elle y parvient. Elle a même appris à être maladroite. Exprès, elle fait tomber des choses. Sa mère tempête.

« Tu ne peux pas faire attention ! » son père proteste

« Fiche-lui la paix ! C’est encore une enfant. »

 

Elle pleure et ils arrêtent tout de suite de se disputer. Pourtant, ils sont si beaux quand, ils oublient leur colère. Dès fois quand maman pleure, papa vient la consoler, il lui dit des paroles tendres et son petit cœur bondit. Tout n’est pas perdu. Il se penche vers maman qui tend ses lèvres et elle se reprend à espérer que tout va s’arranger. Mais ces moments-là sont de plus en plus rares.

 

Il regarde son enfant et son sourire qui n’atteint pas ses yeux. Il s’en veut. Il ne comprend pas ce qui lui arrive. Pourquoi est-il devenu si hargneux avec sa femme ? Est-ce à cause de cette autre qui lui a rendu ses vingt ans ? Elle ignore cette liaison, mais on dit que les femmes ont un sixième sens. Au moindre reproche, il se braque, coupable de la tromper. Mais ce qui le rend le plus triste c’est de voir le sourire éteint de sa petite fille. Elle a toujours été son rayon de soleil. Souvent, il se dit qu’elle a tout compris. Elle a cessé de lui souhaiter la bienvenue en lui sautant dans les bras et en serrant ses petits bras autour de son cou. Il se souvient amèrement de sa dernière fois. Sa fille lui avait sauté au cou et elle s’était arrêtée net.

 

« Papa ! Tu sens drôle. » Il s’était figé. Il revenait de chez sa maitresse et la petite avait dû capter l’odeur de cette autre femme. Il lui avait parlé d’une cliente qui empestait et était allé se changer. Si la petite pouvait sentir le parfum de l’autre, sa femme l’aurait immédiatement senti, elle aussi et l’histoire de la cliente n’aurait pas fonctionné. Il la regarde tandis qu’elle sort leur fille de l’eau où elle patauge depuis un moment.  Elle est encore si belle. Comment a-t-il pu être aussi stupide ? Il aimerait revenir en arrière, il se souvient de leurs fous rires, des gestes, de tendresse, quotidiens. Aujourd’hui ce n’est plus la même femme. Elle s’est raidie. Elle est devenue froide.

 

Elle regarde cet homme qu’elle a tant aimé, qu’elle aime sans doute encore. Que lui est-il arrivé. Cet homme charmant qui avait conquis son cœur au cours de son voyage sur le Mékong a perdu tout son charme. On dirait un vieux beau. Il se pomponne comme un vieux gay qui ne veut pas avouer son homosexualité. Il se gomine les cheveux et elle a horreur de cela. Et cette cravate ridicule ! Un vrai feu d’artifices. Lui qui était si élégant autrefois. Elle sourit à sa fille qui les regarde tour à tour avec angoisse. La petite a peur, elle le devine. Mais que faire ? Elle n’arrive plus à aimer ce curieux bonhomme qui voudrait paraître vingt ans, mais qui en a quarante-cinq. Il put, trop de parfum ! Cela finit par l’écœurer. Elle s’en veut d’être aussi distante, quelques fois, il tente de se rapprocher, mais invariablement, elle le repousse. Dès qu’ils rentreront à Paris, elle va lui dire qu’elle veut divorcer. Mais avant elle doit préparer sa fille. La petite adore son père, elle prie intérieurement pour que sa gamine ne la haïsse pas. Ça elle ne pourrait pas le supporter. C’est le cœur lourd qu’ils rejoignent tous les quatre le petit restaurant où ils ont choisi de dîner. Après tout demain est un autre jour, qui sait ce qui peut arriver !

 

Maridan 29/01/2014

 

 



08/03/2014
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