Maridan-Gyres

Maridan-Gyres

Atelier du 29/09/2015 par Maryse

1er exercice : prendre le titre de 3 romans et en faire des têtes de chapitre

LE CAVEAU DE FAMILLE

Je me rendais presque chaque jour jusqu’à la petite maison de pierre, à l’ombre grise des cyprès, à la rencontre de souvenirs silencieux. Un cimetière, ce n’est pas triste, ce n’est autre que l’évocation de centaines de vies, avec leurs centaines de bonheurs, de chagrins et de joies quotidiennes. On ne trouve, à ce rendez-vous , que le contraire de la mort. C’était là, et là seulement, que je parvenais à la plénitude. C’était précisément devant ce nom et ces deux dates dorées, devant le satin vernissé de cette photo d’homme encore jeune, cheveux gominés et lunettes d’écailles, que je rejoignais mon père.
 

LES REVES DE MON PERE

Est-ce vanité de penser que j’avais incarné ce qu’il considérait  comme son chef d’œuvre, celui d’un être satisfait de sa modeste existence de jardinier, gagnant peu et gourmand d’amour. Il m’avait voulue blonde aux yeux verts, je l’avais été. Il m’avait voulue instruite, je l’avais été. Il m’avait voulue heureuse, en cela seulement, je l’avais déçu. Oh, ça n’était pas de son fait! La faute seule en incombait au hasard qui m’avait conduite vers un destin contraire. Il n’était en rien responsable de mes blessures, mon pauvre papa trop doux, trop gentil! Il n’empêche qu’il était parti, lesté de ce regret. Voilà pourquoi, si souvent, je me trouvais là. Pour qu’il me pardonne!
 

UN ETE SANS OISEAUX

17 juin 2007. Les premières moiteurs se mêlaient à mes larmes. Je sentirais à jamais, dans ma main, l’ultime empreinte de ses doigts faibles et noueux. Dans les nids des mésanges, les œufs avaient éclos, les arbres n’étaient que chansons mais moi, cet été-là, une absence m’avais rendue sourde. Il s’appelait Jean Méchain et serait mon père, infiniment.

 

Maryse 25/09/2015

 

 

3ème exercice : Le point de non retour :

 

C’en était fini, enfin, de ma vieille carne de belle-mère! Je venais de la tuer! Oh! Pas avec le glaive ou le poison, avec la vérité, dans son atroce évidence. Pendant des années, j’avais tant avalé de paroles fielleuses, tant enduré d’insinuations perfides que j’étais parvenue à me mithridatiser1. Du moins, je le croyais!

 

Jusqu’à aujourd’hui, jusqu’à ce qu’elle s’en prenne à une autre que moi, jusqu’à ce qu’elle en arrive à faire mal à ma fille pour, de nouveau, parvenir à m’atteindre.

Car elle le savait, la vieille bique, du fond de sa méchanceté crasse, qu’elle me frapperait au cœur !

De sa voix faussement mielleuse, de son faux air attendri, elle avait distillé à ma gosse de dix ans :

 

“ Elle ne te l’avait jamais dit, maman, qu’elle ne te désirait pas ? “

 

La harpie venait de prononcer la phrase de trop. Et j’allais lui faire payer de la plus cruelle des façons le regard douloureusement incrédule que mon enfant avait tourné vers moi  en l’entendant.

 

On peut détruire un être rien qu’en lui insufflant qu’il n’a pas été désiré.

 

Rendue folle de rage par la violence du coup que je venais de recevoir, totalement hors de contrôle, je m’entendis alors lui asséner les mots les plus impitoyables, les plus injustes de ma vie, pour la seule jouissance de l’anéantir :

 

“ D’après vous, qu’est-ce qu’il vaut mieux?  Etre la mère d’un enfant non voulu mais parfaitement sain ou bien la mère d’un enfant voulu, mais taré? “

 

Son fils cadet était né débile mental… !

 

Que Dieu me pardonne!!!

 

(1 - Immuniser quelqu'un contre le poison par une accoutumance progressive.)



02/10/2015
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