Maridan-Gyres

Maridan-Gyres

atelier du 8/01/2014

REVELATION

 

L’élève à coup sûr, a dépassé le maître. Et lorsque, en découvrant son œuvre,  je vois ce qu’il est capable de nous offrir, j’éprouve comme un pincement de jalousie, non plutôt d’envie.

 

Devant son tableau, les larmes me montent aux yeux, la beauté de la scène me coupe le souffle. On croirait qu’elle va s’animer, prendre vie.

Une femme, à demi-vêtue d’un drap pourpre, se débat pour arracher la chevillière qui lui interdit tout mouvement. Divine incarnation du miracle, prisonnière sans doute d’un bourreau qu’on devine, qu’a-t-elle bien pu faire pour mériter un tel sort ? On la sent fière, forte, rebelle et n’implorant aucun pardon. A-t-elle enfreint quelque loi, a-t-elle détourné quelque sage de la sagesse ?

Le soleil essaie de pénétrer dans la pièce par une minuscule fenêtre à barreaux, projetant au sol un rai de lumière flamboyant qui aveugle la belle dans la pénombre. Dans un angle, une cheminée, sans feu, dont le tablier révèle des signes, comme des mots, peut-être un autre langage.

Je fixe la toile, je veux m’imprégner de ses moindres détails. Quelle maîtrise, quelle magie au bout du pinceau ! Une sensation, nouvelle pour moi, m’envahit : moi la païenne sans croyance, je me sens touchée par une sorte de grâce spirituelle que je ne peux m’expliquer.

 

Je sors de la galerie émue, transportée. Un renouveau s’éveille en moi, comme lorsque le jour se lève. Je me dirige vers la plage, il n’y a personne, je suis seule. Je m’assois, enfonce mes mains dans le sable fin qui glisse entre mes doigts. Je suis apaisée. Un voilier vient de prendre la mer, je le regarde s’éloigner, silhouette évanescente. J’aimerais partir avec lui… Je me relève, ma visite à l’exposition m’a troublée,  je ne sais plus trop où aller. Je vais à droite, à gauche, je m’interroge, je me pose mille questions. Comment un tableau peut-il me remuer ainsi jusqu’au tréfonds de mon être ? Il me semble que d’un coup je suis différente, j’ai besoin d’autre chose, je veux changer ma vie. C’est curieux comme, parfois, ce que l’on découvre nous remet en question ! Il m’aura suffi d’une peinture pour que je réalise à quel point l’art est générateur d’émotions, de pensées profondes, de bonheur. Oui, bonheur, le mot n’est pas trop fort. Je me sens heureuse et en paix et j’ai l’impression que cela se voit ! Je croise un couple main dans la main, suivi d’un chien qui saute et jappe. A sa vue, je ne peux m’empêcher d’éclater de rire. C’est fou, je revis, je vois la vie autrement, je vais faire le ménage en de fond en comble, c’est décidé !

Je me mets à courir au bord de l’eau, le soleil commence à brûler. C’est le début de la saison, les amateurs de bronzage se pressent déjà, je préfère rentrer.

 

En chemin, je repense au tableau qui m’a émerveillée. Un chat énorme me barre la route, boule de poil empotée qui somnole, indifférent. Je souris et le contourne pour ne pas le déranger. Décidément, je me sens bien. Demain, je retourne à la galerie d’art.

 

 ORANE 8/01/2014   



10/01/2014
0 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Inscrivez-vous au site

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 465 autres membres