Maridan-Gyres

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Conte par Lynda

Oups, une pierre qui scintille 25/02/2014


Émilie est une petite fille de sept ans au visage angélique,  mais  détrompez-vous ! Son allure est celle d'une sauvageonne au son caractère espiègle. Elle sait comment se faire pardonner toutes ses bêtises grâce à sa jolie petite frimousse. Ses parents n'ont qu'elle comme enfant, les deux précédents sont morts en couches. Ils vivent à Paris, près des remparts protégeant la ville des invasions, dans une misérable pièce donnant sur une rue de la rive droite, au passage incessant, non loin du marché. Sa mère est relieuse de livres dans cette ville universitaire et son père ne travaille plus. Il était parcheminier chez une écrivaine et un professeur très prospères. Émilie a toute la journée pour jouer avec son chien Théor, de la boue sur ses chaussures, elle déambule parmi les badauds. 

Ce jour-là, courant dans la rue, elle se heurte violemment au gros ventre d'un monsieur à l'air bourru. C'est monsieur Choron, leur voisin.

- Amuse-toi petite peste ! Bientôt tu n'auras plus de maison, tu dormiras dehors !

- Théor viens, cours, on rentre voir papa

Et vlan! La voilà à terre. Elle a heurté une pierre qu'elle prend par rage pour la cogner violemment au sol. Oh ! une étincelle ! Elle s'en empare et se remet à courir. La pierre lui chauffe la main, puis l'autre main aussi. Elle la jette à terre et revoilà une étincelle, plus lumineuse encore. Théor gémit, Émilie est ébahie. Intrépide, elle reprend la pierre et le froid aidant, elle la sert entre ses deux mains pour se réchauffer.

Oups ! Mais que se passe-t-il ? Elle est à table, jour de pot-au-feu comme le mois dernier et Théor n'est pas là! Comme le jour où on l'avait perdu. Ses parents parlent du travail que son père va perdre dans quelques jours. C'est la même scène que celle du mois dernier. Elle va au lit précipitamment pour réfléchir, à cette situation.puis elle se remémore, l'étincelle de la pierre ! C'est en se réchauffant que tout est devenu bizarre. Elle passe toute la nuit à y penser. Elle comprend enfin, qu'elle s'est retrouvée un mois plus tôt, dans le passé, à cause de cette pierre qui devait appartenir à une sorcière. Il fallait la cacher ! Elle ne voudrait pas se retrouver sur le bucher. 

Le lendemain, elle se demanda comment elle pourrait profiter de la situation.

Quels pouvoirs a cette pierre  ? Peut-elle nous aider à ce que papa retrouve son travail ? Maman a dit que c'est à cause de ça que l'on dormirait dehors. Que faire ?

- je n'ai que sept ans, qui va me conseiller ? Bon, espérons que cette pierre magique va faire un miracle, mais comment?

Elle la prend dans le creux de ses deux mains et un petit faisceau de lumière projette une image sur son mur moisi par l'humidité. Son voisin, le méchant monsieur Rochon parle aux patrons de son père :

-         Vous savez ! Votre employé, qui est mon voisin, est un voleur. Il a ramené chez lui et je l'ai vu, deux bougeoirs en argent qui doivent vous appartenir. Il les vendait sur le marché.

-         C'est ainsi !disent l'écrivain et le professeur. Alors dès demain matin  les forces royales l'encercleront et l'emmèneront dans les geôles.  Puis le mur redevient comme il était.

 

À Émilie d'agir maintenant, mais elle se sent si petite encore ! Pourtant, elle est très dégourdie.  Heureusement que Théor, son ami, est à ses côtés. Elle rentre chez monsieur Rochon en son absence avec son chien, dit à celui-ci de surveiller la porte. Face à elle, elle voit les deux bougeoirs. Émilie s'en empare et part en courant, bousculant les badauds, vers la maison des employeurs de son père. Elle gravit les marches à toute hâte et tape à la porte. Un monsieur gigantesque  avec une grosse barbe lui ouvre. 
C'est une question de survie et elle pense très fort à son papa. Alors d'une petite voix fluette et essoufflée, elle lui raconte qu'en fait c'est son voisin qui a volé les bougeoirs. Elle les lui remet.

 

-         Puisqu'il en est ainsi, je dirais à ton père de revenir travailler pour nous comme parcheminier. Comme dit ta mère " la vérité finit toujours par se savoir". Emilie retourne chez elle sur le dos de Théor.

 

Elle est toujours dans le mois du passé. Son père est parti à la taverne  et sa mère est triste. Avec l’impatience de son enfance, Émilie prend la pierre entre ses mains froides et grâce à la pierre, elles se réchauffent. Le faisceau lumineux réapparaît. Elle voit sur le mur son père travailler avec le monsieur gigantesque. Super ! Elle peut voir l'avenir à un jour près. Et c'est très bien ainsi. Si l'avenir à long terme lui avait été prédit elle ne pourrait plus rêver. 

 

Son père est absent, sa mère aussi. Elle s'assoie et patiemment les attend. Son père rentre enfin de son travail. Elle court se blottir dans ces bras. Elle jette un regard sur la pierre, sourit en pensant aux ennuis que son voisin s'apprête à avoir. Elle entend du bruit dans le couloir, sort voir avec son père. La force royale est là pour emmener Monsieur Rochon.

Malgré l'étonnement de son père, elle ne lui raconte rien. C'est son histoire magique à elle toute seule, à Théor aussi, mais il n'a rien compris se dit-elle. Elle ne jette pas la pierre. Elle veut lui trouver une utilité qui l'amuse. Alors chaque soir, elle la frotte dans ses mains et regarde sur le mur, quand ses parents dorment, si le lendemain sera une journée sans problème. Ainsi comme une magicienne, elle réparera sans cesse les problèmes de ses parents. Elle est fière, car du  haut de ses sept ans, elle a un super pouvoir entre les mains. Fière de sa trouvaille et de sa débrouillardise, Émilie se  dit que grâce à elle, ils vivront heureux dorénavant, un jour après l'autre, bien sûr !

 

Lynda



26/02/2014
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