Maridan-Gyres

Maridan-Gyres

Drague sur le net

Vous avez rencontré une personne sur internet. Vous avez enfin accepté un premier rendez-vous. Vous n'avez pas échangé de photos. Ecrire vos sentiments, vos idées préconçues ce qui vous anime en allant à sa rencontre.

Cette fois-ci, la pèche a été bonne !

Depuis bientôt un mois maintenant, je corresponds tous les soirs avec cet homme. Nos échanges écrits sont riches et variés. Il a une écriture très agréable, ses mots et tournures ne sont pas truffés de fautes et de maladresses. Et, de surcroit, il est cultivé.

Quel bonheur ces rendez-vous nocturnes, cette nourriture intellectuelle ! Je suis sous le charme ! Les heures au bureau  sont fades et interminables, je ne vis plus que pour cette connexion sur internet que je ne manquerais pour rien au monde.

J’ai du mal à y croire. Est-ce possible ? Après tant de déconvenues, tant de crétins qui se vantent pour se vendre, tant de menteurs qui se réinventent leur vie pour séduire, ai-je cette fois-ci croisé le chemin de l’homme que j’attends depuis des lustres ?

 

Le week-end dernier, il m’a communiquée son numéro de portable pour que je puisse l’appeler au moment le plus opportun pour moi. Tous les jours qui ont suivi, j’en ai eu follement envie et aussi terriblement peur de ce premier coup de fil. Je m’y suis enfin décidée hier soir et lorsque j’ai entendu le timbre de sa voix, mon cœur s’est mis à battre la chamade. Il a engagé la conversation posément,  naturellement et avec fluidité. Il ne cherchait pas ses mots, il ne semblait pas embarrassé. Heureusement, car de mon côté je n’en menais pas large, l’émotion m’enlevait toute spontanéité, toute inspiration. Nous avons tout de même bavardé une demi-heure, même si j’étais bien moins loquace que lui. Et avant de raccrocher, il m’a proposée une première rencontre, aujourd’hui à 17h00, à la terrasse de la paillotte  Effet Mer.

 

Il est 16h45, je viens de me garer à une petite distance de la paillotte,  j’ai coupé le moteur, la radio s’est arrêtée,  j’ai mal au ventre… Après l’appel téléphonique, j’avais explosé de joie à l’idée de ce premier rendez-vous. J’étais euphorique à un tel point, que j’ai galéré ensuite à trouver le sommeil. Une bonne partie de la nuit, telle une jeune adolescente, j’ai imaginé le scénario de cette première rencontre dans ses moindres détails, puis, en pensées, j’ai passé en revue ma garde robe. Pour cette occasion, il me faut miser sur la féminité, un peu de classe, une touche d’originalité  tout cela dans une petite robe confortable à porter.

 

L’enthousiasme de l’autre soir fait maintenant place à l’angoisse, au doute. Quelle folie ce rendez-vous ! Vais-je le reconnaître ? Nous n’avons pas même échangé une photo ! Au vu de ses études à Paris et de son parcours professionnel, notamment les quinze dernières années passées à l’étranger, je suppose qu’il est dans la quarantaine. Il m’a dit qu’il portera une chemise bleue. Je lui ai répondu que je poserai mon téléphone de couleur rouge sur la table si j’arrivais la première. Il s’appelle Luc, il travaille dans le tourisme. Je n’en sais pas plus. Nous n’avons guère parlé de nous, nous avons échangé sur des faits de société, des points de vues, des voyages. C’est seulement maintenant que je réalise que j’ignore totalement son apparence physique. C’est malin ! C’est l’heure, je dois me rendre à ce rancard, même si intérieurement une petite voix me suggère de faire demi-tour.

Après un dernier coup d’œil dans le miroir du rétroviseur, dont l’image renvoyée ne me rassure pas le moins du monde, je quitte mon carrosse et m’engage sur l’allée sablonneuse bordée de palmiers.

J’arrive sur la terrasse avec vue sur la mer, et balaie du regard toutes les tables. Elles sont toutes occupées par plusieurs clients, seules deux d’entre elles accueillent un homme seul. Attablé à celle de droite,  l’homme portant une chemise bleu clair est élégant, visage lumineux, il croise mon regard et me sourit. Un bref coup d’œil vers la gauche, chemise bleu roi et jean, il ne m’a pas vue, son allure et faciès ne m’inspirent pas, pourvu que ce type ne soit pas Luc !!! Que faire ? L’homme à la chemise bleu clair correspond à mon type d’homme, et probablement réciproquement puisqu’il m’a sourit ! Seulement, je n’ai qu’une chance sur deux qu’il s’agisse de Luc.

Bon, pas le moment de tergiverser, de se dégonfler et de fuir, il faut oser, … j’y vais !   

                                                                          

Nadège



01/08/2013
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