Maridan-Gyres

Maridan-Gyres

l'atelier du 27/11/2013

1.1         Qui peux dire, je suis poète, pas moi, ma bonne dame, sauf peut-être quand ma peau fouette.

1.2         Le poète sait bien qu’il est au cœur des hommes une bête sauvage qui ne demande qu’à sortir

1.3         Vivre pour aimer est beaucoup plus savoureux que vivre pour s’enrichir. Tous les poètes vous le diront.

1.4         Quand toute la beauté de ce monde aura disparu, les hommes comprendront qu’ils n’étaient que des invités sur cette terre, mais il sera trop tard. Il ne restera plus alors, que les vers des poètes pour ce souvenir de ce qui fut.

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2) Qui peut savoir ce que cache la neige, une fois que celle-ci a tout recouvert de son manteau blanc. Oh bien sûr, si vous êtes passés avant qu’elle ne tombe, peut-être en aurez-vous une idée, mais une fois qu’elle est là ? Si vous venez d’arriver, qu’en savez-vous ? Peut-être la plainte de quelques âmes éperdues pourra-t-elle vous mettre sur la voie :

 

Blanc immaculé,

Propice aux cœurs dévastés

Aux larmes écoulées

 

Entends-moi pleurer

Donne-moi la force d’espérer

Ou celle de me tuer

 

Éole, compagnon idéal aux plaies du cœur. Il accompagne les douleurs, les pousse toujours un peu plus en avant. Parfois, il se calme, laissant une porte ouverte sur l’espoir, le chant change alors, essayant de reprendre pied dans une chaleur espérée pour les âmes blessées.

 

Quitte ce frimas

Offre-toi d’autres beaux jours

Ta vie est là-bas

 

Au prochain détour.

Il t’attend ton prince, ton roi

Ton nouvel amour.

 

Alors surgissant du froid et de la neige, le premier bourgeon s’offrira à tes sourires. La neige déposera son blanc linceul et ne resteront perdues au fond de ton cœur que les cendres de l’amour mort. Suivies de près par les flammes de celui qui ne demande qu’à s’épanouir.

 

Chante vie et amour

C’est l’harmonie au long cours

L’autre est mort ce jour

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3) Ils ont levé les yeux tous ensemble. Unis dans un même désespoir. Que devenait ce monde où ils avaient grandi, espéré ? N’y avait-il aucun espoir de changer les choses ?

 

C’est à cela qu’elle avait pensé ce matin-là. Elle s’était levée de bonne heure et prise d’une inspiration subite, elle les avait tous appelés. Ses amis, camarades et même simples relations d’une heure, d’un jour. Chez tous, elle avait capté des regards de compréhension lorsqu’elle avait parlé de faire évoluer les choses. C’était dit ce serait aujourd’hui.

 

Elle se rend à son bar, un endroit paisible où chaque matin les mêmes consommateurs se retrouvent et refont le monde autour d’un café, d’un ballon de rouge et parfois même pour certains d’une bière.

C’est bien beau d’avoir filé rendez-vous à tout le monde ici, mais qu’a-t-elle comme idée à proposer ? C’est facile de parler, de la ramener à tout bout de champ sur la société qui fout le camp, mais concrètement, que va-t-elle changer, elle ?

 

Organiser une course, comme certains en 1983 ont organisé une marche. Une course ! C’est fait elle est dingue, invalide, elle va courir, tu parles ! Bon je ne suis pas riche, donc aucun capital à mettre dans l’affaire, alors quoi, dans un quart d’heure ils seront là, et que va-t-elle pouvoir leur dire ?

 

Autour d’elle, des intellos se sont installés dans les canapés profonds. Visiblement, ces gens-là n’ont aucun problème. Ils vivent parfaitement dans ce monde, certains avec leur téléphone portable vissé à l’oreille, les autres avec leur ordinateur branché sur la WiFi de l’établissement. Ça gesticule et parle fort et ça refait le monde, mais pas le monde. Ici, il est question des sales Arabes qui bouffent le pain des Français. Sa colère gonfle. C’est fini, l’heure de dormir est passée, il faut agir.

 

Ils sont arrivés, Luc a convoqué la presse pour le dépôt de leurs merveilleuses idées. Ils doivent tous se rendre ensemble à Montpellier sur la place de l’œuf ou Midi Libre les attend. Enfin, tandis que les uns et les autres échangent sur leurs splendides idées, la sienne arrive lumineuse et si simple à mettre en place.

 

Bon la collecte de nourriture à la sortie des supers marchés, c’est fait, les dons aux œuvres c’est fait. Elle a envie d’agir, mais comment ?

Une idée arrive puissante, exaltante, mais oh combien d’obstacle à relever ! Elle va lancer une

méga tombola sur la place de la comédie

 

Elle va organiser une réunion de famille extraordinaire. Un Noël comme il ne s’en est jamais vu dans cette ville. C’est aux enfants qu’elle va s’adresser. Pas aux pères, pas aux mères.Elle veut vérifier qu’il y a encore un cœur dans la poitrine d'hommes. Et quoi de mieux que le cœur des enfants pour s'en assurer ? C’est sur eux qu’elle va projeter son message. Les femmes l’aideront. Ses amis commencent par lui dire qu’elle est dingue. Que ses rêves sont trop grands, mais non, elle veut y croire. Soyez optimistes les amis, allez prenez un peu de thé et mangeaient du raisin. Partageons. Il n’est plus temps de pleurer sur notre monde qui s’écroule le temps est venu d’agir.

 

Il faut oser pour commencer et agir pour finir. Ensemble, nous y arriverons.

 

Elle a commencé sa tournée des magasins, pour collecter des dons, elle doit à chaque fois raconter le projet, mais ça marche. Elle a écrit à la mairie pour obtenir les autorisations, elle a lancé une invitation sur Facebook, twitter, pour une fois que ces réseaux peuvent servir à quelque chose.

 

Et enfin, ils sont là, des milliers sur la place de la comédie, des milliers venus apporter des cadeaux sans contrepartie. Vaste troc géant où nombreux sont ceux qui se sont défaussés de vieux jouets, de livres tout ce qui pouvait être un cadeau pour des familles démunies. Et des tas de gosses sont là, avec de grands yeux pleins d’envie. Ils attendent le père Noël qui ne manquera pas de venir. Le monde doit changer.

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4) Le petit bois est propice à la méditation. Pour une fois, je vais pouvoir libérer mon esprit. Cesser de l’encombrer de choses inutiles. Enfanter de nouvelles pensées, plus légères, me détacher de ce monde où je ne me plais plus. Où me conduiront mes pas désormais ? Non, revenir à mon chemin initial, c’est primordial.

 

Ne plus penser… Mais cela me sera-t-il possible ? Rien n’est moins sûr. Tiens tandis que j’essaie de vider mon esprit, voilà que surgit un magnifique chat aux yeux d’agate. Qu’est-ce que cela signifie ? Sans doute, un psy y verrait-il quelques perversions de mon âme. Moi au contraire, j’y vois une légèreté doublée d’un fort esprit d’indépendance.

 

Tandis que je m’efforce farouchement de lutter contre mes encombrements cérébraux, de doux embruns chargés d’odeurs d’algues et de mer viennent me chatouiller les narines. Ce qu’il y a de merveilleux en Aquitaine ce sont ses grandes forêts qui bordent le littoral de l’Atlantique. Lorsque mon nez est ainsi sollicité, mon cœur se libère de ses chaînes, et mon âme s’élève. Je ne pense plus à rien. Enfin libre. Il n’y a que dans le frémissement d’une fragrance que j’arrive à libérer mes pensées. Toute petite déjà, j’étais apte à reconnaître certains composants des parfums maternels. Cela me donne soudain, un regard neuf lavé par l’océan.

 

Enfin, j’ai vidé mes pensées sombres. J’avance doucement le long de la plage, j’ai laissé le petit bois derrière moi. J’ai ôté mes chaussures et mes pieds se délectent du contact du sable. Je me suis approché du bord de l’eau et je marche sur le sol humide comme un funambule sur le fil de ma mémoire, j’avance, recomposant ce passé qui m’a tant déchiré.  Je ne suis plus triste. J’ai dépassé ma colère, dépassé mes douleurs. J’ai pardonné, cela était indispensable pour que je continue à avancer.

 

J’ai tourné mon regard vers la forêt et les teintes de l’automne m’offrent un spectacle magnifique. Les feux sont là, ocre, rose, rouge, et bordeaux se mélangent en un camaïeu festif. Je suis un martien dans ce monde et pourtant, j’ai l’impression d’avoir attendu toute ma vie cette communion viscérale avec la nature.

Je me purge de toutes mes idées noires et voilà qu’apparaissent enfin les couleurs de la vie. Ce ne sont plus des idées noires, mais roses comme mes enfants, blanches comme mon mari, vertes comme mes amies, la nature est la vie.

 

Si quelqu’un se prend à m’observer de loin, marchant ainsi le nez en l’air, il se dira : « il rêve sous les étoiles » et il ne sera pas loin de la vérité. Le soleil s’est couché et j’admire ce firmament qui m’a surpris. Suis-je en train de voir ce que me révèle mon futur ?

 

Autrefois, lorsque je descendais les fleuves impassibles, je ne me suis plus senti tiré par les haleurs. Eh bien, à cet instant précis, je ressens la même chose. Je suis à nouveau léger, libérer de mes chaînes. Personne plus jamais ne me forcera, sous quelque forme que ce soit.

 

Même si c’est Dieu, Diable, Président, et quand bien même on me dirait le roi se meurt, rien, j’ai bien dit rien, ne me forcerait à remettre mes chaînes. J’ai posé mes entraves et je n’en porterai plus.

 

Au loin, je le vois, coule une rivière. Son eau cristalline vient se jeter dans l’océan. Elle charrie avec elle, ses poisons qui après avoir pollué nos rivières finissent dans la mer et les océans où ils polluent ce qui reste. Que sera le monde demain ? Je l’ignore ! Mais je sais ce que moi, je ne serai plus. Je ne serais plus jamais au service ou aux ordres de qui que ce soit.

 

Je ne suis plus qu’un arc en ciel, l’horizon est mon royaume, la Terre l’écrin où j’étincelle.

 

Maridan 27/11/2013

 



27/11/2013
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