Maridan-Gyres

Maridan-Gyres

la ronde de mots de Sophie

Piège -Nuage - Odeur - Maison - Fleur - Dévastation - Rendez-vous - Douleur- Choucroute- Cassoulet- Musique.

 

Il était 16h et une fois de plus maman m’avait piégée en prétextant un vilain gros nuage noir à l’horizon et la pluie annoncée pour me garder une soirée de plus à ses côtés…La solitude lui pesait ce que je pouvais fort bien comprendre et je dois reconnaître que rester un peu plus longtemps avec elle n’était pas une corvée. Outre son regard tendre et son sourire coquin, j’aimais rester là haut, l’odeur de pin, la maison simple mais coquette, les parterres de fleurs toujours entretenus….tout un univers !!!

Des souvenirs, des rires, de l’amour à revendre, des cris et des jeux et puis la maladie de mon père, la dévastation dans le cœur de ma mère après qu’il nous ait quitté, cette profonde déchirure que le temps ne semble pas cicatriser…. L’union de 2 êtres pendant 57 années, tous ces moments d’amour, l’après guerre, le bonheur de vivre, les rendez vous galants avant le vrai mariage, la douleur terrible de la perte d’un enfant, tous ces repas à deux mais aussi en famille, ces soirées partagées devant l’âtre, bien serrés en écoutant le vent souffler dans les sapins, la neige qui nous bloquait, qu’il fallait déblayer au matin avant de partir avec la vieille voiture sur les routes glissantes pour rejoindre l’école….Le rire de mon père, la bière qui restait collée dans sa moustache, après une bonne choucroute ou un bon cassoulet, ses repas favoris….et puis sa grosse voix rocailleuse, si proche de cette nature rude, sauvage mais pourtant si attachante, cette voix qui nous terrifiait quand il était en colère mais qu’on aimait tant, qui nous emplissait d’amour quand il nous appelait « mon lapin ».

Maman se sentait seule sans lui, comment pouvait il en être autrement !!!,c’était comme le jour et la nuit, comme la fleur et l’eau, le sel et l’océan, l’un ne va pas sans l’autre, l’un n’existe pas sans l’autre, il a empli sa vie toutes ces longues années, « mon chou » comme il l’appelait, deux êtres qui s’aiment autant devraient partir ensemble, la vie est bien mal faite.

 Certes nous serions orphelins, mais, même pour nous, il est impensable et impossible d’imaginer l’un sans l’autre… Alors très chère maman, je suis heureuse que tu ais trouvé une excuse pour passer encore une belle soirée à tes côtés, le CD de jazz que je t’ai apporté, on va l’entendre encore, cette musique chaude qui a bercé mon enfance et que tu chéris tant….les étoiles par milliers empliront la voie céleste après la pluie et l’herbe mouillée ajoutera son parfum à celui des pins…Et pour un soir de plus je te tiendrai la main pour que tu te sentes moins seule….et c’est vraiment le moins que je puisse faire pour adoucir ta peine…

 

Sophie 16/09/2013



16/09/2013
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