Maridan-Gyres

Maridan-Gyres

Suite et pas encore fin de l'historie féerique de Gabriela

Atelier du 16 avril 2014

Histoire : suite de la Féerie

Contraintes :

- choix du narrateur : omniscient

- 3 personnages

- lieu : L’Opéra de Paris

- époque : début du 20ème siècle

- événement : l'étoile du spectacle vient de se casser la jambe

- définir la situation initiale

- présentation des personnages

- où + quand

- les péripéties

- situation finale : trouver une/plusieurs fins en rapport avec ces péripéties

- amis : le pianiste qui les accompagne

- ennemis : un bossu

- point d'orgue


 

 Début de l'histoire : https://www.les-mots-de-montpellier.com/atelier-du-9042014

 

- Ah ! Tout est résolu alors ! Allons-y !

 

Le Père Jeannot se gratte la tête encore une fois.

 

- Je voudrais bien, Madame, mais je dois aller aux Halles, moi. Regardez toute la marchandise que j'ai là. Il montre sa camionnette. Les salades vont se faner. Et les boutons de rose commencent déjà à s'ouvrir. Je vous ai amenée en ville. Maintenant il vous faut vous débrouiller toute seule.

 

Hortensia le regarde s'éloigner. « Bon. J'y vais. »

Image du Blog kinou1970.centerblog.net 

Les pans de mousseline de sa robe balayent le macadam sale. Elle se dirige vers la boutique noire, rehaussée de filets jaunes, au-dessus de laquelle le mot Bijoutier brille en lettres d'or. Une voix doucereuse l'accueillit :

- Que puis-je pour votre service, chère Madame ?

 

Sur le seuil de la boutique, un petit être noueux, tortueux, bossu devant et derrière, le crâne chauve et ridé, les yeux perçants, empaqueté comme une truite fumée dans un complet noir très usé, tient son chapeau contre sa poitrine en faisant force courbettes. Cependant, il ne quitte pas des yeux les longs colliers de perles que porte Hortensia.

 

L'affaire est vite réglée. La jeune fée sort de la boutique sans ses colliers, mais avec une bourse pleine de billets. Toute contente, elle s'assoit à une table, sur la terrasse du restaurant le plus proche, et commande tout ce dont elle a envie : crevettes, escargots, truffes, blanc-manger, mousse au chocolat …

- À qui appartient ce beau palais, demande-t-elle au serveur ?

- Mais... Madame, c'est l'Opéra !

- Opéra ?

- Oui, là où il y a des spectacles : danse, musique et tout. Justement, ce soir c'est la belle Marlène qui danse.

- Ah ! J'adore la danse ! J'irai la voir ce soir.

 

Peut-être ira-t-elle, mais pas ce soir. Car le soir de ce jour merveilleux Hortensia va le passer... en prison.

 

Le billet qu'elle donne au serveur s'avère faux. Les autres également. Un vrai cauchemar : le patron qui crie, Hortensia qui pleure et ne comprend rien, le commissaire qui arrive avec plusieurs hommes, qui s'emparent d'elle et l'enferment dans une cellule sombre, avec une dizaine de traînées et voleuses de la pire espèce.

 

La nuit passe lentement, plus longue qu'un hiver sans feu. Assise à même le plancher, dans un coin, sa robe en soie toute sale, Hortensia ne peut savoir que le soleil s'est levé depuis déjà un moment. Il n'y a pas de soleil ici, seulement le froid qui engourdit ses membres.

« Que fais-je ici ? Est-ce vraiment à moi que tout cela arrive ? » Elle voit la Forêt des Lilas, ses sœurs en train de faire leurs exercices, nues et belles sur le tapis d'herbes tendres, enveloppées des parfums que l'aube fait jaillir...

 

Un bruit de voix la tire de sa rêverie.

- Mais qu'est-ce que tu veux que j'y fasse, moi ?! C'est pas mon métier de te trouver quelqu'un !

- Si ! Si ! Tu peux ! Va voir parmi tes pensionnaires. Il doit y en avoir une plus jolie et plus proprette, qui sache un peu danser. Olivia prendra la place de Marlène, qui s'est cassé la jambe. Ah ! C'était bien le moment ! Et ta pensionnaire complétera le nombre des autres.

- Mais tu n'as pas toute ta tête ! Il ne suffit pas que j'aie un père ivrogne et une mère qui écrit des romans de science-fiction. Il faut en plus que j'aie un abruti de frère pianiste, qui me casse la tête avec ses soucis !

- Mais Robert, je t'en supplie ! Essaie au moins ! Demande-leur ! Si cette fois-ci aussi tu me laisses tomber...

- Bon, ça va, ça va. Viens ! Tu la choisiras toi-même.

 

C'est ainsi que Hortensia sort de prison et monte sur la scène de l'Opéra, où sa grâce et sa beauté vont faire époque.

 

Les jours passent, les semaines, les mois … qui acquièrent pour elle la couleur de l'or. Tout va bien, de mieux en mieux. Vraiment ?

 

Au sommet de son succès de grande étoile, riche et admirée, Hortensia cache une tristesse, un manque, un vide au plus secret de son cœur.

 

Gabriela 16/04/2014



26/09/2014
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