Maridan-Gyres

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Travaux d'été depuis une illustration d'Aquarella

Florina la vaniteuse

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Il était une fois… Il y a bien longtemps, à l’époque d’avant la venue des hommes sur terre. Là, tout était calme, volupté. Les animaux, végétaux vivaient relativement en paix. C’était aussi le temps des Dieux. Ils étaient nombreux et régnaient sur ce monde féérique. En fait, ils remplaçaient les hommes… et en avaient les qualités et les défauts : curiosité, sens de l’amitié, mais aussi capacité de nuisance. Ils s’amusaient à manipuler les animaux, les végétaux… en attendant de manipuler les hommes, ce qui serait beaucoup plus amusant.

 

Donc dans ce monde presque parfait, les animaux menaient une vie agréable s’ils parvenaient à se faire oublier des Dieux capricieux.

 

C’est ainsi qu’au plus profond d’un grand bois, à l’abri des regards, dans une clairière inondée de soleil, des animaux, herbivores, avaient installés un lieu propice à la fête.

On se retrouvait sur un espace d’herbe douce aplatie par les nombreuses pattes des danseurs. Ils étaient pris par l’atmosphère de paix, les arbres indulgents qui se penchaient sur eux…

 

C’était comme une douce folie qui s’emparait des gais danseurs. On sautait, on tournait, on se balançait, on se poursuivait. Ce n’étaient que rires, chants. Les oiseaux musiciens étaient chargés eux de l’accompagnement musical. Inutile de préciser que ce lieu de rencontre était propice aussi à de belles histoires d’amour. On voyait des couples se former dans la joie. On s’offrait de petits présents. Des oiseaux bleus apportaient des fleurs à leurs compagnes ravies. C’était comme un feu d’artifice dans le ciel.

 

Parmi les danseurs, on ne pouvait que remarquer Florina, la jolie lapine. Hélas ! Sa beauté lui était montée à la tête. Florina était coquette. Elle passait des heures à se contempler dans le reflet de l’eau des étangs. Elle se désolait, et trouvait son portrait grossier, trop fugace : la chute d’une feuille suffisait à le troubler, un frémissement de l’eau. Florina soupirait et allait cependant se parer : fleurs en couronne, perles, offertes par des huitres, en collier, bracelet, bague.

 

Pourtant cela ne la satisfaisait pas. Florina ne se trouvait pas à son goût. Elle imaginait des ornements autrement précieux : ceux qui accompagnaient la beauté des Dieux. Et elle rêvait… Ah ! Recouvrir son joli petit corps velu de ces tissus chatoyants qui cachaient la nudité des déesses. Mais c’était impossible. Les Dieux jaloux gardaient tous les tissus pour eux seuls. C’était une façon de rappelait aux animaux qu’ils n’étaient que des bêtes.

 

Florina donc soupirait et montrait souvent un minois triste à son fiancé Hector. La jolie Florina s’était laissé séduire par un jeune et joli lapin. Le plus fort, le plus beau. En fait, le fils du roi des lapins. Seul un prince était digne de Florina. Elle avait de la chance, car le prince Hector était parfait, digne d’être aimé. Sa patience et son amour sincère et indulgent, pour elle, Florina, l’avait séduite. Mais elle ne pouvait s’empêcher de se montrer capricieuse. En fait, elle le menait par le bout du nez.

 

Un jour que Florina arborait son joli visage chagriné, Hector, en la serrant entre ses pattes lui demanda ce qu’il pouvait faire pour elle. Le malheureux ! Florina alors lui fit une demande qu’il connaissait bien.

 

-          Je suis laide, ainsi toute nue ! Ô Hector, si tu m’aimes vraiment, va auprès des Dieux et apporte-moi de ces jolies choses chatoyantes dont ils cachent leurs corps. Et puis, ce soir, lors du grand bal, ne doit-on pas célébrer notre union ? Aux yeux de tous ? Tous nous regarderons !

 

Hector hésitait : l’entreprise était périlleuse. Les Dieux se montraient imprévisibles. Eux seuls étaient vêtus. Le vêtement était ce qui les différenciait des animaux… quelle serait leur réaction face à cette provocation ? Comment serait-il reçu ? Mais Florina éclata en sanglots. Alors l’amoureux le cœur gros, se décida à agir. N’était-ce pas la plus belle preuve d’amour à donner au moment de s’unir pour la vie ? Hector parvint sans trop de difficulté à l’endroit où vivaient les Dieux. Bien trop facilement d’ailleurs. Le gentil amoureux ne se posa pas de questions. Il était trop préoccupé pour voir le piège dans lequel il tombait.

 

Les Dieux puissants connaissaient, bien sûr, Florina et s’amusaient de sa coquetterie. Ses souffrances vaniteuses ne les touchaient pas. Au contraire ! Ils se scandalisaient des prétentions de Florina ! Quoi ! Cette stupide bestiole velue osait vouloir se vêtir comme une déesse ! C’est ce qu’on allait voir.

 

Hector se faufila dans une grande pièce richement décorée. Une armoire dont la porte baillait, offrait aux yeux une multitude de tissu, et même de toilettes complètes de toute taille.

Il choisit rapidement un petit ensemble qui semblait fait sur mesure par Florina : jupe moirée froufroutante avec des rubans multicolores, tablier rouge et or à pompons, traine azurée… et des galons assortis pour la tête. Vite, Hector s’empara de la toilette, pensant ne pas avoir été vu, se félicitant de son habileté. Il revint rapidement à la clairière.

 

Le soir, on prépara le grand bal en l’honneur des deux amoureux. Il y avait foule. Florina resta bouche bée devant le costume rapporté par Hector. Elle se jeta contre lui, éperdue de joie, de reconnaissance et d’amour. Oui, elle était sûre de ses sentiments. Elle s’habilla avec soin. Elle était éblouissante avec cette parure qui semblait faite sur mesure.

 

Lorsqu’elle parut, il y eut un grand silence, puis des chuchotis. Les visages se fermèrent. Tous avaient reconnu les tissus, attributs des Dieux. Et tous eurent une crainte dans leur cœur. Cependant la fête commença. Les oiseaux chantèrent. Le jeune couple fut le premier à se jeter sur l’herbe en sautant tourbillonnant… et on oublia la peur. Bientôt tous se mêlèrent dans une folle farandole. On dansa toute la nuit. Les deux amoureux, héros de la fête étaient tout l’un contre l’autre, plongés dans leur amour sans nuage.

 

Pourtant, au fil des heures, Florina sentait un changement. Hector lui semblait différent, plus grand, plus fort… Etait-ce possible ? Ses bras étaient plus longs… et elle croyait sentir dans son dos une patte griffue. Hector ne parlait pas. Il se contentait de la faire virevolter, jouissant des éclats de rire de sa belle. Enfin la nuit s’écoula et le point du jour éclairant l’Est… Les visages peu à peu émergèrent de l’obscurité. Florina, toujours serrée contre Hector, se détacha de lui, levant les yeux sur le visage aimé.

 

Son cri de terreur fit sursauter les danseurs. Florina s’était séparée d’Hector, les pattes flageolantes. Elle se serrait contre le tronc du grand chêne qui ombrageait la clairière, les yeux exorbités.

 

Hector, n’était plus Hector ! Un grand chat sauvage lui faisait face, et la contemplait les yeux pleins de désespoir. Les Dieux jaloux et offensés s’étaient vengés du vol et de la prétention insupportable de Florina. Ils avaient détruit leur bonheur. Au moment où Florina était enfin sûre de son amour pour Hector, et avait vu la réalisation de son rêve le plus cher, les Dieux avaient fait ensorte  de les séparer pour toujours.

 

Hector était condamné à être un chat redoutable… chasseur de lapins !

La coquette avait été sévèrement punie. Telle était la loi. On ne se moquait pas des Dieux.

Le péché d’orgueil est toujours réprimandé !

 

Illustration magique d'Aquarella :

http://aqua-reve-francoise.blog4ever.com/petit-peuple-animal

Je vous invite à découvrir son univers.



15/08/2014
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