Maridan-Gyres

Maridan-Gyres

1er texte - L'amour toujours

Ce matin-là, Cunégonde s’était levée fatiguée. Pas envie de voir qui que ce soit ce matin ! Le bon gros Rodolf était couché sur son lit et ses ronflements sonores l’avaient tiré de l’affreux cauchemar où elle se débattait contre l’horrible voisin du château d’en face. Hier, son père lui avait dit que dans quelques années, il comptait la marier à ce gros fat afin d’agrandir son domaine. Il faut dire que le vilain avait promis en dot, la moitié de ses fermages qui jouxtaient la propriété paternelle. Le domaine ainsi unifié deviendrait l’un des plus puissants du royaume de France.

 

Mais elle, à sept ans, elle avait d’autres rêves que le mariage avec l’horrible bonhomme. Et notamment, son petit camarade de jeu, le gentil Louis, fils de la cuisinière du château. Celui-là avait dix ans et il la faisait autrement rêver ! Demain, ils partaient tous pour Paris, où son père devait être anobli par le roi. Il avait décidé de donner à son père la baronnie du lac d’Enghien. Il faut dire que pour cela son père avait fait couler des flots de ducats d’or dans les poches royales.

 

Son père était un puissant alchimiste, et tous à la cour rêvaient de lui voler ses secrets. Mais grâce à Louis, Cunégonde savait à présent, d’où venaient ces incroyables richesses. Le petit Louis qui s’était un soir endormi dans la charrette de foin s’était réveillé au milieu d’une salle obscure où brûlait un grand feu. Il n’avait pas reconnu l’endroit. Soudain, il avait vu le père de Cunégonde, monter dans une drôle de machine. Cette machine soufflait des flammes comme la gueule d’un dragon, lui avait dit Louis. C’est pourquoi, le père avait besoin de beaucoup de bois et de foin afin d’alimenter le feu.

 

Louis s’était caché au fond de la charrette et Dieu merci, il n’avait pas été découvert. Quand les deux gardes étaient sortis, il s’était avancé vers la machine. Elle était assez simple d'utilisation. Il y avait là un gros bouton avec des chiffres autour. Grâce à Cunégonde, Louis avait appris à lire et à écrire. Il n’eut aucun mal à déchiffrer ces chiffres. C’était des dates. Puis, il trouva sur le bureau un grand cahier, plein de dessins et de pages noircies par l’écriture du maître. Ce qu’il lut le laissa pantois !

 

Monsieur le conte voyageait dans le temps. Il n’était pas alchimiste, il ramenait de l’or du futur ! Le but de ces incessants voyages était de trouver la pierre philosophale, celle qui lui permettrait de faire de l’or sans ne plus avoir à se déplacer.

 

Petit Louis pensait que s’il arrivait à prendre la pierre avant le père de Cunégonde, il n’y aurait plus de mariage possible, puisque c’est lui qui serait riche. Alors, il lut tout ce qu’il put et ressortit à l’air libre. Il espérait empêcher le départ de Cunégonde pour Paris où elle devait devenir l’une des favorites de la reine avant son mariage. Il courut trouver Cunégonde, lui raconta tout, et lui fit la promesse d’empêcher cet horrible mariage. En attendant, elle devrait obéir à son père. De retour, dans la pièce obscure, il s’empara du cahier, et monta dans la machine, il repéra la date inscrite sur le tableau de bord : 2014. Il actionna le levier, et soudain, il se sentit aspiré dans un tourbillon infernal.

 

*****

Cunégonde vient de fêter ses dix-huit ans. Son mariage est prévu pour la semaine prochaine. Elle ne cesse de pleurer. Elle a supplié la reine, sa mère, son père et même le roi, mais rien n’y a fait. Le Duc de Valendière est bien trop riche pour que le roi se le mette à dos. Les noces auront bien lieu. Rodolf son vieil ami, qui depuis quelque temps a du mal à se traîner, vient vers elle en remuant la queue. Elle sent qu’il veut qu’elle le suive. Obéissant à son vieil ami, elle va lentement derrière lui, les yeux inondés de larmes. Rodolf se met à aboyer joyeusement, il saute sur un jeune noble à la belle allure.

 

  • Bonjour demoiselle Cunégonde, je souhaite voir le roi. Pouvez-vous m’introduire auprès de lui ?
  • Avec plaisir ! Qui dois-je annoncer ?
  • Louis de Melfeuille.
  • Louis ! Ses yeux se noient à nouveau. Vous portez le prénom d’un ami très cher, trop tôt disparu.
  • Ah oui ! Qu’est-il arrivé à votre ami ?
  • Il était parti chercher mon salut, mais il s’est perdu en route.
  • J’en suis navré. Pouvez-vous me conduire au monarque ?
  • Bien sûr ! Pardonnez-moi !
  • Vous êtes tout excusée, Mademoiselle.

 

Cunégonde passe devant le jeune noble et le conduit vers les appartements royaux.

 

  • Patientez ici ! Je reviens.

 

Quelques minutes plus tard, le roi et la reine apparaissent.

 

  • Mon cher Louis, vous voici de retour. Alors quelles nouvelles ?
  • Majesté, je vous apporte des coffres remplis d’or et de joyaux de toutes sortes, mais bien plus encore, pour l’avenir.
  • Comment vous remercier, cher enfant ?
  • En m’offrant la main de la charmante jeune fille qui vient de me conduire jusqu’à vous.
  • Hélas ! Jeune ami, c’est impossible ! Elle est promise à un des notables de cette ville.
  • Certes, mais est-il plus riche que moi ? a-t-il fait plus pour votre couronne que moi ? Est-il aussi bien assorti à cette demoiselle que moi
  • À toutes ces questions, mon jeune ami, je vous répondrai non, lui dit le roi. Mais que faire quand ma parole est engagée ?
  • Demandez-lui s’il renoncerait à ces noces contre quelques richesses de ma part et dites-lui bien que son prix sera le mien. Je connais peu d’hommes capables de résister à un tel marché. Le roi sourit à ses mots.
  • Nous allons nous renseigner. Restez avec notre douce Cunégonde jusque-là, mais vous comprendrez qu’un chaperon soit nécessaire !
  • Bien sûr, merci vos Majestés ! Le roi et la reine s’éloignent.
  • Comment vous remercier Monsieur ?
  • Voyons ma douce Cunégonde, tu m’as donc si vite oublié !
  • Louis ! C’est bien toi !
  • Oui, ma douce ! Il m’a fallu de longues années pour découvrir d’où ton père tirait ses richesses et puis, il m’a fallu apprendre a utiliser la pierre philosophale que j'ai enfin découverte. Et quand ma richesse a été faite, j'ai dû séduire nos monarques, les appâter avec leur goût immodéré pour l’or. Quand, je les ai enfin sentis mûrs pour m’accorder tout ce que je désirais, je suis revenu. Nous allons-y arriver crois-moi!
  • Oh, mon cher Louis, que d’années sombres j’ai traversées ! Seul mon tendre Rodolf me comprenait. J’aurais dû comprendre lorsque je l’ai retrouvé si joyeux ce matin que ce ne pouvait être que toi qui était à l’origine du retour de cette flamme dans ses yeux.
  • Allez ma douce ! Croisons les doigts ! Notre bon roi ne devrait pas tarder, ton voisin est dans les murs du château, je l’ai croisé en arrivant. Les deux jeunes gens partent marcher dans le parc, où peu de temps après la reine les rejoint.
  • Allez jeunes amis ! L’affaire est faite. Le Duc accepte de renoncer au mariage contre la restitution de ses terres et l’achat d’un château aussi beau que celui de votre père dame Cunégonde.
  • Mon dieu, mais il est fou !
  • Laisse ma douce, ce n’est pas un problème. Je demanderai à mon fidèle Samuel de lui porter l’or nécessaire. Venez Majesté, il nous faut organiser à présent un beau mariage.

 

Maridan 19/02/2014



11/03/2023
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