Maridan-Gyres

Maridan-Gyres

Atelier 13 - 2020 - sujet 1

 

Marguerite avait découvert le corps ce matin, en entrant dans la cuisine pour se faire un café. 

L’homme gisait sur le sol, allongé sur le dos, la tête sous la table et les pieds devant le four.

Elle avait d’abord eu très peur, s’était enfuie en courant hors de la maison dans le jardin. Puis, entrevoyant par la baie vitrée de la cuisine qu’il ne bougeait pas, elle avait décidé de retourner voir.

 

Qui était cet inconnu, mort dans sa cuisine ce matin ? Et d’abord, était-il réellement mort ? Elle s’approcha lentement pour vérifier s’il respirait. Non, aucun souffle ne soulevait la poitrine.

Comment était-il arrivé là ? Depuis qu’elle devait vivre seule, suite à la perte de son cher Georges, elle fermait toujours scrupuleusement toutes les portes et fenêtres de sa maison, le soir avant d’aller au lit. Comment un inconnu avait-il pu entrer ? Et dans l’immédiat, que fallait-il en faire ?

Comment s’en débarrasser ? Elle ne pouvait pas le laisser là, encombrant en travers de sa cuisine, mais alors, où le mettre ?

 

Après réflexion, elle trancha : Il fallait que personne ne sache, surtout pas sa fille, qui allait arriver dans un moment pour la petite visite dominicale qu’elle faisait à sa mère depuis la mort de son père.

Marguerite n’aimait pas ces visites de sa fille, qui furetait dans son frigo,

 

« Maman, ton jambon est périmé depuis 4 jours ! » Posait sans arrêt des questions idiotes « Maman, quel jour sommes-nous aujourd’hui ? », déplaçait sans arrêt ses affaires.

« Maman, j’ai retrouvé ton foulard dans les toilettes, je l’ai rangé dans le placard».

 

Alors vite, elle retira sa chemise de nuit, se rhabilla avec sa plus jolie robe sur laquelle elle referma chaque bouton de sa blouse, piocha un élastique dans le tiroir de la vieille commode et attacha ses cheveux en un chignon rapide.

 

Revenue dans la cuisine, elle tira le corps par les pieds jusque dans le cellier attenant à la cuisine, le poussa derrière le rideau qui masquait les étagères supportant les boites de conserves, et autres bocaux de cerises à l’eau-de-vie qu’elle et Georges avaient confectionnés ensemble, dénoyautant chaque cerise sur la table de la cuisine, en évoquant les vieux souvenirs …Personne ne pourrait deviner que ce Monsieur Hoquet était là.

Il était temps…

 

Sa fille ouvrait la porte d’entrée , elle avait ses propres clés. Dans le couloir, retirant son manteau, elle renifla :

« Maman, tu n’aurais pas oublié d’éteindre la cafetière par hasard ? Il y a une drôle d’odeur…. »

 

Pénétrant dans la cuisine, elle demanda à sa mère :

 

« Alors comment s’est passée la visite de l’agent immobilier hier ? »

 

Shunt

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20/10/2020
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