Maridan-Gyres

CHLOE

Au bout du  ponton de bois grisé par le temps, l’enfant est là.
Assise confortablement,  assurée par sa main posée sur la planche rugueuse, son regard est posé au loin.
Son port altier laisse deviner une grande prestance, dans un si petit enfant !
Sa main droite tient avec détermination un sceptre magique destiné à rendre le monde meilleur.
La spirale dont il est orné lance sans doute ses rayons  bienfaiteurs à la faune aquatique vivant dans les eaux vertes où les arbres se réfléchissent.
De temps en temps, on entend « clop » C’est un poisson déluré qui vient de happer un insecte aquatique batifolant à la surface de l’eau. S’ensuit un dessin fuyant de cercles concentriques qui meurent lentement, sans bruit, hypnotisant le regard de l’enfant.

Quelques grenouilles coassent troublant le silence de cette fin d’après-midi.
Dans le rideau d’arbres, les oiseaux ont regagné leurs nids où les oisillons affamés attendent la dernière becquée de la journée.
Malgré la douceur de l’air, le ciel présente un dégradé de gris, du gris doux au gris triste,
un véritable camaïeu digne du tableau Les ménines de Picasso.
Le doux clapotis de la bonde tout là-bas, en face,  berce l’air tiède qui emplit l’atmosphère.
Ridée de multitude de vaguelettes frémissantes, la surface de l’eau   doit ressentir le pouvoir dégagé par l’enfant aux cheveux longs et la détermination de son avenir.
Les arbres qui masquent l’horizon dévoilent  çà et là, entre les futaies,  les traces ténues des contreforts des Pyrénées.

Une libellule au corps bleu métallique vient troubler un instant la méditation de l’enfant qui, soudain, se retourne  et croque avec gourmandise la friandise offerte par son papa,


puis  nous offre son plus beau sourire.

Shunt 10.09.2021.