Atelier 15 - 2024 - Sujet 1
La nuit est sombre, balayée par un vent d’Est cinglant. Je cours depuis des heures et mon corps me lâche, je puise mes dernières forces au fond de mes entrailles.
La course est presque terminée, je suis tétanisée par la fatigue et le froid.
La foule s’amasse sur les Champs-Elysées, je vois grandir l’Arc de Triomphe, je sais que mon but est désormais à portée de main. À ce stade, seul mon mental m’aide à tenir, un pas, puis un autre et encore quelques mètres. J’aime me réciter les départements pour éviter de penser aux douleurs lancinantes que mon corps m’envoie, ça me renvoie à mon enfance, à nos départs en vacances lorsque nous repérions les plaques d’immatriculation sur la Nationale 7. La ligne d’arrivée atteinte, je lâcherai prise et m’écroulerai dans les bras rassurants de Loïc, mon plus grand supporter, l’homme de ma vie. Nous nous sommes rencontrés, il y a quelques années lors du marathon de New-York. Il couvrait l’événement pour son journal et nous étions dans le même hôtel. Difficile de le louper, grand, brun, des yeux bleus. J’étais lessivée et ne rêvais que d’une bonne douche et de mon lit mais j’ai promis de le rejoindre pour prendre un verre, une fois ma toilette terminée.
Il semblait subjugué par mes performances, par mon mental de fer. J’étais épuisée ce soir-là mais sa présence me rassérénait et nous avons traîné jusqu’à la fermeture du bar, à discuter de tout et de rien, comme si nous nous connaissions depuis des lustres. Nous étions sur le même vol le lendemain et nous ne nous sommes plus quittés !
Dans les mois qui ont suivi, il m’a vue progresser régulièrement et m’a aidée à préparer celui de Paris. Ses encouragements et ses explications m’ont permis d’aller plus loin, de poursuivre ces aventures mémorables aux quatre coins de la planète.
Pour l’heure, je continue à subir des élancements dans tout mon corps que je tente d’ignorer, je poursuis ce combat acharné contre moi-même, et finalement prête à craquer, j’aperçois Loïc. J’ai réussi !!! Je suis dans le peloton de tête, acclamée par la foule en délire. Je m’écroule sur l’asphalte. Les soigneurs accourent et m’allongent sur une civière, ils m’emportent dans une salle dédiée aux soins.
Je suis entourée par mes proches, je peux enfin lâcher prise !
Adelinade
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