Maridan-Gyres

Liberté chérie 

Toute sa vie, elle avait rêvé de s’émanciper des chaînes qui l'entravaient. Face à l'immense solitude où l'avaient conduite ses choix, elle retrouvait enfin son identité. Celle d'une femme libre  !

Oubliées les magdelonnettes et le joug pernicieux  des religieuses aigries qui avaient mis en place des règles impossibles à suivre. Oubliées aussi les mains baladeuses des pères pédophiles.

Pour elle nulle réparation n'était possible, comme pour un grand nombre de mômes  parqués dans ses établissements  privés qui a défaut de les éduquer, permettaient aux parents  dédaigneux et sans cœur de se débarrasser  de leurs progénitures en attendant qu’elles volent de leurs propres ailes.

Pour ses rares amis, son habitude  à s'isoler  dénotait un mal-être  et ils essayaient à tour de rôle de lui remonter le moral. Elle ne disait jamais non, mais dès qu'ils se retiraient, elle chaussait ses baskets, prenait son camel black et partait marcher dans le bois situé derrière chez elle.

Elle pouvait se promener des heures en suivant les abattures  que les cerfs laissaient après leurs passages.

Quelquefois elle arrivait au petit lac où ils aimaient s'abreuver et les apercevait avec les faons et les biches.

Ces moments là  étaient des instants bénis pour elle. Elle avait soudain l'impression de  faire partie intégrante de l'univers. D'appartenir à leur famille, mais aussi à ce bois où elle retrouvait du goût pour continuer à vivre dans ce monde devenu  fou.

Illustration :   Enfant jouant au ballon d'André Kertész

De retour chez elle, neuf fois sur dix, le petit sacripant de la maison voisine envoyait son Ballon dans ses volets, lui rappelant que non… Elle n’était pas seule !  

Maridan 29/07/2019