Maridan-Gyres

UN JOUR SANS LENDEMAIN 

Tout doucement les bruits s’éloignent. Je me sens apaisée. Au cours d’une visite à l’hôpital, une amie m’avait demandé :

• Es-tu curieuse de savoir ce que l’on dirait de toi le jour de tes funérailles ?
• Non. Au contraire, j’avais une autre idée. Serais-tu d’accord pour lire ma lettre le moment venu ?
• Je ne peux rien te refuser. Je te promets d’en faire la lecture pour toi.

J’ai toujours pensé que certains se croyaient obligés de dire quelques mots ce jour-là, mais le pensent-ils vraiment ? D’autres, par gentillesse témoignent reconnaitre des qualités exceptionnelles au défunt(e). Ne dit-on pas « il (elle) était sympa, je l’aimais bien, il (elle) va tellement me manquer ». Je ne veux pas de ces pensées. Aussi, j’ai confié à mon amie ma lettre et c’est par sa voix qu’aujourd’hui je m’adresse à eux.

" Bonjour et un grand merci de m’accompagner pour le grand saut dans l’inconnu. Je n’ai pas peur. Pour moi, la mort n’est pas une fin en soi. Notre enveloppe se désagrège mais notre esprit reste gravé dans les coeurs de ceux qui nous aiment. Ne soyez pas trop tristes. Pensez à tous ces moments merveilleux que nous avons passés ensemble. Nos après-midi belote, nos fous rires lors de nos voyages, la chaleur de nos repas de Noël et du Jour de l’An, nos complicités durant nos soirées dansantes et surtout, surtout à toutes ces amitiés que nous nous sommes créées. Comme tout à chacun, j’ai mes qualités et mes défauts. Néanmoins, je ne peux vous quitter sans vous demander pardon, parce que par rancune, j’ai pu vous blesser quelquefois. Jeudi prochain, vous allez fêter le Beaujolais tous ensemble au cours d’un repas. Je ne serai pas avec vous,, mais si vous le voulez bien, levez vos verres à la mémoire de tous nos souvenirs. Maintenant, le moment est venu de vous dire au revoir, mais pas adieu. Nous nous retrouverons, peut-être un jour. Merci à toi, mon amie...

Un murmure lointain, une clarté magique, je glisse doucement vers l’infini.

Brigitte