Maridan-Gyres

Maridan-Gyres

Atelier 5 - 2021 - sujet 2

a5.png

 

Aujourd’hui, c’est décidé, je vais dans cette enseigne suédoise acheter un meuble à chaussures. J’en ai assez du désordre dans ce placard !

Voilà, je l’ai trouvé en pin, style design, fonctionnel et pas cher. Son montage occupe toute ma soirée. Je l’installe dans le couloir, je range avec soin mes souliers et je vais me coucher.

Le lendemain je me lève… j’entends une voix ! Elle provient du hall d’entrée, je m’approche du meuble acheté la veille, les portes sont ouvertes. Les sabots blancs me parlent, puis les escarpins, les mocassins, les sandales et les chaussons vont m’interpeller.

 

« Bonjour, te souviens-tu de nous quand tu partais travailler le matin à 6 heures ? Dans le vestiaire,  à l’hôpital, tu mettais ta blouse et tu te chaussais. Nous t’avons accompagnée dans les couloirs et dans les chambres. Les toilettes, les pansements, les traitements nous connaissons. Les confessions de tes patients, le réconfort que tu leur donnais nous ont marqués. Le soir tu rentrais chez toi, les pieds tout gonflés mais satisfaite de ta journée. Ton métier, tu l’aimais ! A présent tu es retraitée, nous sommes au repos sauf quand tu décides de jardiner. »

 

« Nous t’avons fait beaucoup souffrir pendant les soirées et les cérémonies, nous les escarpins en daim. Beaux, élégants avec nos talons aiguille ils affinaient ta silhouette. Tu voulais être coquette ! Tu n’étais pas habituée, c’est aux urgences que tu t’es retrouvée avec une entorse, la dernière fois que tu nous as portés. Depuis nous sommes abandonnés et ingrate, sur un site internet, tu nous as mis en vente ! »

 

« Nous partageons ton quotidien, confortables et pratiques, tu nous aimes bien, nous les mocassins vernis noir.  Cet Automne, tu nous as emportés chez Madeleine ton amie parisienne. Les quais de Seine, le Louvre, le musée d’Orsay, les Champs Elysées, la capitale n’a plus de secret. Nous avons surtout partagé la joie de ton amitié fidèle et sincère qui dure depuis des années. »

 a5s2.png

« Nous les sandales rouges, symbole de l’été et de la liberté, tu nous as achetées en Espagne dans cette boutique à Alicante. Nous sommes écologiques, véganes, fabriquées avec du matériel recyclé (peau d’ananas, fibres de coton pneu…)  Une des solutions peut-être pour sauver notre planète en danger.

Les balades dans les ruelles étroites, les maisons blanches décorées de bougainvilliers, la visite du château de Santa Barbara nous ont ravies. Tu nous as quittées pour marcher sur cette plage au sable doré. Le soir nous avons dansé puis tu as mangé dans cette auberge des tapas et bu un peu trop de sangria… »

 

« Nous sommes tes préférés, tes chaussons en laine fourrés. Tu rentres le soir et tu y glisses tes pieds avec délice. Confortables et douillets, tu penses souvent à nous quand tu es loin et fatiguée. »

 

Soudain d’une seule voix en chœur les chaussures ont protesté :

 

« Tu devrais prendre soin de nous et mieux nous traiter ! Quand tu étais enfant, tes parents nettoyaient,  brossaient et même ciraient leurs souliers !

A présent nous sommes jetés et vite remplacés victimes de la surconsommation.

Pourtant, n’oublie pas, nous portons tes empreintes,  nous sommes ton identité. »

 

Les portes du meuble se referment, le silence revient.

Que s’est-il passé ? Je reviens à la réalité, je vais préparer mon café.

Mon imagination me joue des tours, mais c’est si bon de s’évader !

 

Anna



11/04/2021
7 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Inscrivez-vous au site

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 482 autres membres