Atelier 5 - 2024 - Sujet 3
Photo : Lee Jeffries
Soudain, je suis réveillé par le froid et l’humidité, j’ai mal partout.
J’ouvre les yeux, je suis allongé sur un banc, dans un jardin public, recouvert d’un carton.
Mes vêtements, un pantalon large retenu par un bout de ficelle, un pull bleu marine, une vieille veste à carreau sans boutons, un long manteau marron élimé, une paire de chaussures trouée : sont poisseux. Une mauvaise odeur me parvient aux narines, je réalise que j’en suis à l’origine. J’ai la nausée, la tête sur le point d’éclater.
À mes pieds un sac plastique éventré d’où émergent une bouteille de vin vide ainsi qu’un reste de casse-croûte au fromage.
Je me redresse, m’assied, réajuste mes vêtements. J’ai une barbe de plusieurs jours.
Passé le moment de stupeur, je prends conscience que je suis à la rue.
Je n’ai aucune pièce d’identité sur moi, j’ignore mon nom et comment j’en suis arrivé là.
Dans mon cerveau c’est le brouillard total, aucun souvenir, j’ai beau me torturer l’esprit, rien : le vide absolu.
Après un long moment de solitude je décide de partir à la recherche de mon identité.
Pendant des heures, j’ai fait le tour du quartier, je m’arrêtais devant chaque arbre, panneau publicitaire pour voir si un éventuel avis de recherche avec ma photo n’y serait pas affiché. Rien, pas le moindre indice, je demandais même aux passants si par hasard ils ne me reconnaissaient pas.
L’après-midi touchait à sa fin : fatigué, affamé, assoiffé, je me suis assis auprès d’une bouche d’aération d’où s’échappait un peu de chaleur afin de me réchauffer et j’ai tendu la main en quête d’argent. J’ai eu de la chance, de généreuses personnes m’ont donné juste assez pour pouvoir manger et boire. J’ai pu donc me rassasier et reprendre mes recherches.
Alors que je passais devant un centre d’hébergement, j’y suis entré pour prendre une douche gratuitement, éventuellement y dormir, je n’avais pas envie d’une nouvelle nuit à la belle étoile.
Le lendemain matin après une bonne nuit de sommeil réparateur, je me suis dirigé vers le commissariat de police le plus proche, j’ai expliqué au policier de l’accueil le motif de ma présence et demandé si un signalement de disparition avait été émis à mon encontre. Après avoir longuement regardé sur son ordinateur, il a trouvé une fiche de recherche me concernant avec photo à l’appui, elle mentionnait que j’avais disparu depuis le mois de janvier dernier, nous étions début mars. J’ai appris que mon épouse était venue signaler ma disparition. J’ai su alors comment je m’appelais, mais je n’avais toujours pas souvenir de ce qu’il s’était passé.
Le policier a pris contact téléphoniquement auprès de ma femme lui demandant de venir me chercher.
Une jolie femme que je ne reconnaissais pas, les larmes aux yeux, est arrivée, s’est précipitée vers moi, m’a serré tendrement dans ses bras puis dans un sanglot m’a dit : « viens, rentrons à la maison».
Romantini
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