Maridan-Gyres

Je te vois si seul à présent. Tu ne bouges plus, tu te laisses aller. Tu restes là, figé, attendant ta fin inexorablement. Tu as pourtant encore tant de possibilités !

Pense à tous ceux qui n’ont pas ta chance. Ceux qui rêvent de marcher, de pouvoir sortir seuls, librement, sans assistance. Simplement eux et la nature environnante. Le plaisir de marcher en humant l’air iodé des étangs, en voyant s’envoler aigrettes, flamands roses, héron cendré, avocettes élégantes, échasse blanches, canards de toutes sortes et tant d’autres volatiles qui faisait ma joie lorsqu’ils s’envolaient bruyamment à notre approche

Te souviens-tu de nos errances au milieu des étendues sauvages ? Des couleurs des levers et couchers de soleil, jamais pareils, mais toujours aussi somptueux lorsqu’ils se reflètent dans le miroir des étangs Dis-moi à quand remonte ta dernière sortie, seul avec toi-même et ton appareil photo ?

Pourquoi ne m’as-tu pas remplacé ? Oh, je sais bien ce que tu dis à tout le monde Que j’étais formidable, unique, intelligent, etc. Que tu ferais des comparaisons, que je suis irremplaçable. C’est faux ! Les cimetières sont pleins de gens et d’animaux irremplaçables et la vie continue tout de même et heureusement !

Tout cela est trop bête! Rappelles-toi. J’avais tellement besoin d’amour que j’étais tout le temps dans tes jambes ce qui te rendait dingue. Tu m’as offert une belle vie et je t’en remercie. Un jour prochain, je te verrai venir vers moi et nous reprendrons les balades que nous aimions tant.

Ne reste plus seul à te morfondre chez toi, reprends tes promenades. Adopte un nouveau chien, tu le rendras si heureux et quand vous viendrez à ma rencontre, vous aurez plein de choses à me raconter. Je ne te dis pas adieux, juste au-revoir. Merci pour tout mon ami.

Maridan 19/04/2018