Maridan-Gyres

Maridan-Gyres

atelier du 19/02/2014

Exercice 1

 

Personnage principal : petite fille de 7 ans

Ami : un chien

Ennemi : le voisin d'en face

Lieu : Paris

Époque : Moyen-Age

Événement imprévu : un voyage dans le temps

Objet déterminant : une pierre

 

 

Cette fois-ci elle y était arrivée : s'introduire dans l'atelier du voisin pendant son absence. Elle allait essayer la machine toute seule.

- Loto, tiens-toi tranquille. Il ne faut pas qu'on nous entende.

Le chien s'était accroché à son pantalon et tirait comme pour lui dire : « Non, n'y va pas ! » Mais la fameuse machine du temps, que le père Marcel lui avait montrée tant de fois, la fascinait. Lizzy voulait aller dans le futur, être une grande fille. Elle en avait marre d'être un bébé aux nattes et chaussures plates.

- Je sais la faire marcher. Père Marcel m'a tout expliqué, se rassurait-elle.

Vraiment ? Tout ? Derrière une innocente bibliothèque, dans une petite pièce cachée, le père Marcel – M. Bartlett de son vrai nom – ricanait malicieusement.

- Tu vas voir, toi !

C'était plus fort que lui, la haine. Et plus vieille. Depuis la nuit des temps, les Bartlett avaient haï les Gordon. À présent, il n'en restait plus que cette fillette. Les parents morts, elle avait été adoptée par un couple d'âge moyen. Âge moyen. Moyen Âge. Âge moyen. Moyen Âge... Oui, Moyen Âge ! Il n'avait pas voulu se salir les mains de son sang. Ça, c'était bon pour les vieux grands-pères, pour les hommes grands et forts, pour les vilaines femmes... Cette petite, il allait s'en débarrasser autrement. Et lui réserver un sort autrement plus dur qu'aux autres, puisqu'elle était la dernière de sa race.

 

Tic-tac, tic-tac, tic-tac, tic … et TAC ! Le petit doigt pressa le bouton.

 

Ce voyage, Lizzy ne pourrait jamais le raconter. Peut-être s'était-elle évanouie dans le tourbillon de sons, lumières et couleurs qui l'avait aspirée. Le fait est qu'elle se retrouva par terre, au milieu d'un vacarme assourdissant, qu'elle faillit être écrasée par un cheval géant, couvert d'un drôle de costume, qu'elle se cacha sous une sorte de tente qui s'avéra être la jupe malodorante d'une grosse bonne femme, et que, par-dessus tout cet amas d'images absurdes et bruits non identifiables, une voix perçante ne cessait de répéter, qui sortait d'un ventre bombu et barbouillé de farine:

- Chaudes, chaudes les oublies ! Pur froment et beurre de Vaugirard !

 

Du coup, le regard de Lizzy, bien qu'encore étourdi, se fixa sur une tache de couleur. Qui brillait. Dans la boue, parmi sabots de chevaux et bottes éperonnées, une grosse pierre lançait des éclairs verts. Des éclairs fascinants. Ça ne brillait sûrement pas plus fort qu'une ampoule, ou que les paillettes de la robe du soir de Maggie. Mais c'était autre chose. Ça avait l'air de parler. Ça l'appelait. Et, malgré la terreur, Lizzy sortit de sa cachette, se traîna dans la boue, sur ses coudes et genoux, n'osant se relever, jusqu'à ce qu'elle attrapa la pierre. Son petit poing sembla soudain fragile. Un frisson la traversa. Et elle courut, elle courut... le poing pressé contre son cœur. Son cœur qui savait que c'était son sort qu'elle tenait dans sa main. Sa vie. 

Exercice 2

 

Personnage principal : un chasseur de papillon équatorien

Ami : le grand-père paternel

Ennemi : Mr. Hyde – côté noir du personnage principal lui-même

Lieu : Forêt de Brocéliande, en Bretagne

Époque : année 2030

Événement imprévu : découverte d'un agenda

Objet déterminant : une clé

 

L’Équateur lui manquait. Les vastes espaces à travers lesquels ses jeunes jambes couraient toutes seules. Le soleil lui manquait. Le chaud soleil de son pays, qu'il ne retrouvait pas ici. La campagne anglaise était humide et froide. Des champs, de petites murailles marquant les frontières des domaines, quelques brebis, les routes étroites, clôturées entre d'épaisses haies fleuries, toujours dégoulinantes d'eau. De l'eau, de l'eau, de l'eau... Il pleuvait deux jours sur trois, deux heures sur trois. L’Équateur lui manquait. La chasse aux papillons aussi, son occupation de tous les jours. Mais grand-père avait décidé ainsi. Et quand grand-père disait une chose, une seule réponse était possible : obéir. Oh, non ! Il n'était pas un monstre, un tyran affreux. Mais la douceur de ses yeux, le calme inébranlable quoi qu'il arrivât, les grandes mains osseuses qui à 89 ans ne tremblaient pas, le regard bleu clair qui voyait jusqu'au fond de vous … tout cela faisait qu'on obéissait : naturellement, sans lutte et sans rancune. Pour votre bien. C'était ce que grand-père voulait toujours : le bien. Pour tout le monde. Pour son petit fils d'autant plus. Né d'une folle aventure de Greg, l'aîné, avec une femme des tribus de là-bas, le garçon avait toujours inquiété M. Goodman. La mère étant morte – tuée par une bête sauvage ou par un amoureux évincé, ce qui était à peu près la même chose -, la mère morte, Greg avait assumé le garçon, Phil. Parfois il l'amenait chez eux, dans leur manoir du côté de Leeds. Un gentil garçonnet. Doux. Tranquille. Silencieux. Câlin. Pourquoi M. Goodman sentait-il comme un doigt froid se poser sur son cœur à chaque fois qu'il le regardait ? Un jour, les domestiques avaient trouvé Tom, le vieux chat, le ventre déchiré, éviscéré. Personne n'en savait rien. Affaire classée. Une autre fois, une de leurs brebis avait été tuée pendant la nuit. Éviscérée.  Phil, âgé alors de 12 ans, était venu pour un mois. Il avait pris l'habitude d'avoir sur lui un petit carnet, son agenda, où qu'il allât. Son grand-père lui demandait parfois, en plaisantant :

- Tu écris tes mémoires, mon Phil ?

Phil souriait. Sans répondre. Un sourire doux et tendre, éclairé par deux yeux couleur des grains de café. Ce sourire rappelait Greg au vieux monsieur, Greg et sa gaieté, ses manières ouvertes, enjouées, sa façon d'entrer dans le cœur de chacun, comme dans une maison à lui, et de ne plus jamais en sortir. Même maintenant qu'il était mort depuis dix ans, lors d'une attaque aérienne au Cambodge, en 2020, il habitait toujours le cœur de ceux qui l'avaient connu. Personne n'avait oublié son sourire, qui revenait sur le visage de son fils. Les yeux couleur café, foncés, profonds, tellement profonds, parlaient de la mère, cette Africaine que personne n'avait connue, qui avait quand même engendré Phil, lui avait donné la peau brune, la grâce quasi animale, la bouche bien dessinée... et qui sait quoi d'autre ?

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- Il faut que je trouve où il met la clé quand il dort, se dit le grand-père. Parce que Phil enfermait son agenda dans un tiroir qu'il verrouillait. Parce que la nuit dernière le chien de la maison était mort, trouvé éviscéré à l'aube. Et parce qu'au-delà de tout il aimait Phil. Il l'aimait. Il ne se demandait plus ce qu'il allait trouver dans le tiroir. En lui-même, il le savait, et il pensait déjà à la solution. Douloureuse. Risquée. Unique. Aux fins fonds de la Forêt de Brocéliande, son vieil ami et maître, Cantrell, appelé sorcier par les ignorants, vivait encore. Mais pour combien de temps ? Seul lui pourrait délivrer Phil des démons qui le hantaient. Il fallait se dépêcher. Il faudrait également payer le prix.

 

Gabriela  19/02/2014



26/09/2014
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