Maridan-Gyres

Un jeune homme réussit à forcer la porte d'une romancière célèbre, Caroline N. Spacek, réfugiée en solitaire dans la campagne anglaise depuis plusieurs années. Très jeune, elle a connu une gloire littéraire rapide et scandaleuse, après une enfance marquée par la violence et la marge. Il finit par s'installer chez elle et recueillir le récit de sa vie.

Choisi à la va-vite avec deux autres sur l'étagère « nouveautés » arrivées à la médiathèque, il était le premier de ma pile.

Je ne l'ai pas quitté, encore tout bouleversé par ce signe du destin. Ma lecture de ce livre « c'était écrit … et je suis un écrivain et je respecte ce qui est écrit ... » !

Buvard. C'est osé. Un titre pareil à une époque où il est devenu quasiment obsolète !

Buvard, ce bout de papier qui boit votre écriture de plume et d'encre, pour vous la renvoyer en écriture miroir.

Julia Kerninon nous offre une sorte de road-movie intérieur . À toute allure !

Elle écrit sur l'écriture, et donc sur la lecture aussi, sur cette toile que l'auteur tisse entre lui, ses personnages et son histoire.

Par son récit, Lou nous montre l'avance masquée de Caroline, ne se révélant à lui, privilégié, qu'en tombant le masque.

Je l'écris au sens occitan.

La masca  et mascarar, le nom et le verbe, désignent d'une part, la sorcière (symbolique toujours démoniaque) et, d'autre part le fait de se noircir rituellement la face de noir de fumée.

Écrire c'est mettre à jour ses plaies et ses blessures non cicatrisées comme pour les exorciser.

Buvard ! Alors, j'ai bu à la source de Julia Kerninon. Haletant, comme un assoiffé après des jours de désert ! Puis, une fois désaltéré, en dégustateur avisé, recherchant sous la robe et la structure le nectar afin de garder en mémoire le meilleur de son expression, comme un grand cru.

Bernard 4/02/2015