Maridan-Gyres

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Je me souviens 12/08/2013

Ecrire un texte en commençant régulièrement les phrases par « je me souviens »

 

 

Je me souviens ton sourire jusqu’aux oreilles et ton regard aimant posé sur moi, alors que nous étions assises l’une à côté de l’autre sur le banc de granit dans la cour de la longère bretonne. Nous jetions des graines aux poules qui picoraient à nos pieds et décoraient la terrasse de fientes brunes très humides.

Je me souviens de l’intérêt que tu portais à ma jeune vie, à ma scolarité, à mes premiers flirts. Lorsque j’étais là, les sonneries du téléphone se faisaient plus fréquentes qu’à l’accoutumée, tu en riais, ta petite fille était courtisée, tu entendais une voix masculine timide et polie au bout du fil, et tu criais à travers la maison « Laure, un te tes Jules au téléphone… ! »

Je me souviens la bouillie de blé noir et le lait fermenté que nous mangions le soir accompagnés d’un verre de cidre. Parfois tu me ramenais d’une ferme voisine un pot de fromage blanc frais et entier, il était si onctueux que je le vidais dans la journée.

Je me souviens la tablette de chocolat au lait Milka que tu m’achetais lorsque l’estafette de l’épicière s’arrêtait dans le chemin.

Je me souviens de quelques vacances passées à Pomeret en ta compagnie, je me ressourçais dans ton havre de paix. Je m’installais dans le grenier où tu ne pouvais plus grimper, je le décorais à mon goût, j’y lisais, j’y peignais, j’y étudiais, j’y dormais.

Je me souviens, aux aurores, alors que tu sommeillais dans ta chambre, je descendais l’escalier de bois, j’ enfourchais la vieille bicyclette rouillée rangée dans le hangar, et partais à travers les chemins de campagne, le long des champs, enivrée par la rosée et la liberté.

Je me souviens également de la poule au pot que tu nous cuisinais lorsque nous étions nombreux autour de la table, sur laquelle les assiettes à fleurs ou à carreaux étaient dépareillées. Assise en bout de table, tu mangeais peu, tu te nourrissais de nous voir ainsi réunis et nous resservir avec un appétit d’ogre. Bien souvent, lorsque tu n’étais pas trop fatiguée, tu nous préparais aussi une mousse au chocolat très riche, battue au fouet à main.

Je me souviens de tant de moments précieux avec toi mémé, Joséphine,  femme discrète et douce, aimée de tous.

 

 

Nadège



16/08/2013
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