Maridan-Gyres

Texte de Maxence Fermine – Neige

Il était une fois, une dizaine d'écrivains en herbe, qui se réunissait tous les mardis au café de la  place de l'église. Ce jour-là,  l'atmosphère était studieuse, on entendait les stylos glisser sur le papier.

« C'est magnifique, je n'ai jamais rien lu de pareil », s'esclaffa soudain une petite dame blonde.

Elle se leva d'un geste vif, chaussa ses lunettes écaille de tortue et se planta devant le groupe. Lentement elle porta son regard sur chacun, comme pour laisser à tout jamais l'empreinte de ses paroles dans  leur mémoire.

Elle se redressa, prit appui sur les deux pieds, inspira un grand coup et commença à parler :  « les mots sont puisés à la source de la beauté »...

« La beauté… voilà ce qui nous inspire, nous élève l'âme. Nous sommes des dieux vivants, la source de l'univers. Nous avons une mission… bla bla. »

Plus elle parlait, plus l'atmosphère devenait  électrique. Les mots se bousculaient dans sa bouche. Elle gesticulait dans tous les sens,  s'enflammait, criait presque maintenant.

Tout à son discours, elle ne  s'apercevait pas que l'attention du groupe se transformait en frayeur. Elle était bien illuminée cette Yolande. Qui l'eut cru... sous ses abords si simples se cache peut-être une fanatique. Bien dangereux par les temps qui courent !

Elle continuait : «  les  textes possèdent une musicalité originale, mais ils sont dénués de couleur » 

… « de couleur, c'est bien là, ce que nous devons rechercher ; la couleur des paysages, de la peau , des fleuves, de tout ce qui nous entoure. L'écriture doit pourvoir être lue en 3D, on doit y ressentir la hauteur, profondeur, largeur, temps... »

À ces mots le groupe eut un déclic. Mais cette Yolande n'est pas si folle qu'elle en a l'air !  Voilà le truc, voilà la solution, génial ! En 3 D, c'est incroyable.

Merci, Yolande, merci, tu nous dévoiles une vraie recette magique.

Odile 21/10/2014