Maridan-Gyres

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La course du temps - 13/11/2013

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Le temps court, inlassablement, il avance se moquant bien des envies des uns et des autres. Pas de pause pour lui, pas de pause pour elle. Pauvre sotte qui cherche sans cesse à se trouver du temps pour elle, pour ne pas le voir filer entre ses doigts comme neige au soleil.

 

Lui, le maître du temps, il se souvient des grandes aventures du passé. Il s’en délecte. Aujourd’hui encore, il les voit, pauvres humains stupides ! Ils rêvent, ils bataillent. Mais à quoi servent toutes leurs chimères ? Il revoit le jeune Persée partir conquérir le monde. Il était revenu auréolé de la gloire d’avoir vaincu la méduse. Mais à quel prix ? Il avait vu mourir un grand nombre de ses amis, compagnons d’infortune.

 

Aujourd’hui qui se souvenait encore de ses prouesses. Quelques professeurs d’histoire, quelques férus de mythologie. Des représentations de ses exploits ornaient bien encore quelques temples ici et là entre la Grèce et l’Italie. Mais qu’en serait-il dans quelques centaines, voire quelques milliers d’années. Le temps se moque bien des héros.

 

Il sourit. Lui, il sait que la vanité des hommes finit toujours par s’éteindre sous les aspirations de nouveaux dieux de pacotille. Ils sont si sots ! Se mettant à aduler le crétin qui parle plus fort que les autres. Le sinistre capable de leur vendre des chimères pour argent comptant. Ils aiment les faux prophètes.

 

Quelquefois, il se prend à rêver. Quand il voit une femme. Celle-là par exemple. Il l’observe depuis un petit moment déjà. Elle cherche à comprendre comment il fonctionne. Elle se rappelle son enfance et son désir incongru d’être « grande » !

 

Oh oui, comme elle en avait rêvé de cet âge adulte. Fuir la misère familiale, l’école honnie. Et puis, elle avait fini par grandir. Et là, il s’était réjoui. Car, il avait réussi à la rattraper. Ah la sinistre gueuse, elle s’était mise à courir. Comme les autres !

 

Comme les autres, elle avait commencé à croire qu’elle n’avait jamais le temps de ne rien faire. Oui, il l’avait bien eue cette sournoise. Il la croyait gagnée à sa cause. Or, voilà que depuis quelque temps, contre toute attente, elle avait recommencé à ralentir. Et il n’aimait pas cela. Quelquefois, il l’observait. Elle regardait toutes les pendules dont il avait nourri le monde. Les montres avaient disparu de ses poignets. Chez elle, elle avait jeté toutes les horloges. Et voilà qu’à présent, elle se mettait à prendre son temps.

 

Il tremblait soudain. Un froid glacial l’emplissait. Que se passerait-il si elle arrivait à entraîner à sa suite d’autres indélicats ? Car enfin, il fallait être fou pour oser, ainsi contrer la course du temps.

 

Lui le maître le plus sournois, lui que nul à travers les siècles n’avait osé défier. Voilà que cette stupide femelle osait le narguer, se moquer de ses règles. Et cela, il ne pouvait l’accepter. Heureusement, se disait-il, je fini toujours par gagner. Elle finira comme les autres, sous six pieds de terre et moi, je continuerai inlassablement ma ronde infernale.

 

Le paon a fait sa roue, lui aussi les observe tous les deux. Pauvre sot, fat que vous êtes !. Pauvre maître du temps, comme vous êtes seul, comme vous vous trompez ! Moi, je me moque de vous et de vos règles stupides ! Je fais la roue quand bon me semble pour capter quelques femelles qui se pâment devant mon incroyable beauté !

 

Je stoppe votre course à chaque fois qu’un homme ou une femme passent près de moi, car contrairement à tous, je ralenti votre course.

 

Que vous le vouliez ou non, ma magnificence attire leur regard et pour mieux se délecter de mon inégalable beauté, ils stoppent leurs courses effrénées, et prennent le temps de m’admirer. Vous le voyez bien que vous n’êtes pas si puissant que vous le pensez !

 

Maridan 13/11/2013



13/11/2013
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