Maridan-Gyres

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La petite sarah - Newsletter sur Charlotte Salomon

Avant de lire cette histoire, j'aimerais que vous écoutiez la musique qui suit, c'est une chanson de jean Ferrat que j'adore :

http://www.dailymotion.com/video/xluy8_jean-ferrat-nuit-et-brouillard_music

 

 

http://www.projetaladin.org/holocaust/fr/histoire-de-la-shoah/la-machine-a-tuer/les-camps-de-concentration.html

 

Combien de temps ? Combien de temps lui reste-t-il ? Dans ce monde qui se meurt où les siens n’ont plus aucun droit, ou même les enfants sont donnés en pâture à des monstres qui les éliminent que lui reste-t-il ?

 

Le temps elle n’en a cure, sa vie est morte avec ce train qui emportait son amour, son avenir, sa fille, tous les enfants comme la sienne. Qu’avait donc fait cette enfant à ces hommes armés, casqués, à ses êtres froids et vindicatifs ?

 

Elle était née ! Juste cela ! Naître sans des yeux bleus, sans des cheveux blonds, à mort la petite juive ! Au début, quand le nabot avait commencé à vociférer, elle s’était dit "comment peut-il espérer nous anéantir alors qu’il nous ressemble tant ?"

 

Mais il avait gagné petit à petit la raison des Allemands, les uns après les autres. Elle avait vu monter une flambée de haine à l'encontre des siens.

 

Puis des étoiles jaunes avaient fleuri un peu partout, puis les pogroms avaient déferlé sur eux, pillant une à une toutes leurs richesses, tous leurs pauvres biens gagnés à force de travail. Enfin, ils les avaient parqués dans des quartiers sans aucun confort. C’est là qu’avaient commencé les rêves.

 

Enfin, on avait pris toutes les femmes et tous les enfants et ils avaient été emmenés dans des wagons plombés. Beaucoup étaient morts pendant le trajet, puis il y avait eu une escale, les enfants avaient été débarqués. Sa petite Sarah arrachée à ses bras. Ses cris la poursuivaient encore.

 

Déjà un mois qu’elle était là dans cet endroit maudit. Elle avait vu tant d’horreurs que son cerveau ne fonctionnait plus normalement. Ils arrachaient à vif les dents en or. Les plus belles d’entre elles étaient violées avant d’être abattues. Ils avaient rasé leurs cheveux. Deux médecins, véritables tortionnaires, se livraient à des expériences épouvantables. Les hurlements des victimes poursuivaient chaque prisonnière. Son tour viendrait, elle le savait, elle faisait tout ce qu’ils lui demandaient. Il n’y avait rien à attendre de ces bourreaux…

 

Le rêve avait commencé à leur séparation, lorsque les nazis étaient partis avec sa petite Sarah. Chaque nuit dès qu’elle fermait les yeux, elle revivait tous les couchers passés de son enfant. Les petites histoires qu’elle lui racontait, les câlins que son enfant ne manquait jamais de lui faire. Leur immense amour.

 

Mais cette nuit, le rêve fut encore plus beau, car cette fois-ci, Sarah se matérialisa devant ses yeux grands ouverts, et elle lui parla :

 

  • Maman ne pleure plus, demain tu seras avec moi et nous ne nous quitterons plus jamais.
  • Merci, mon amour, j’attendais ce jour avec impatience.
  • Sois forte, je serai près de toi.

 

Le lendemain, lorsque le nazi lui donna l’ordre, une fois de plus, de débarrasser les corps de la chambre à gaz, elle refusa avec un grand sourire.

Furieux, le SS tira, lui épargnant des tortures beaucoup plus longues. Sa fille avait rempli sa mission.

 

Désormais, elles vont main dans la main dans les jardins célestes et toutes celles qui ont survécu à ce génocide se souviennent du sourire de cette femme qui osa dire non à un soldat allemand.

 

Maridan Gyres 2/10/2014

 

 



02/10/2014
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