Maridan-Gyres

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Atelier 19 - 2022 - Sujet 1

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  • Voyons, Bérénice, voici la troisième fois que Bernard Poitevin m’appelle cette semaine à votre sujet. Bien que mon ami de longue date, il est horriblement gêné, tout proviseur qu’il soit, de me déranger. Cependant, il se fait violence car il se soucie réellement de vous et il me semble que c’est à juste titre.

 

  • (Bouffon)

 

  • Vous avez un comportement déplorable. Que je sache, nous ne vous avons pas élevée de sorte que vous enchaîniez les injures envers votre professeur de français qui fait excellemment bien son travail.

 

  • (Pauvre tache)

 

  • Vous perturbez le cours, et, en dépit de toute sa patience, son professionnalisme et sa parfaite éducation, Père Petit, votre professeur, ne sait plus à quel saint se vouer pour vous amener à résipiscence.
 
  • (Ben voyons, te gêne pas, moi c’est les injures, toi c’est les perles de connerie que t’enfiles).

 

  • Si vous ne prenez pas l’engagement de vous amender, je crains de devoir sévir et je n’y tiens guère : vous êtes tout ce qui me reste et je vous aime.

 

  • (Ben voyons, les violons tant qu’on y est. C’est quand même bien toi qui as tué ma mère et ma sœur dans ce sale accident. Et pourquoi t’as pas crevé toi ? Salopard. Ah oué tu m’aimes ? Comment ? On en parle ?)

 

  • Voici ce que je vous propose. Je pars demain aux US finaliser un gros contrat. Je suis de retour dans deux jours. D’ici là, vous vous comporterez comme la jeune fille de bonne famille que vous êtes, et, à mon retour, nous verrons ensemble de quelle manière vous pourrez présenter vos excuses au Père Petit d’une part, et à M. Poitevin d’autre part, sans pour autant que vous y perdiez la face. Je ne sais quel est votre problème, nous en parlerons plus tard si vous le souhaitez, pour autant je n’envisage pas que ma fille s’abaisse quand bien même elle présenterait des excuses. Vous valez mieux que cela.

 

  • (Vas y cause, cause, cause, DEGAGE)
  • Je compte sur vous.

 

  • (DEGAGE)

 

Deux jours plus tard.

 

  • Ah non, c’est intolérable. A peine arrivé, je suis assailli des doléances de Bernard et de votre professeur de français. Vous m’expliquez, Bérénice ?

 

  • (Faut pas rêver, connard, y’a pas d’miracle)

 

  • Et vous pensez qu’en gardant le silence vous allez résoudre le problème ? Ou sans doute me laisser le résoudre comme d’habitude. Il serait temps, ma fille, que vous grandissiez et preniez vos responsabilités. N’oubliez pas que nos actes nous définissent, comme dit le philosophe. Et les actes que vous avez posés et continuez à poser ne donnent pas une belle définition de ma fille, sachez-le.

 

  • (Ta fille ? Ah oué ? depuis quand je suis ta fille sale pervers ? T’as oublié de me prévenir. Va falloir que je ré-initialise le disque dur). Tu veux que je t’explique ? C’est simple, demain je vais chez les keufs et je dis tout. Tu veux savoir pourquoi j’ai foutu le bordel en cours ? C’est simple, le Père Petit est au courant, mais il n’a pas voulu m’aider : « Vous n’y pensez pas, Bérénice, Monsieur votre père, un homme si bien né et d’un tel humanisme… » et patati et patata. Ton copain Poitevin, que j’ai informé aussi, c’est le même répugnant brouet, avec, en plus, des suspicions sur la qualité de mon équilibre mental, lequel va très bien merci.

 

  • Bérénice, s’il te plaît. Réfléchis. Ne fais pas de bêtise. Je suis d’accord pour faire entendre raison à Bernard et à ton professeur de français, aucun souci. Ils comprendront que tu es perturbée depuis le décès de ta mère et de ta sœur, je le comprends aussi bien sûr, c’est si difficile (pseudo sanglot). Mais qu’irais-tu dire ? Tu comprends bien que ma parole prévaut sur la tienne dans tous les cas, et ton comportement actuel te dessert, il dénote une grande confusion dans ton esprit, d’ailleurs Poitevin n’a pas manqué de te le dire.

 

  • Ah tiens, tu me tutoies connard, on change de registre. Sache que tu es enregistré : le masque du pseudo-éducateur s’est cassé la gueule, et dessous c’est pas triste. J’ai des preuves intéressantes de ton « éducation », les mérites de la technologie que tu méprises… Ma grande sœur m’avait prévenue, elle savait de quoi elle parlait, et m’a demandé de l’enregistrer : tous les détails sont à disposition. Et pour ce qui me concerne, il y a des vidéos qui ne laissent aucun doute, agrémentées de tes propos qui en laissent encore moins. A demain chez les flics, papa.

 

  • Bérénice, voyons… Prenons le temps de parler, ma petite fille…

 

  • Ciao.

 

Ghislaine Tit'goutt'



06/01/2023
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