Maridan-Gyres

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Les fantômes

Atelier N° 14 du 30/10/2016

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Cette année là, une fois de plus, les fantômes étaient venus me rendre visite dans ma chambre chez ma grand-mère. Pour de nombreux enfants, ils sont terribles, mais avec moi, ils étaient gentils et ils me contaient des histoires pour sécher mes larmes. Me rappeler ces beaux souvenirs est encore douloureux. À tort ou à raison, je n’ai jamais tremblé devant eux, bien au contraire. Quelquefois, ils me prenaient dans leurs bras et me faisaient glisser le long de la rambarde de l’escalier. Quand épuisée à force de rire, je leur disais à quel point ils m’étaient précieux, ils étaient toujours étonnés.

 

-          Pourquoi nous aimes-tu ? Habituellement, les gens ont peur de nous. Pas toi ! C’est bizarre non ?

 

Je ne savais que leur répondre, ils étaient si drôles parfois que j’aurais adoré les serrer dans mes bras, mais quand je tentais de le faire, ils disparaissaient. Pourtant eux ils arrivaient à me soulever de terre. Un jour, je pris mon courage à deux mains et j’en parlai à ma chère grand-mère. Elle parut stupéfaite. Je la vis prendre une grande inspiration et elle m’avoua que pendant toute son enfance, elle aussi, elle avait vu les esprits. Mais sa mère à elle lui avait ordonné de les repousser et surtout de ne pas leur adresser la parole, car ils enlevaient les enfants désobéissantes. Terrorisée, elle avait obéi. Pourtant chaque soir ils venaient passer quelques minutes avec elle, tentant de lui parler. Mais comme elle mettait sa tête sous son oreiller, ils finissaient par partir.

 

Un jour je venais d’avoir dix ans et j’ai vu disparaître ma chère grand-mère. Elle était la seule à partager mon secret. Sa mort créa en moi une gigantesque douleur et une fois de plus, ce fut mes chers fantômes qui m’aidèrent à passer ce cap en me promettant que bientôt ils viendraient me voir avec elle. Ils tinrent promesse. Quelles ne furent pas ma surprise et ma joie, lorsqu’elle vint me voir accompagnée de son cher mari, lieutenant colonel de l’armée de l’air disparu alors qu’il était en mission en Indochine.

 

Elle était si lumineuse. Les voir ainsi brûlants d’amour comme aux premières heures de leur vie commune me permit de ne plus jamais avoir peur de la mort. Je sais à présent qu’au moment de partir, ils seront tous là, mes chers disparus, à m’attendre pour me permettre de voyager avec eux. Ah oui, j’allais oublier, mes fantômes ne m’ont pas quittée. Nous sommes toujours ensemble dans la maison de ma grand-mère. Cela a juste été un peu difficile pour mon mari au début de notre vie à deux.

 

Que voulez-vous les esprits peuvent être de sacrés coquins.

 

Maridan 31/10/2016



31/10/2016
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