Aelier 7 - 2025 -Sujet 4
2025 - Atelier 7 - Sujet 4
Les enfants de la forêt
Il était une fois, Ariel et Éric mariés sans enfant, qui vivaient heureux. Les gens du village les toléraient plus qu’ils ne les acceptaient. Ils savaient que le jeune couple était toujours prêt à aider autrui, on pouvait compter sur eux. Mais ils estimaient qu’Ariel n’était pas de leur monde. Fille illégitime d’un lord, elle était instruite sachant lire et écrire. Son père avait suivi de loin son éducation et, lui avait offert la maison située dans la boucle de la rivière, lors de son mariage d’amour avec un jeune berger. Elle avait appris à lire à son époux qui à ses heures perdues devenait poète. Il aimait, quand il conduisait moutons et chèvres au pré, composer des vers, qu’il déclamait à son aimée en rentrant. Pour subvenir à leurs besoins, ils cultivaient légumes, fruits et fleurs. Ariel était teinturière végétale maniant aussi bien les tissus que la laine. Les dames du royaume aimaient beaucoup ses créations.
Un jour d'automne, ramassant du bois dans la forêt, Ariel et Éric, entendirent des gémissements et des sanglots étouffés.
Ils s'approchèrent doucement et découvrirent dans un taillis, trois enfants apeurés recroquevillés aux oreilles pointues et à la peau luisante. N’écoutant que leur bon cœur, ils essayèrent de les approcher. Mais peine perdue, ces derniers se montraient agressifs et feulaient tels des petits chats. Soudain, le cheval s’approcha et doucement souffla à l’oreille des enfants. Timidement, ils se rapprochèrent alors du couple et montèrent dans la carriole. En arrivant, le cheval hennit doucement et les petits descendirent docilement. Dans la maison, ils parurent terrifiés et se cachèrent dans un petit coin. Mutiques avec les hommes, ils communiquaient plus volontiers avec les animaux. Voyant leur mal-être à l’intérieur, Éric décida de les emmener dans le jardin en compagnie du chat. Doucement, ils se déridèrent, se mirent à gazouiller et à caresser les plantes du potager.
De jour en jour, adultes et enfants s’apprivoisèrent avec la complicité des animaux. Ils communiquaient beaucoup avec les mains. Ils accompagnaient Éric au pré. Plus de moutons rétifs ou turbulents, le troupeau était devenus docile. Le chien Tobi s’en trouvait bien aise car il n’avait plus grand chose à faire. Les plantes se portaient à merveille, il suffisait que les enfants les effleurent pour qu'elles redressent la tête. Ils cueillaient avec Ariel les plantes pour la préparation des teintures, et, se barbouillaient allègrement avec les différentes couleurs. Leurs rires étaient cristallins.
Un jour, le ménage décida d’emmener les enfants sur le marché. Les habitants d'ordinaire chaleureux leur firent un accueil mitigé, jetant des regards suspicieux à ces drôles de garnements peu ordinaires aux oreilles pointues.
Quand la vache de Marcel périt, les rumeurs commencèrent à circuler, on chuchotait sur le passage de la petite famille.
Les lapins de Berthe à leur tour connurent un sort tragique. Le ton monta, les mauvais esprits parlaient de diableries en désignant ouvertement la fratrie. Seul le diable communique avec les animaux et a les oreilles pointues. On recommanda au couple de se défaire des enfants. Outrés, ces derniers refusèrent et décidèrent de ne plus aller au village.
Au printemps, la pluie tomba sans discontinuer et les récoltes commencèrent à pourrir dans les champs. Devant ce désastre, la colère des villageois enfla et les regards se tournèrent vers la maison d’Éric et Ariel où les plantes et les animaux se portaient à merveille.
- “Ces enfants sont maudits, ce sont les enfants du diable. Brûlons-les !”
Menaçants, armés de torches et de fourches, ils arrivèrent à la ferme et réclamèrent à hauts cris les enfants pour les mener au bûcher.
Le couple pour calmer le courroux villageois proposa de partager leur récolte. Mais les fortes têtes firent mine de ne pas entendre et incendièrent la grange.
Horrifiée, Ariel fit descendre les enfants à la cave pour les protéger pendant qu’Éric se dirigeait vers les animaux terrorisés. Les enfants par télépathie essayaient de les rassurer. Le jeune berger, courageusement, bravant la violence humaine, on lui jetait des pierres, ouvrit les portes des abris animaliers (bergerie, poulailler, clapier…). Ariel, pendant ce temps, chantait doucement pour réconforter les petits. Mais bientôt ils parurent très excités, s’énervant car la jeune femme n’arrivait pas à les comprendre.
Alors que les paysans s’apprêtaient à mettre le feu à la maison, un cor retentit.
Majestueuse, une femme d’une grande beauté montée sur un immense cerf blanc surgit à la lisière de la forêt. Elle était accompagnée des animaux de la forêt. D’un geste impérieux, elle porta de nouveau le cor à ses lèvres et de son autre main projeta un faisceau lumineux sur les hommes qui apeurés, tombèrent à genoux.
C’était la reine de la forêt venue chercher ses enfants. Le cheval affolé par la tournure des événements était parti chercher de l'aide.
Les petits avaient senti la présence de la mère et très vite ils furent dans ses bras. Emue, cette dernière les étreignit et remercia du fond du cœur le jeune couple qui les avait sauvés.
Elle sermonna ensuite vertement les villageois sur leurs égarements et leur manque de tolérance. Elle leur rappela que la terre était souveraine et qu'il fallait la servir et la protéger.
Elle souhaita également qu’Ariel et Éric deviennent marraine et parrain de ses enfants, liant ainsi le peuple de la forêt et les humains.
Reconnaissante, elle jeta le sort de l'hospitalité sur la maison. Une lumière apparaissait à la plus haute fenêtre guidant ainsi tout être humain en danger ou en difficulté, vers elle.
Ambassadeurs de la paix, Éric et Ariel recueillaient, accueillaient et soignaient avec dévouement et bienveillance toute brebis égarée.
Lors de la fête du printemps, la famille royale retrouvait Ariel et Éric. La reine leur faisait don de plantes et fleurs introuvables. Les tissus d'Ariel prenaient alors des couleurs incroyables. Elle pouvait ainsi à travers son artisanat faire connaître la beauté de la forêt et sa fragilité. Elle était appuyée dans cette quête par son mari qui maintenant composait des odes à la nature.
La Reinette
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