PROPOS ENFLAMMÉS

Le corps de mon ami bien aimé,

Venait tout juste d’être inhumé,

Du cimetière je rejoignais la sortie.

J’ai prêté l’oreille à des propos enflammés

Une jeune femme, une autre plus âgée,

Et un vieux monsieur conversaient,

Sur le défunt, ce qu’il était,

Sur les réactions qu’il suscitait :

Moi qui n’ai jamais connu mon père,

Il en fut un pour moi,

Dit la jeune femme, sa mort me désespère,

Comprenez mon émoi !

Sais-tu vraiment qui était cet homme ?

Pendant trente ans ce fut mon mari,

Il était devenu un triste bonhomme,

En vérité, je te le dis !

Le monsieur répondit, en réalité,

Avec l’âge les couples s’érodent,

Tous les deux vous vous aimiez,

Avec des tensions par période.

En tous les cas, je suis en colère contre lui,

Regardez, il vient de m’abandonner,

Comment vais-je faire sans lui,

Quel mauvais cadeau il vient de me donner.

Alors, si pour moi il était un père,

Pour toi il était ton mari,

Aujourd’hui être seule te contrarie.

C’est la solitude qui te désespère.

Pensif, je réfléchissais,

En rejoignant la sortie,

A cette angoisse de séparation,

Qui fait de son mari un ennemi.

François A.