Atelier 3 - 2021 - sujet 2
Ce qui est en elle, ce qui est en nous.
Mary Poppins n’avait qu’à bien se tenir, elle n’était pas seule à savoir sauter à pieds joints dans le tableau de son choix
Elle, comme si ça allait de soi choisit une œuvre Madeleine Ossikian « La tête dans les nuages » elle s’installa, les deux pieds sur le bord du cadre elle était nue, mais avait soigneusement rassemblé ses cheveux en chignon, ils tenaient grâce à d’adorables épingles qu’elle avait achetées à Maridan lors de son marché estival.
Pour les rencontres qui font du bien, pour des trouvailles d’une une vie nouvelle, pas besoin de s’encombrer pensa-t-elle, (je me dis la même chose), certes elle eut un peu de mal à pénétrer dans le cadre étroit et dut jouer des épaules mais qu’importe elle se sentait taillée pour l’aventure.
La magie opéra sur le champ, elle se trouva vêtue d’une robe légère fleurie d’une écharpe multicolore et de deux minuscules bagages. Elle remarqua un magnifique oiseau bleu qui la précédait.
Elle avait la tête dans les nuages, de temps à autre sa vue était obstruée par ces étoles célestes alors, d’un geste doux elle les écartait. Elle dominait de la sorte les paysages.
Ses grandes enjambées lui permettaient d’avancer et d’atteindre des lieux toujours plus enchanteurs, mais elle n’avait pour l’instant aucune envie de se poser, elle se contentait d’observer les habitants des contrées traversées.
Le messager aux ailes bleues l’accompagnait fidèlement, sa présence enchantait l’aventurière et ils discouraient joyeusement pendant les trajets, lui voletant, elle franchissant de ses longues jambes les cours d’eau, les forêts, les villes et les villages. Parfois l’oiseau lui faisait des confidences il se posait alors sur son épaule, sans que je ne sache jamais chers lecteurs la teneur de leurs secrets, une seule certitude ils partageaient les plaisirs que procure, les chants d’un oiseau et la contemplation d’un beau paysage.
Quelques jours avant la fin de l’été alors qu’elle se reposait elle entendit des sons joyeux, et se penchant aperçu une petite place bordée de coquettes maisons.
- il se tient là certainement le marché hebdomadaire, dit-elle à son ami l’oiselet.
Elle s’approcha des étals et des petites cabanes disposées autour de la placette. Devant chacune ou accrochées à celle-ci on pouvait lire les professions et spécialités des artisans qui attendaient ou discutaient avec leurs clientèles. Ici point de marchands des quatre saisons, pas de comptoirs de boucher charcutier, pas même trace de volailles rôties souvent proposées avec de petites pommes de terre. (Elle apprit plus tard que c’était le lendemain que ces commerces de bouche s’installaient place du Beffroi.)
Ce qu’elle lut sur les panneaux devant les chalets aurait dû la surprendre, or, tous ces mots tracés d’une belle écriture sur les panonceaux colorés raisonnaient en elle comme des évidences, oui c’était pour cela qu’elle avait quitté un monde visible et prévisible pour vivre dans un monde partageable, parfumé, consolant doux, amoureux, plein de créations et de poésies.
Elle s’approcha, et découvrit ainsi le « rêveur d’amis imaginaires » qui lui parla de sa mission
- Je rêve, j’invente et dessine des amis imaginaires et quand ceux-ci sont prêts, ils rejoignent les humains et les accompagnent.
Ils échangèrent un large sourire et, ses pas la conduire plus loin vers la « raccommodeuse de cœurs » celle-ci avait dessiné sur fond roses des cœurs dorés qu’elle suspendait tout autour de sa petite boutique.
Elle remarqua que son échoppe ne désemplissait pas, une grosse dame avec un chapeau fleuri posé de travers sur sa tête lui avoua qu’elle venait régulièrement la voir.
- Elle répare les micro-fissures du cœur, recolle les désirs brisés net en deux morceaux, elle sait aussi retricoter les amours dont les mailles filent, et fait de jolis pansements multicolores autour des passions endolories.
Dans le chalet suivant se tenait « la réchauffeuse d’hiver » et l’oiseau bleu raconta à la voyageuse ce qu’il avait entendu à propos d’elle.
- On dit qu’elle est spécialisée dans le réchauffement climatique de nos froids intérieurs, elle tricote pour cela des couvertures d’espoir et des plaids de douceurs et de bienveillances.
Elle termina son tour de place par « le cultivateur de lendemains enchantés » lui, proposait des plantes graines et boutures porteuses d’avenir, il en prenait soin, les caressait, il leur chuchotait des recettes pour guérir les maux du monde, puis leurs croissances terminées, elles étaient mises gracieusement à disposition de tous.
D’ailleurs aucun des services n’était payant sur le marché et les fournisseurs de bienfaits se réunissaient régulièrement pour coordonner leurs actions en faveur et au bénéfice des habitués de la place du beffroi
Elle fit part de son projet d’installation au cours d’une de ses réunions ou elle avait été conviée. Tous acceptèrent joyeusement sa venue et applaudirent des deux mains leur nouvelle collègue et son inséparable passereau bleu, puis vint la question qui brulait toutes les lèvres et ce fut sa nouvelle amie « la dorloteuse d’enfants » qui la questionna :
- Que vas tu proposer aux habitants de la bourgade ? Je sais que ton stand est déjà prêt.
Elle ouvrit grand les bras enlaçant les participants qui se pressaient autour d’elle entre rires et larmes, elle annonça le nom de son métier « colorieuse d’existence » elle mettrait à disposition des personnes toutes les couleurs du monde en poudre, (pour les couleurs de l’arc en ciel, elle ferait appel à la Reinette) il suffirait de les avaler soit avec un grand verre d’eau pour les plus pressés, soit à l’aide de compte-gouttes chacun pourrait doser la quantité de couleur qu’il absorberait.
En effet expliqua-t-elle, chez certains êtres humains il faut du temps pour accepter d’embellir, de barioler, de colorier son histoire de vie, mais tous pourront compter sur mon aide. L’émotion gagna ses nouveaux compagnons. Ils la félicitèrent et on leva le verre de l’amitié.
Ivoleine
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