Article sans titre
Esquisse d’une histoire qui existe à peine
Acte I
Dans un bistrot proche de la Gare Saint-Roch à Montpellier.
Un homme et une femme à une table.
Elle : Le voyage s’est bien passé ?
Lui : Comme sur des roulettes. Pour une fois, aucun retard avec le TGV.
Elle : Comment vas-tu ? Et tes parents ? Dans mes souvenirs, ils …
Lui : Parle-moi d’abord de toi. Dès que je t’ai repérée, je n’ai pas hésité une seconde. Mais pas une… et me voici.
Elle : Oui, je reconnais là ta réaction. Rapide comme d’habitude. Ton mail d’hier soir m’annonçant ton arrivée ce matin m’a tellement surprise. Ça fait quand même trente ans. L’eau a bien coulé sous ta Seine. Ici, mon Lez est bien plus lent.
Lui : Depuis quand déjà ?
Elle : Depuis la chute du Mur de Berlin. Tu t’en souviens ?
Lui : Bien sûr que je m’en souviens. Car après ça, tu disparais. Aucune trace, nulle part. Plus vue, plus entendue, disparue.
Elle : Ce fut une période très dure pour moi. J’ai dû chercher du travail à l’extérieur pour un salaire. Les droits de l’homme, c’est bien beau, voire passionnant mais ça ne nourrit pas. Au contraire. J’en sortais complètement ruinée.
Lui : Je suis bien ému de te revoir. Après une telle absence …
Elle : Moi aussi.
Lui : Pas de la même intensité, j’en suis certain. Dis-moi, comment tu vas, à présent ? As-tu quelqu’un ? Laisse-moi deviner … Si tu viens, seule, à la gare accueillir un vieil ami, c’est que tu es libre, non ?
Elle : Exact. Et toi ?
Lui : Oh, moi, c’est plus compliqué. J’ai du mal à sortir d’une relation devenue de plus en plus invivable. C’est terrible, le désamour. Descendre ici te voir en coup de vent est comme une bouffée d’air frais.
Elle : Le désamour, j’ai connu ça. Terrible comme tu dis. C’est surtout douloureux, de part et d’autre.
Lui : (devenu soudain rêveur et silencieux)
Elle : Il est déjà treize heures. Il faut que je t’amène déjeuner dans mon restaurant vietnamien tout près d’ici. Je pense que tu vas apprécier.
Lui : Tu te souviens de la table ouverte que Raymond Moretti recevait ses amis une ou deux fois par mois dans un restaurant chinois à La Défense ?
Elle : Bien sûr. Quelle époque !
Ils quittent le bistrot et se dirigent vers le restaurant Le Jasmin, rue Durant.
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