Maridan-Gyres

                                                    La fille aux yeux pervenche   

Joliment maquillée

Elle regardait la mer

Adossée au comptoir

En pensant à l’été

L’ayant rendue amère

Et fait perdre l’espoir.

Si désirable et si triste à la fois,

Ses yeux bleus couleur pervenche

Trahissaient ses prunelles sans joie.

Elle semblait entendre une romance.

Un homme du coin de l’œil la convoitait

Mais elle ne le voyait pas.

Perdue dans ses sombres pensées

La belle, lascivement s’approchait d’un sofa.  

Ondulant comme un chat,

Ignorant le bel inconnu

Devant le juke-box s’arrêta,

Et d’une pièce elle lança un air bien connu.

Fermant les yeux, sur les notes elle dansa.

Des larmes coulèrent, son cœur se brisa.

A fleur de peau, elle mimait sa douleur                 

La fille aux yeux bleu couleur pervenche,

Refusait d’être une autre, c’était là son honneur, 

Ne jamais se renier même pour une romance.

L’homme fasciné devinait sa ferveur

Et comprit que jamais elle ne l’avait remarqué.

Trop fière dans sa belle pâleur,

L’Autre, elle l’aimait mais pouvait le renier.                  

Tristement, à pas lents, l’étranger s’éloignait.

Il aurait tant aimé de sa peine l’alléger,

Mais avait deviné le prix d’être soi-même.

Jamais plus elle n’allait s’abaisser

A demander pitié, dusse- t-elle en crever.

Cette chanson pour elle, devenait requiem.            

La fille aux yeux couleur pervenche

Au petit jour, renonça à son amour.                               

Plutôt en finir maintenant et par délivrance

Enfin disparaître ce soir, et cela pour toujours.

L’inconnu s’évanouit par-delà la plus haute des dunes ;     

De lui, hélas, elle n’aura jamais rien su.                                             

Les yeux couleur pervenche dans la nuit se sont perdus,

Se livrant aux flots avides de l’irrésistible Neptune.   

                                                                                 KIKA 21 juillet 2021.