Atelier 14 - 2019 - Sujet 3 – photo – « l’arbre aux clés » + un oiseau de la photo 1
« Belles Âmes »
Alors que je m’étais endormi dans mon lit très ordinairement je me réveillai la bouche sèche, à demi nu, couché dans une poussière blonde, douloureux des pieds à la tête.
Abasourdi, dérouté, je me redressai difficilement – à mes pieds un genre de sac à dos avec un peu de nourriture, de l’eau et trois grandes clés dont la présence me surprit. Malgré la confusion de mon esprit et une anxiété qui me donnaient des suées, poussé par une force inconnue, je partis au hasard avec mon curieux bagage et une pensée soudaine m’assaillit :
… un jour j’avais lu « Il y a des âmes fermées à double tour qui ne donnent jamais la clef de leur serrure. Pourtant elles ne renferment rien de précieux »(1).
Je trouvais ce propos si juste, si percutant, je m’étais demandé « le précieux, c’est quoi ? ». Par une sorte de négligence, de paresse de l’esprit, j’avais laissé mes idées affleurer sans rien approfondir, et voilà que de plein fouet revenaient ces mots si forts dans ce contexte totalement étrange. Quel était le sens de cette folle aventure ?
Devrais-je aller ouvrir ces âmes pour qu’elles s’emplissent de richesses ? Et lesquelles ?
Je poursuivis ma route comme aspiré par une mission venue d’une autre dimension.
Je dû traverser une immense étendue sableuse pendant des jours avant d’apercevoir un mur de papier indéchirable, marbré de légères rayures derrière lequel se profilaient une esquisse de visage, des linéaments, symboles d’un monde inachevé, d’une errance ?
Je passais à côté d’un arbre mort dont les branches grises garnies de clés colorées rajoutaient encore du mystère à ce lieu loin de la réalité.
Peut-être chacune d’elle appartenait à la serrure d’une âme, mais pourquoi ces couleurs ?
Un oiseau multicolore à la huppe de soie qui venait de traverser un ciel mordoré se posa sur l’arbre et m’appela en sifflant joyeusement. Je m’arrêtai et je le regardai médusé.
Il prit successivement une clé verte, puis rose, puis orange, puis jaune, puis bleu et enfin violette et chanta à pleine voix :
Et si l’espoir revenait, Tu me croiras jamais, Dans le secret, dans l’amour fou, De toutes tes forces va jusqu’au bout, Et si l’espoir revenait…(2)
Quand on a que l'amour pour parler aux canons, Et rien qu'une chanson pour convaincre un tambour, Alors sans avoir rien, Que la force d'aimer Nous aurons dans nos mains amis le monde entier…(3)
Beaucoup de mes amis sont venus des nuages, Avec soleil et pluie comme simples bagages
Ils ont fait la saison des amitiés sincères, La plus belle saison des quatre de la Terre…(4)
C’est bon comme un bonbon C’est doux comme un bisou
Aussi chaud que le soleil, La huitième merveille, Le sourire d’un môme… (5)
On vous souhaite tout le bonheur du monde, Et que quelqu'un vous tende la main, Que votre chemin évite les bombes, Qu'il mène vers de calmes jardins…(6)
Alors regarde, regarde un peu, Je vais pas me taire parce que t'as mal aux yeux
Alors regarde, regarde un peu, Tu verras tout ce qu'on peut faire si on est deux…(7)
Il se tût – me demanda de me recueillir quelques instants – de poser mon sac.
Je fermai les yeux et portai toute ma conscience sur mon cœur, quand je les ré ouvris l’oiseau avait disparu mais j’avais compris que chacune de ces clés colorées était offerte à qui passait par là pour ouvrir les serrures des âmes remplies de beautés et que le destin de celles du sac dépendait de moi.
Mes clés étaient grises, il m’appartenait de leur donner des teintes riantes. D'abord, je devais passer derrière le mur de papier indéchirable, entrer dans le monde des âmes moroses et arides, chanter ce que l’oiseau m’avait transmis , les déverrouiller, leur donner de la « grandeur d’âme », puis accrocher les clés à l’arbr e pour multiplier l’éclat de la mansuétude.
La tâche me paraissait vertigineuse quand une murmuration d’oiseaux rutilants vint à mon aide et m’entraînant dans son sillage me fit franchir le mur, l’oiseau à la huppe de soie me donna la clé des champs, alors je pus entreprendre ma noble mission…
Claudine.
1) Pensées sauvages - Augusta Amiel-Lapeyre,
Chansons :
2) « L’espoir » - Bernard Lavilliers
3) « quand on a que l’Amour » -Jacques Brel
4) « L’amitié »– Les Enfoirés
5) « Le sourire d’un môme » –Flow
6) « tout le Bonheur du monde »- Kids United –
7) « Alors regarde » – Patrick Bruel
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