Maridan-Gyres

C’est une petite fille, un peu plus petite que la moyenne des enfants de son âge. Elle a sept ans et un petit trou sur le devant de son sourire.

Elle a gardé les joues rebondies et les petites mains potelées du bébé qu’elle était il n’y a pas si longtemps encore. Ses cheveux longs, rassemblés sur le haut de la tête par des chouchous colorés, s’échappent devant ses yeux, tant elle court, saute et joue avec énergie.

Devenue femme, on devine déjà qu’elle sera belle.

Qui deviendra-t-elle ? Que gardera-t-elle de cette personnalité d’enfant solaire ?

A l’école, elle est mon élève. Elle a du retard par rapport aux élèves de sa classe. Presque tous savent lire, écrire et compter avec aisance, elle commence tout juste à déchiffrer les syllabes et les mots.

Tous les jours, la volonté et la ténacité de cette si petite fille sont pour moi une leçon de persévérance. Ne rien lâcher.

Elle ne se décourage pas quand elle ne parvient plus à retrouver le bruit que fait la lettre sur laquelle elle a posé son doigt. Décrispant sa main par de petits mouvements, elle efface et recommence la copie de ce mot qui s’obstine à s’échapper de l’interligne.

Devenue adulte, que fera-t-elle de cette force de détermination ? Sera-t-elle une femme courageuse ? Battante ? Engagée ?

A la réussite, son petit visage s’illumine et irradie de plaisir. Devant l’échec, un bref froncement du nez et un petit sourire triste qui vous déchire le cœur.

Son bonheur d’avoir réussi l’engage tout de suite à proposer son aide à un camarade dans la même difficulté.

Devenue adulte, que fera-t-elle de cette fraternité ? Sera-t-elle une femme qui aide ? Qui soigne ?

L’accompagner dans ses apprentissages me donne l’occasion de la douceur et de l’empathie.

Le sourire dont elle me gratifie quand elle est fière d’elle m’est une récompense.

Christine