Maridan-Gyres

L’automne nous étonne.
Dans la fraicheur bleutée du matin,
On  pense déjà à l’hiver prochain.

La chlorophylle épuisée par l’été

Vire au jaune mordoré,

Prenant ici et là

Une teinte grenat

Que seul le ton rouillé

Permet au soleil de se mirer
Les feuilles  couleur du soir,
S’accrochent  avec la vigueur du désespoir
Dévoilant les nids sur leur perchoir.
Les arbres ainsi déshabillés
Permettent à la lumière de passer
Redonnant un sentiment d’espace retrouvé.
L’air vif impose  au regard une image glacée
Qui fige une larme au coin des  yeux plissés.
Les graines des fleurs fanées
S’échappent largement des sépales desséchés.
Les vivaces offrent de belles couleurs variées
Resserrant  leurs branches épuisées
Tout au fond de leur carré.
Ici ou là, une rose téméraire laisse ourler
Le bord de ses pétales par la morsure naissante
Des premières gelées blanches.
La rose trémière a vécu son été,
Fière, arrogante et  colorée
Entre le mur et le trottoir coincée.
Elle ne présente plus que des calottes
Ressemblant à des boutons de culotte,
Qui sont autant de graines à conserver.
L’automne entonne la saison des vendanges,
Et l’envol des mésanges.
Au sol tombées, les feuilles détachées
Font un tapis moelleux que l’on aime fouler.
Au détour d’un chemin
Voilà la tête d’un coprin.

Bientôt viendra le temps de préparer
Le lit pour la neige et, comme disait mon pépé
Dans notre pays des Pyrénées :
« Tout ramasser et balayer
Afin que rien ne soit oublié. 
Car tout objet sous le manteau de neige dissimulé
Serait voué à une perte assurée ».
Cà y est  l’hiver, tu peux arriver.


Shunt- 7 OCTOBRE 2021