Atelier 17 - 2024 - Sujet 5
Tout en conduisant, elle se remémorait son parcours. Si elle avait choisi cette voie c’est parce que son père s’était suicidé suite à la délation de l’un de leur voisin qui l’avait accusé à tort d’être un braqueur.
C’est elle qui l’avait découvert pendu dans la grange attenante à leur habitation, pour une gamine de 14 ans ce fut horrible, elle en faisait encore des cauchemars aujourd’hui.
Son but : retrouver les coupables qui n’avaient pas encore été arrêtés et rétablir l'honneur de son père. C’est seulement à ce moment là qu’elle pourrait faire sa résilience, trouver la paix.
Sortie major de sa promotion ce n’est donc pas pour le côté aventureux qu’elle avait choisi son métier.
Pour son premier poste en tant que commandante, sa nomination l’avait emmenée en Haute-Saône. Il avait fallu s’habituer ici, trouver ses marques, se faire à la mentalité des habitants, leur accent. Plus tard, Léa espérait bien retrouver « sa Bretagne natale ». Pour l’instant dès qu’elle avait un moment d’évasion, elle y retournait pour retrouver les siens et son fiancé Aaron.
Enfin, elle franchit le portail de la ferme du Chant au Loup, vaste propriété d’un nom connu de la région et qui pratiquait l’élevage d’autruches .
D’ailleurs, elle était déjà venue en acheter au moment des fêtes dans le magasin installé sur l’exploitation. C’était une histoire de famille et là son adjoint l’avait appelée pour lui signaler le décès du patriarche, le fondateur de l’affaire Julien Maritto.
Après avoir garé sa mini devant l’un des garages ouverts où une autruche empaillée se pavanait, Léa rejoignit très vite le lieu du balisage jaune où son adjoint et des techniciens vêtus de combinaisons blanches s’affairaient.
Elle passât devant 2 jeunes gens ainsi qu’un homme d’une cinquantaine d’années interrogés par l’un des gendarmes présents.
Elle longeât l’entrée de la maison sur la gauche, sur la droite une immense piscine avec une tonnelle où l’été il devait faire bon y manger ou flâner.
Droit devant, un jeune homme en uniforme levat la rubalise afin qu’elle puisse passer. Remontant le col de sa parka, elle s’approchât de l’endroit où reposait le corps du propriétaire la cuisse labourée en charpie et le thorax piétiné.
Le médecin légiste était accroupi à côté du cadavre, l’examinant avec comme à son habitude son « éclairage » autour de la tête comme il aimait à l’appeler, son étincelle – il avait toujours l’air un peu ahuri avec sa tenue encapuchonnée bleue et sa lampe frontale - il lui faisait penser à Géo Trouvetou dans Mickey, c’est du moins l’effet qu’il faisait à Léa.
Elle l’observa sachant pour s’être fait rabrouée à leur première collaboration qu’il fallait attendre qu’il lève la tête pour lui donner ses impressions in situ.
Il avait une voix haut perchée et toujours, en plus de son éternelle lampe frontale, dans sa trousse de légiste une bouteille thermos remplie d’un café infect – pareil elle s’était faite avoir et cela lui avait servi de leçon.
La silhouette toujours dans la même position tournât enfin son long visage au nez aquilin pour la regarder.
Enguerrand Lebau, la soixantaine qui malheureusement portait mal son nom, lui apprit ce qu’elle avait pu voir : hémorragie et enfoncement de la cage thoracique ce qui avait provoqué le décès. Comme d’habitude, il en dirait plus après l’autoptie.
Le mort avait été chargé par le sanglier qu’il avait recueilli et élevé tout petit alors que parcourant son domaine, il avait trouvé le marcassin voué à ne pas survivre après l’abattage de la laie par des braconniers.
Géraud Gulland, son adjoint tout de noir vêtu, son éternel blouson en cuir et les santiags maculées de boue, allait en faire toute une histoire ! La banane gominée s’approcha d’elle comme elle demandait des explications sur la façon dont cela c’était passé et pourquoi ils avaient été sollicités.
Il lui indiquat que tous les jours, l’après midi, aux environs de 15h40 Julien Marrito rentrait dans le parc nourrir Marc, son sanglier, et tous les deux faisaient un tour dans le parc clôturé, lieu où ils se trouvaient actuellement.
Il aimait ce moment passé à apprécier Marc, son sanglier, qui n’avait jamais montré vis à vis de son sauveur aucun comportement agressif depuis 5 ans, mais qui restait méfiant vis à vis de toute autre personne.
Le jeune homme ajouta en désignant un homme aux boucles blondes à l’extérieur du périmètre, qu’un des fils avait appelé la police, le renom de la famille avait fait le reste pour qu’ils soient diligentés en urgence.
Par acquis de conscience la commandante alla voir la dépouille du monstre gigantesque abattu par le vétérinaire, arrivé au bon moment faire un rappel de vaccin aux autruches, qui avait tué le sanglier. Elle irait l’interroger.
Léa avait le sens du détail, elle observa et après avoir fait le tour de la bête revint vers le groin. À son tour comme le légiste, elle s’accroupit et après un moment demanda à Géraud de faire venir un scientifique afin qu’il prélève les petits grains de poudre blanche qu’elle désigna et à les faire analyser en urgence. Une idée lui était venue en tête, il fallait qu’elle vérifie.
Lostris 12/12/24
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