Maridan-Gyres

Maridan-Gyres

Atelier 19 - 2024 - Sujet 4

 

LMDM 2024-19-4

(19 Décembre 2024)

 

Changer la Vie

 

Vous avez rencontré une personne qui a changé votre vie. Dites en quoi, et ce qui a fait que votre vie fut différente après.

La voyez-vous toujours ?

 

 

Quand j’ai découvert le sujet proposé par Maridan, je me le suis gardé « sous le coude », envisageant y répondre après avoir écrit quelques amusantes rondes de mots ou autres lipogrammes :

Ce très beau thème méritait en effet réflexion et travail de fond d’introspection.

 

Mais quelques jours plus tard, il fallut me rendre à l’évidence, je « séchais » lamentablement.

Je finis donc par admettre que cet homme ou cette femme providentielle ayant bouleversé ma vie n’existait pas, ou tout du moins qu’aucun, qu’aucune ne se détachait vraiment.

Certes, j’avais fait quantité de rencontres qui m’avaient touché, bouleversé, interloqué, passionné, enrichi, accompagné, remis en question, mais qu’une d’entre elles ait à elle seule « changé ma vie », je n’en trouvais point de trace suffisamment forte.

Et pourtant, je sentais bien au fond de moi-même que je n’étais comme tout être humain que pétri des autres, du passé, de leur modèle, de leur expérience, de leurs conseils, de leurs erreurs, que je n’étais que le fruit de multiples rencontres… Alors ?

Poussant au plus loin l’introspection, une petite lumière commença enfin à surgir dans ma mémoire, pour s’y mettre à briller de plus en plus fort : Euréka, j’avais enfin trouvé !

Cet être existait, c’était « Le Livre ».

Un être extraordinairement puissant, contenant toute la mémoire et le savoir humain, un ami que je pouvais garder près de moi et consulter quand j’en avais envie, quand j’en avais besoin, qui me faisait découvrir, voyager, qui savait m’instruire et m’émouvoir.

C’était bien « Le Livre » qui avait changé ma vie, et ce dès ma plus tendre enfance.

Le Livre ? Mais quel Livre ?

Je me souviens encore du jour où j’ai découvert la puissance extraordinaire de la lecture. C’était en cours élémentaire première année. Après avoir passé le cours préparatoire à apprendre l’alphabet, les liaisons de mots, j’avais enfin « Mon Livre de Lecture ».

Et dès la première leçon, j’ai senti les mots s’animer, prendre vie, je lisais seul l’histoire du petit renard qui essayait d’attraper la lune, croyant y voir un fromage.

C’était extraordinairement puissant, c’était magique !

J’ai tellement aimé cette découverte que par la suite, je lisais seul à la maison les histoires avant les leçons de la maitresse. J’avais toujours une histoire d’avance.
Très vite, cela ne m’a plus suffi, et comme j’avais la chance d’être le petit dernier de la famille, j’ai pioché dans la bibliothèque de mes grandes sœurs : Contes et Légendes de Grèce, d’Afrique, Comtesse de Ségur, Bibliothèques rose et verte, Alexandre DUMAS, Jules VERNE,  je dévorais et les Livres ont changé ma vie.

Ils m’ont fait quitter ma petite province, m’ont emmené découvrir le passé des hommes qui m’avaient précédé, m’ont raconté des histoires qui m’ont fait rêver.

 

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Un auteur se détache dans mon souvenir, HERGÉ, dont le héros parcourait le monde et l’espace, entouré de personnages pittoresques.

Ce n’était certes pas un écrivain classique mais, comme beaucoup de petits garçons, jamais je n’ai pu oublier TINTIN, ses pérégrinations sur la planète et même au-delà, cet auteur qui m’a plus que tous les autres donné envie de voyager, de connaître d’autres cultures, de sortir de ma zone de confort pour embrasser le monde. Merci Monsieur Georges RÉMI !

 

Le pli était pris.
Après HERGÉ, vinrent SPIROU, GOSCINNY, le journal PILOTE toutes les semaines, puis les classiques et contemporains que j’ai dévoré en pension.

 

La fureur de lire ne s’est atténuée qu’avec la vie professionnelle. Comme beaucoup d’autres, j’ai dû modérer ma consommation de « bouquins » même si je n’ai jamais vraiment cessé.
Arrivé en retraite et y ayant gagné la principale richesse – le temps -, la première chose que j’ai faite a été de relire les grands livres que je n'avais pas pu ouvrir, « Guerre et Paix », « Vie et Destin », tout Stefan ZWEIG, des auteurs de tous pays, de tous genres, dans un joyeux et curieux éclectisme.

Quand le confinement est arrivé, je téléchargeais les livres sur une liseuse numérique. Vive le progrès !

 

Alors, oui, Le Livre a changé ma vie, il m’a ouvert aux autres, au monde, il m’a raconté le destin des hommes, m’a fait pleurer, rêver, scandalisé parfois, ne m’a jamais laissé tomber.

Je le vois toujours, l’emportant avec moi (de peur d’en manquer !), je l’achète, le loue, l’emprunte, le prête, l’offre, le fais découvrir à mes petits-enfants.

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En visite à MONTRÉAL, je suis allé me recueillir sur la tombe du grand Léonard COHEN.

Des admirateurs avaient déposé quelques livres sur sa sépulture, j’y ai reconnu avec émotion « L’Étranger » d’Albert CAMUS.

 

Quand je quitterai cette planète, pensera-t-on à déposer des livres dans mon cercueil pour que je n’en manque pas dans l’au-delà ?

 

JeanBat



04/01/2025
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