Maridan-Gyres

Elle était là, assoupie

Sur la chaise avec son bébé endormi.

Et lui, il était parti sur la mer.

Toute la nuit

Elle avait lutté

Avec son bébé

Lutté contre la maladie

Lutté contre la fièvre

Qui n'avait fait qu'augmenter

Elle avait pensé au docteur,

À l'ambulance qui hurle dans la nuit, à l’hôpital.

Elle avait peur,

Tout faire pour faire partir le mal

Mais Non ! Elle s’est rappelée,

Elle a su.

Nous allons nous débrouiller !

N'est-ce pas mon bébé ?

Un bain tiède pour lutter contre le feu,

De l'aspirine ? Des tisanes et des remèdes ?

Ne pleure pas ! C 'est mieux !

 Mon enfant tu m'aides !

L'aurore avec ses rayons est venue.

Lutter contre la mort, la faucheuse c'est épuisant

Tout seule, je m'étais sentie perdue.


Et toi mon mari

Toi qui es parti

De l'autre côté de la mer si belle

De l'autre côté de ce monde si dur, de poussière,  de misère

Quand me donneras tu des nouvelles ?

Tu ne sais pas

Ce que nous vivons ici-bas.

Toi sur la crête des vagues

Tu suis ta destinée

Et tu oublies ceux que tu as aimés !

Tu es parti

« Combien de marins, combien de capitaines

Qui sont partis joyeux

Pour des courses lointaines

Dans ce morne horizon se sont évanouis ? »

Tu es parti

Et moi aujourd'hui

Je m'assoupis

Assise sur cette chaise

C’est la misère !

Je pense à l'avenir :

À la vie, à toi là-bas,

À la vie de chacun ici-bas,

À la vie de chacun de nous,

Pauvres ères sur cette terre.

Je m'accroche et me débats

Pour enfin m'endormir

Sur cette pauvre chaise.

M'endormir chez nous !

Je suis si lasse,  et c'est toi le père !!!

Claudine L - Découvrez le blog de Claudine : ICI