Maridan-Gyres

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Atelier 4 - 2025 - Sujet 2

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En une milliseconde, il avait capté ce regard d’un bleu unique – du jamais vu, un marine profond telle une mer démontée ! - une silhouette parfaite, des cheveux longs au milieu du dos d’un blond vénitien lumineux...une apparition d’une perfection... si tant soit peu que la perfection existe !

 

Le temps de se demander s’il s’agissait d’iris naturels ou de lentilles, elle avait disparu dans la foule pourtant elle était grande et même dans la nuée d’autochtones et de visiteurs sur la place St Marc il aurait dû l’apercevoir.

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Il fallait qu’il sache qui elle était, ce qu’elle faisait, il serait obsédé – et sûrement même après – tant qu’il ne le saurait pas qui elle était !

Quel écrin aurait-il pu être plus beau que cette ville mythique pour une si jolie femme ! Femme ou Ange ????

Instant magique, inattendu qui allait donner de la couleur à ses vacances et probablement orienter le sujet de son nouveau roman. Il était d’ailleurs, ou qu’il allait, toujours à l’affût d’idées, de lieux. Léon Flamand se rendait sur les sites exotiques, les endroits insolites, était abonné à diverses revues...l’esprit pour ainsi dire toujours en ébullition à échafauder des scénarios.

Pour nom de plume il avait choisi Arsène Caplin et pour se garantir la tranquillité il refusait toutes les interviews, passages à la télé. Cela n’avait pas été du goût au départ de son éditeur qui lui avait proposé de le propulser dans les médias – leur amitié avait été brièvement mise à rude épreuve - mais son poulain s’était révélé très doué et cet anonymat avait largement contribué à faire monter les ventes, à alimenter la presse et le monde médiatique.

Léon alias Arsène dans sa précipitation bouscula un groupe de jeunes gens interrompant de ce fait leur conversation. Il en profita pour poser quelques questions quant à la jeune femme mais ils parlaient allemands et ne comprenaient pas le français.

Jamais il ne s’était senti aussi fébrile et comme il avait l’habitude de faire des recherches et surtout qu’il avait du temps, il se mit à visiter les cafés bordant cette illustre place pour tenter de la retrouver.

 

Procéder de manière rigoureuse comme quand il établissait les plans de ses livres et vérouiller les pistes tels les enquêteurs.

Il avait passé la matinée à tenter de donner un nom à cette belle inconnue sans succès et avait bien du mal à la sortir de sa tête. Pour la peine , Léon s’était régalé de café ristretto.

Pour l’heure, il se sentait affamé , il se rendît dans une petite ruelle, hors des sentiers touristiques et à défaut de satisfaire son goût pour les belles femmes , cela lui permettrait de combler celui de la cuisine italienne qu’il adorait.

La petite trattoria ne payait pas de mine mais son patron y préparait des lasagnes aux aubergines à faire pâmer un Saint ! Ayant opté pour un cru du pays , il s’installât à une petite table en terrasse, sortît un bloc note et nota les idées qui lui venait à l’esprit.

Mauvaise habitude, il écrivait à tout moment sur, parfois, des petits bouts de papier qu’il posait chez lui et qu’il cherchait après...

La belle héroïne, victime, tueuse, enquêtrice ? Elle serait à n’en pas douter l’héroïne de son thriller à venir.

 

Une fois repu, une petite balade digestive s’imposait mais il fût attiré par une vitrine au travers de laquelle il aperçut des ours en peluches, de vieux ours sur des étagères et qui semblaient attendre une réparation comme l’attestait l’enseigne au dessus de la boutique étroite : Ospedale per orso di peluche. Il l’avait déjà, à vrai dire remarquée, mais cette fois une petite « voix », un besoin impérieux fit qu’il entra.

Une antique cloche annonçât son arrivée, la petite boutique un peu poussiéreuse n’en était pas moins attachante , les dalles sur le sol antique comme certains des « petits patients » en attente. Une oreille manquait à l’un, un autre avait perdu ses yeux et son museau semblait tout mité...certains passeraient sûrement un bon moment dans cette « clinique » inédite.

Au même moment, un vieux monsieur petit, menu – impossible de lui donné un âge – des cheveux blancs clairsemés, des rides profondes sur son visage émacié qui faisait paraître son nez encore un peu plus gros vint vers lui.

 

«  Buon giorno senior , qué puis-je faire pour vous ?»

 

Sa voix était étonnamment claire et il parlait correctement la langue de Molière. Le vieil homme précisa qu’il avait été mariée à une Française, une femme très humaine qui malheureusement l’avait quitté trop tôt suite à une maladie incurable. Depuis il se consacrait à ses petits pensionnaires.

 

« Je suis entrée un peu par curiosité, vous restaurez des ours en peluches, ils ont l’air particulièrement anciens »

« Si »

L’homme du nom de Orso Garibaldini lui expliqua qu’il était le seul incontournable dans sa discipline, nulle vantardise de sa part, il énonçait un fait. Il avait des clients qui venaient du monde entier et certains particulièrement célèbres.

Ce n’était pas un métier, mais une passion pour lui et il savait en parler pour donner à son interlocuteur l’envie d’en savoir plus, de le questionner. Son petit fils allait prendre la relève et il était particulièrement heureux.

C’est alors que Léon remarqua que l’un de ses petits protégés positionné sur une petite table projetait une ombre bleue, toute à la fois marine et claire …. une chose improbable. Il s’approcha suivi par le regard de cet adorable vieillard. Cette couleur lui remettait en mémoire cette femme croisée le matin même et de fait il s’enquit auprès de l’artisan de ce phénomène mystérieux, comment cela était-il possible ?

Devant l’air perplexe de son visiteur il précisât que la Signora Guilia Larazzi était à l’origine de ce phénomène et seule à réaliser cela, un domaine inexploré et tout à fait nouveau : elle était coloriste en ombre .

 

« Elle a mis au point un procédé révolutionnaire et selon votre demande elle peut changer la couleur qui vous suit quand il y a du soleil et même en changer la forme si vous le désirez » .

 

C’est alors que Léon lui parla de se rencontre de ce matin, cette femme aux iris uniques... hypnotiques et cette impression après quelques secondes alors qu’elle s’était déjà évanouie d’une ombre bleutée.

 

« C’est bien elle que vous avez croisée, elle ne laisse personne indifférent tant pas sa beauté que par son esprit, sa culture et sa générosité envers les plus démunis » .

 

Notre écrivain, romancier s’enquit de la façon dont il pourrait la rencontrer. L’homme lui fournit une adresse mail pour la joindre mais lui précisa qu’elle était très occupée et qu’elle ne pratiquait cette « activité » qu’en loisir. De plus, elle voyageait beaucoup et devait justement s’envoler très prochainement pour une mission humanitaire.

 

Léon ne fut pas pour autant découragé, il allait « investiguer » et... la trouver !

 

Lostris le 5/03/25

 

 Découvrez les texte de notre amie directement sur son blog : ICI



06/04/2025
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