Maridan-Gyres

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Le mystère du croissant doré - atelier du 28/05/2014



Sur le plateau du petit déjeuner, il m’attend. Il est bien calé entre la tasse de café et les  pots de confitures. En me levant ce matin, je n’ai vu que lui.

 

Une odeur de café et de pain croustillant déborde de partout. Mes narines sont en éveil. Mes yeux surpris regardent cet élément inhabituel : une forme en croissant, toute dorée.  Qu’est-ce que ce donc? D’habitude mon petit déjeuner se réduit à du café, du pain avec de la  confiture. Ma main se pose délicatement sur le croissant. Mes doigts crissent sur sa peau. Qui a donc osé changer mon rituel matinal ?

 

Zazou qui dort encore dans la chambre d’amis ? Ce n’est pas son genre. J’avais bien des  copains à dîner hier soir, mais je n’ai pas remarqué quoi que ce soit. Ou alors je perds complètement la boule. Hier, en achetant le pain, aurais-je aussi je acheté un croissant à la boulangerie ? Trêve de réflexions !


Il me nargue. Je vais le goûter, cela m’aidera à percer son mystère. Je porte délicatement le croissant à la bouche; je croque un petit morceau. Il est au beurre. On ne s’est pas moqué de moi en plus. Allez encore un petit morceau. Puis un autre ; le croissant diminue à vue d’œil. Il est fondant, quel délice. Et puis soudain, un truc bizarre surgit sur le plateau. Mais, mais, ça alors… c’est incroyable !!

 

Une rose rouge. Et, tenant la fleur, une longue main d’homme. Mon regard se pose tour à tour sur la rose puis  la main. Je n’ose lever les yeux vers son visage. Qui est-il ? Que fait- il là ?

Après quelques minutes, je me  décide enfin. Je n’en crois pas mes yeux. Jean Michel, mon premier amour quand j’avais vingt ans. Il est toujours aussi beau me dis-je. Il n’a pas vieilli. Jean Michel  me regarde l’air amusé et attendri. Il me sourit et ne dit mot.


Je saisis délicatement la rose, hume son parfum, longtemps, pour essayer de comprendre. Les souvenirs reviennent en pagaille.

Nous nous sommes aimés cinq ans et avons bien baroudé ensemble. C’était un fou de l’opéra et du jardinage. Il m’offrait ses sculptures sur bois. Nous nous adorions. Et puis je l’ai quitté et il en a épousé une autre. À cinquante ans, il est mort d’une tumeur au cerveau. Lui qui avait une vie si saine.

 

Après quelques minutes, je relève la tête, finis le petit bout de croissant qui reste et offre la rose à Jean Michel.


Il saisit la  fleur à son tour et se met à parler, doucement, pour ne pas m’effrayer :

 

  • cette nuit  tu as fait un rêve compliqué ; j’étais le personnage principal. Tu avais plein de regrets. Tu étais très triste ; Alors je me suis matérialisé pour toi ce matin. Je me souviens très bien. À peine levée tu te précipitais sur ton petit déjeuner. Nous jouions à nous faire des surprises : Un croissant un jour, une fleur un autre jour ou un petit cadeau sur le plateau. Tu as été heureuse ce matin. Je suis toujours là, à tes côtés. Ne t’inquiète pas.

 

A peine ai-je eu le temps d’esquisser un geste vers lui, qu’il disparut comme un fantôme. Je pris alors une décision : A partir de maintenant j’achèterai tous les jours un croissant et une rose pour mon petit déjeuner ; Et chaque matin je démarrerai une  journée pleine de surprises. 

 

Odile 28/05/2014

 



20/06/2014
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