Lostris
Les lumières de la ville étaient éteintes depuis un long moment déjà. La nuit d’un gris anthracite abritait une lune bleue – qui se manifestait tous les siècles - elle était encore pâle, mais au fil des jours elle prendrait une teinte de plus en plus foncée. La silhouette longiligne montait sur la place haute où le château du Duc d’Aban dominait la ville de part sa hauteur impressionnante, reléguant l’église qui le jouxtait à une taille de fourmi.
A son époque le Duc avait voulu faire montre de sa magnificence au peuple, à ses pairs et faire étalage de sa fortune. Il était arrogant, cruel, violent en son temps, mais aujourd’hui le château servait d’écrin à de superbes toiles de valeurs inestimables et proposait des expositions temporaires qui amenaient des visiteurs du monde entier. Un musée plus que courtisé !
Sa réhabilitation avait pris du temps et monopolisé des sommes importantes pour lesquelles il avait été fait appel à des mécènes.
Tout de noir vêtu, une longue cape l’enveloppant, une large capuche rabattue sur le visage et un loup en mangeant une partie, il était impossible de savoir s’il s’agissait d’un homme ou d’une femme. De fait, la silhouette se hâtait en direction de l’imposant musée, vu l’heure indûe cela n’avait rien à voir avec une promenade digestive ou une balade se santé.
Aucune lumière ne filtrait aux habitations, on entendait par ci par là des chats se bagarrant ou s’enfuyant à son approche.
La température douce jusque là se rafraîchissait et en levant la tête la personne pût constater que le lune bleuissait vite bien trop vite et ce n’était pas bon signe !
La pente grimpait raide jusqu’à la grille du château et il ne lui était pas nécessaire d’y entrer pour avoir confirmation de son intuition. Une grande plume noire se trouvait sur le sol qui s’enflammât dès que ses yeux se portèrent sur elle. Juste après, le temps de baisser la tête, une immense chauve-souris la frôlat et repartit dans un cri strident pour s’enfoncer dans la nuit. La lune se teintait toujours plus. Il était temps de regagner l’antre, Dragor dans les jours à venir ne tarderait pas à reprendre vie et à semer mort et désastre sur son passage.
Depuis tout petit Arrhius avait été éduqué pour se confronter à ce montre soufflant le feu , la ruine sur le monde, Dragor cherchait la vengeance et surtout retrouver ce que les hommes lui avaient volé, ou plutôt avaient volé à son double, sa moitié : la Dragone de l’eau – Rivéha.
Arrrhius maîtrisait l’élément Air / Terre et avant toute chose, il devait prendre contact avec celui qui lui avait tout appris, donné accès à son immense bibliothèque, à ses livres précieux, fait partager son savoir et pour cause le Professeur JeanBat était un expert en monstres mythologiques, le meilleur !
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Une fois rentré chez lui, Arrhius se hâta de rejoindre son bureau – pièce chaleureuse qu’il affectionnait et où cela lui permettait de réfléchir. Il se préparât au rituel pour changer son état de conscience – rituel qui lui avait été enseigné par le Professeur JeanBat – et là... il fallait qu’il le joignit, la situation d’urgence l’imposait : bougies blanches, encens parfum santal puis il s’installât dans son fauteuil le dos bien droit, détendît ses muscles et prit trois profondes inspirations.
Puis il commençât à visualiser les marches d’un escalier et se mit à les descendre, plus il descendait et plus sa relaxation se faisait profonde. Arrivé à la septième, il s’arrêtât devant une porte en bois sombre et avant même qu’il eut le temps de se signaler la porte s’ouvrit sur le Professeur.
« Je t’attendais, car je ne doutais pas que tu aies vu ce qu’il est en train de se tramer. Entre. »
Une fois à l’intérieur, le jeune homme , bien qu’il fut habitué au lieu, s’imprégnât de l’ambiance : des murs hauts couverts d’étagères jusqu’au plafond et elles-mêmes remplies de livres – des plus anciens aux plus récents dont certaines éditions qui n’avaient pas de prix tant elles étaient précieuses et rares, pour certaines il s’agissait d’oeuvres uniques – le livre-bateau qui permet de voyager dans le temps… trônait au centre de la pièce.
JeanBat habitué à cette réaction lui laissât quelques minutes avant de se lancer :
« Bon, ne perdons pas de temps. Tu as donc étudié le thème astrologique maya-chinois et tu en es arrivé à la même conclusion que moi. J’ai pris les devants pour parer à ce qui va se passer pour gratter de précieuses heures, mais je vais avoir besoin de toi. Mon grand âge fait que je suis dorénavant bloqué ici et je vais te guider du mieux que je peux . Avant de t’inviter à rejoindre mon bateau-livre, je vais te briefer sur ce qu’il convient de faire et ce que j’ai fait en aval ».
JeanBat développât : il avait joint la petite fille de la rivière Ondine – elle régnait sur les cours d’eau : rivières, torrents, fleuves, cataractes… qui elle-même était entrée en contact avec la Méduse dans le grand lac d’Ecosse Earl. Il s’agissait pour cette dernière de réaliser un collier en perles d’eau identique à celui qui avait été détruit par le Maître du Feu.
Le secret avait été bien gardé et le Dragon le convoitait, car ce bijou avait des pouvoirs exceptionnels, on était susceptible de se voir accorder la maîtrise des 4 éléments. Dans les mains de ce monstre sanguinaire et destructeur le monde ne pourrait que trembler, tout risquait d’être détruit et dragons, serp-sirènes, sirènes venimeuses avec crochet de serpent, goules et autres monstruosités aussi réjouissantes se réveilleraient et asserviraient les humains ! L’enjeu était plus que de taille et il fallait ne surtout pas le laisser faire ! Le sort du monde se trouvait entre leurs mains.
La Méduse avec l’aide d’Ondine devait préparer le collier dont les éléments seraient remplis de sa bave mortelle. Hautement concentrée elle paralyserait le monstre ailé, mais vu sa taille ne pourrait l’anéantir en pierre de façon à la détruire. Elle l’une des protagoniste à favoriser la mort du Dragon.
Arrhius avait pour mission dans un premier temps de récupérer ce bijou et de l’emmener au point le plus haut de la planète non loin du Mont Evatista en Inde.
« Avant que je poursuive, nous allons nous offrir un petit remontant. J’ai un porto très vieux, un nectar délicieux que je vais te faire goûter. Tu m’en diras des nouvelles ! Vu ce qui nous attend, nous méritons bien cette petite pause dégustative.»
Le jeune homme le suivit vers un petit guéridon ancien ou avait été déposé préalablement deux verres ouvragés et délicats et une vieille bouteille remplie d’un liquide ambré.
Ils prirent places dans 2 fauteuils confortables pour siroter leur breuvage avant de poursuivre…..
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La pause avait été de courte durée mais oh combien profitable et instructive , tout avait été pensé au mieux – mais bien sûr il y a toujours les impondérables, les aléas et comme le monstre se réveillait de plusieurs années quand était-il de l’étendue de ses pouvoirs ?
Au moins si l’opération « éradication » échouait ce ne serait pas pour ne pas y avoir mis le maximum de moyens !.
Le jeune homme, dorénavant, au fait, avait sur le le livre-bateau mis le cap afin de récupérer le bijou empoisonné auprès d’Ondine et de la Méduse. Le précieux collier avait été déposé dans un coffret de bois très rare - il n’existait plus qu’un arbre dans le monde – un ébénier blanc et ciselé de formules magiques incrustées de pierre de Lune.
La même lune qui au fil des jours intensifiait sa couleur bleue, le moment fatal approchait inexorablement.
Les « apôtres » du Dragon se réveillaient eux aussi et un peu partout des maisons avaient déjà été incendiées, des places fortes détruites. On voyaient à la nuit tombée des créatures volantes et horriblement chevelues virevolter dans le ciel et émettre des cris horribles. Les adultes essayaient au mieux de rassurer leurs progénitures mais eux-même étaient apeurés. Très tôt maintenant dans les villes et les campagnes, ils se calfeutraient chez eux.
La rumeur circulait que le bijou de la Dragone de l’eau Rivéha n’avait – finalement- pas été détruit totalement et qu’il en resterait des éléments sur le point le plus haut de la planète.
Lieu justement où se déroulerait l’affrontement, la bataille ultime avec l’espoir que les forces du Bien l’emporteraient sur celles du Mal.
Arrhius pensait demander à Médusa de venir avec lui et la petite fille maîtresse des rivières mais finalement elle demandât à les accompagner. Elle avait une revanche à prendre sur ce Cracheur de Feu qui avait fait d’Elle ce qu’elle était devenue. Il avait transformé sa merveilleuse et longue chevelure rousse en un magma de serpents, lui avait brûlé une joue lui laissant une marque horrible, tout personne qui osait s’aventurer jusqu’à elle et détournait son regard était changé en statue de pierre.
Arrhius l’avait regardé droit dans les yeux sans pitié, sans mépris – comme il aurait regardé un être « normal » - et de ce fait il avait échappé à cette prédiction. Quand Ondine lui avait expliqué que c’est à lui seul qu’elle remettrait le collier, il n’avait en aucun cas tenté de déroger à sa demande et tous deux s’étaient donc rendu au lac Ecosse Earl.
C’est donc le trio qui embarquât pour le Mont Evatisda sur le livre-bateau qui permettait de se déplacer plus que rapidement.
Cap sur le site le plus haut de la Planète !
A suivre ...
Lostris
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