Maridan-Gyres

Maridan-Gyres

Texte libre - Conte

 

 

« L’Amour est un Oiseau et Psyché (l’âme) un Papillon... 

 

« Peut-être que les fleurs racontent des histoires » dit la grenouille en sautant dans la mare,

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« Je ne crois pas » répond le crapaud aux yeux orangés

« Mais il parait que les oiseaux picoreurs et les papillons butineurs entendent parfois leurs contes, si tu veux nous irons ce soir à la lumière de la lune rousse  interroger le saule qui trempe ses cheveux dans l’étang. Les oiseaux lui parlent. »

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Le crapaud et la grenouille passent leur journée sur les pierres jaunes tout à tour assoupis ou brutalement tirés de leurs rêves par les « plouf » de grenouillettes joyeuses  qui jouent à la marelle aquatique.

Le soir venu, la brume se pose sur l’étang estompant toute forme, espace secret, puis, la lune sort de sa longue sieste et prend son tour de garde, pour veiller sur la terre et faire danser mers et  océans.

Au moment où une tresse de sa lumineuse chevelure vénitienne éclaire un coin de la forêt de Brocéliande, le crapaud et la grenouille empruntent  le ruisseau jusqu’au saule et s’installent sur le rocher face à l’Ile aux serpents. 

 

« Bonsoir bel arbre, sais-tu si les fleurs racontent des histoires ? » Le saule secoue ses feuilles ondulées et balaye l’eau de ses mèches folles 

 

« OUI » répond-t ’il, « mes amis le merle d’eau et le martin pécheur  m’ont raconté ceci » :

 

« Il était une fois un rosier baccarat qui cohabitait avec un hortensia violet et des lupins multicolores, un peu plus loin voisinaient des pommiers d’amour, un arbre à papillons vieux rose, un magnolia fuchsia, des pivoines blanches, une cascade de fleurs dévalait le grand jardin de la dame au chapeau de paille qui habitait près de la rivière.

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Chaque matin, à la belle saison, elle foulait de ses pieds menus l’herbe scintillante de rosée et dansait devant le soleil levant pour bien commencer la journée, puis comme un rituel, se penchait avec gourmandise sur les pétales offerts de toutes parts pour humer les parfums. Elle remerciait la nature de l’enivrer si généreusement des délicieuses senteurs, puis un livre à la main, elle s’asseyait sous le tilleul jusqu’à midi.

 

Un jour de fin juillet, elle crût entendre une mélodie en sourdine venue du cœur d’une fleur de pavot récemment éclose… un souffle cuivré des arbres à papillons… et un léger battement de brindilles de bois. Elle s’assit au milieu d’un tapis de mousse près de la haie de buis, ferma les yeux et porta son attention sur ces sons inattendus.

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C’était comme une invitation à franchir la porte des songes et à se laisser envoûter par le monde des légendes.

 

La dame au chapeau de paille s’allongea en étalant sa longue robe nacrée sur la mousse tiédie par le soleil déjà hardi et son cœur s’ouvrit comme une  grande fleur. S’ensuivirent un bruissement d’ailes, un babillement de merle et comme un froissement de feuillets…la reine des roses aux pétales pourprés si joliment cambrés prit alors la parole :

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« Un Oiseau Lyre exilé d’Australie envoûtait la forêt de Brocéliande de ses chants aux variations multiples imitant tous les sons environnants. Une Nymphette aux ailettes de libellule nommée « Psyché », dont les  yeux verts d’eau et les cheveux blonds miel charmaient tous ceux qui l’approchaient, en tomba amoureuse. Elle pensa retenir l’oiseau Lyre dans son logis lacustre. Elle le captura un soir dans un filet tissé par des araignées loup et le posa sur un nid de plumes de soies. Elle lui apporta des graines savoureuses à picorer et de l’eau de son puits magique. L’oiseau Lyre d’abord apeuré fût séduit par les manières douces et câlines de son hôtesse.

 

L’Oiseau Lyre transforma ses plumes en harpe et la Nymphette de ses doigts fins aux ongles mica sur un clavier d’ivoire et d’ébène joua délicatement pour accompagner sa voix enchanteresse. II passèrent la nuit en caresses et en chants. L’aiguille du cadran lunaire avançait inexorablement jusqu’à ce que  l’aube déversât peu à peu ses lueurs, alors la nuit rassembla tous les plis de sa longue robe et s’évanouit.  A cet instant précis, Psyché se transforma en papillon et l’Oiseau Lyre s’envola vers les cieux blêmes.

 

Quand la dame au chapeau de paille se réveilla, la reine des roses courba sa tige et ses pétales tombèrent au sol sous un vent d’orage…ainsi à chaque histoire, une rose mourrait, c’est pourquoi les rosiers sont si fleuris.

 

Tout le jardin ému se laissa inonder par les larmes de pluie. La grenouille et le crapaud pensifs s’abritèrent sous les feuilles de nénuphar et la dame au chapeau de paille prit un grand parapluie, elle aussi perdue dans ses pensées : L’amour passe comme un oiseau léger et libre, et l’âme « psyché » sortie d’une métamorphose s’échappa pour rejoindre les étoiles. L’Amour est un Oiseau et Psyché un Papillon... »

 

Claudine



21/09/2019
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