Maridan-Gyres

Maridan-Gyres

18/12/2013 SDF

Il était connu de tout le quartier. On le prenait pour l’ivrogne, toujours bourré, car il avançait comme un bateau en tanguant. C’était une valse lente qui faisait rire les passants. Pourtant, un soir, je m’avançais vers l’homme étrange qui parlait seul.

-          Avez-vous une allumette ? me dit-il d’une voix grave ?

Étonnée, je le dévisageais. Un visage barbu, dans lequel brillait un regard vif.

-          Non, je ne fume pas !

-          C’est dommage, on aurait pu mieux se voir, et se faire coucou.

Quel individu bizarre.

-          Savez-vous ce qui manque à ce monde ?

-          Non ?

-          C’est l’amour ! Si les gens s’aimaient plus, tout irait mieux, non ?

-          Philosophie simpliste ! Cela est si évident.

L’homme semble tituber, balancé par je ne sais vent ou vin ?

-          Je vous surprends ? Pourtant c’est le b.a.ba de la vie en société.

Je le considère avec pitié ! De là à ce qu’il se mette à me roucouler des fadaises ! Du genre : Aimez-vous les uns les autres, ce héron mal emmanché sur des  pattes vacillantes.

QueL idiot ! pour lui tout est beau, tout est bleu. Je m’éloignai attirée par une vitrine dans laquelle scintillait un sapin. Oui, on était à Noël. Tout le monde préparait la fête, et s’énervait.

Un père gueule, face à un enfant buté. Le garçon veut un des derniers jeux vidéo très chers. Le père est malheureux. C’est trop cher. L’enfant part en rouspétant. Il tombe sur l’étrange sans domicile fixe qui lui aussi observait la scène avec intérêt.

-   Tiens ! Il me rend visite ce petit gars ! Qu’as-tu gamin ? Pourquoi veux-tu cet objet si cher… Tu vois  moi, plus faim j’ai. Ah ! Oui ! de toutes ces choses et je ne m’en porte que mieux. Mon cœur ne bat plus de rage quand je n’obtiens pas ce que je désire… car tout finit par casser ou passer… Je tremble de peur seulement à l’idée de toutes ces choses qui envahissent notre espace vital, qui nous pourrissent la vie, et nous dressent les uns contre les autres. Le roi est fatigué ! Je n’en peux plus. Oui, je suis roi, car je n’ai rien. Je suis détaché de tout, il ne me reste que mes rêves. Je peux imaginer que la petite Anna a des pommes bleues comme des oranges ou que le chat s’envole vers un autre monde plus accueillant et plein d’avenir.

Je contemplais, ébahie, l’étrange personnage ; ô surprise ; il me parut plus grand et il s’éloigna d’un pas assuré et majestueux.

Qui était-il ?

Viviane 18/12/2013



29/04/2014
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