A cheval sur le dos de la lune-Le 25-9-13
A cheval sur le dos de la lune, le ciel pleurait.
Ses larmes coulaient depuis longtemps déjà.
Et les étoiles, toutes autour, riaient. Ensemble et moqueuses.
Le vent, innocent, caressait les jambes des arbres, et les arbres s'enroulaient de plaisir. Pour courir plus vite que l'angoisse, pour lui échapper, des millions d’espèces végétales et animales prirent refuge sous terre. Une terre rageuse et tremblante.
Peu à peu, les oiseaux, obligés de voler toujours plus haut s'épuisèrent.
L'homme avait perdu la parole, la vie devenait folle.
Muet, poussé par son seul instinct, il avait laissé le ciel s'inonder, les étoiles lui manquer de respect, le vent caresser les arbres et les arbres s'agiter.
Le soleil, trop généreux brûla les ailes des colombes, la blancheur de leur ombre.
La pluie se mit à tomber, sans discontinuer. Pas partout mais juste là où il ne fallait pas. Elle abîma les cultures, empêcha les grains de raisin, les champs de blé de sécher. Les arbres pourris par trop d'humidité furent coupés.
On ne fabriqua plus de papier.
On ne fabriqua plus de livres.
On ne raconta plus d'histoires.
Celle de l'enfant, de l'âne et du taureau dans l'étable fut oubliée.
Le chaos s'imprima dans chaque souffle d'air. Sur des siècles. Plus d'ordre, plus de système, une température particulièrement légère, un dérèglement climatique définitif.
Jusqu'à ce que...
La mésange bleue n'apparaisse.
Jusqu'à ce que, imprudemment, elle ne sorte de son nid et que le glissement sec de ses plumes sur l'écorce du chêne ne fasse résonner le fond des océans. Que la terre, rebelle et encouragée par le chant de l'oiseau, ne repousse en dehors d'elle toutes les espèces végétales et animales, jadis absorbées.
L'homme, disparu, ne revînt jamais.
« Ouf ... », se dit la Nature.
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