Maridan-Gyres

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Atelier 2 - 2020 - sujet 3

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« Dancing blues » :

 

Aussi loin que je regarde dans mon  enfance, je dansais, je préférais danser à tout autre chose, j’avais « des fourmis dans les pieds »  disaient les adultes qui  ne comprenaient pas cette engouement ni mon rêve de devenir danseuse.  « Ballerine ! Et pourquoi pas  Danseuse  Etoile »…se moquaient ils !   On aurait dit qu’ils crachaient ces mots. He bien, oui, justement « Danseuse Etoile »  je visais  la lune…

 

Je réussis à suivre une école de Danse parce que ma grand-mère paternelle s’amusait de mon «soi-disant  talent » pensant que ça me passerait et que mieux valait me céder pour mieux m’amadouer et me conduire là où l’on  voulait  me voir…reprendre l’affaire familiale : taxis, ambulances.

 

Et me voilà, ce matin pour une courte pause dans cette journée de répétition, et pour la première fois, je me demande s’ils n’ont pas raison.

 

Je veux danser dans «  Coppélia  » mais je vois bien que je n’y suis pas. Le maître de ballet commence à  se lasser de mes hésitations, mes imperfections, mes retenues,  « ton engagement n’est pas total » dit–il  «Si tu veux être dans Coppélia, il faut te donner corps et âme, tu entends, corps et âme, t’oublier, tu n’existes pas en dehors de ce que tu danses ! »  

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Ça fait mal ces mots ! Mes  yeux s’égarent,  je n’y arrive plus.  Mes chaussons deviendraient-ils mes ennemis  ? J’ai le blues. Je suis fatiguée.

 

J’ai envie de rentrer chez moi : poser mon tutu, prendre ma tenue la plus sexy ,  aller en boite ce soir, me coller dans les bras du premier qui m’invitera, abandonner toute ma discipline, me prendre une cuite et dévorer tout ce qui m’est interdit… mais à peine je réalise ce que je dis que  le parquet, la barre, les envolées, les portés, les sauts, les  glissés m’assaillent, ça me colle à la peau même si j’ai peur, peur de ne pas réussir ce défi.

Être dans  le corps de ballet de  « Coppélia »,  ma première apparition sur scène ! Me serais-je trompée, se serait-on trompé sur moi en me le  proposant  ? Je ne sais plus, mais aussi triste que je sois maintenant, une petite flamme dans mon cœur brûle avec ardeur pour me convaincre de rassembler mes forces et d’aller franchir la porte de la salle de Danse où je suis attendue, «  allez, lève-toi ma fille !  !  Honore « la Poupée* qui danse  ! ».

 

Claudine

 

*Coppélia  : L'intrigue suit le conte d'Hoffmann L'Homme au sable, dans lequel Frantz est fasciné par la silhouette de Coppélia, aperçue derrière la fenêtre de l'atelier du savant Coppélius. Mais elle s'avère n'être qu'un automate...

 



01/02/2020
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