Maridan-Gyres

L’enfant sans nom

Serrant tendrement

Sur son cœur son enfant,

Elle le nourrit de son lait généreux.

Et dévore des yeux

Le fruit de ses amours passées.

Maintenant, le bambin rassasié,

Pose sa menotte potelée

Sur son sein marbré.

Souvenir intemporel

De la main sensuelle,

De son amant éphémère,

Qui fit d’elle une mère.

L’enfant s’est endormi,

Avec un sourire ravi.

Derrière un nuage,

Le soleil s’est caché.

Dans son corsage

Son sein elle a glissé.

Du lait tâche de blanc

La bouche de l’enfant.

Les pensées de la jeune femme

Envahissent son âme,

Déversant dans son  cœur

Une vague de chaleur.

Elle revoit ce soir de la Saint-Jean 

Les jeunes gens dansant 

Sautant au-dessus du feu,

En formulant des vœux,

Et défiant des flammes les lois,   

Fiers de leurs exploits.

Elle, elle s’était éclipsée

Le cœur tout chaviré,

Avec ce jeune homme,

Avait croqué la pomme.

Cachés par un églantier

Ils avaient partagé

Un amour effréné,

Et s’étaient séparés
A l’aube de l’été.

L’automne est venu,

Et comme convenu,

L’hiver a drainé ses misères.

Puis  voici le printemps

Et elle a un enfant.

En guise de baptême

L‘eau des yeux de sa mère

Coule sur son front blême.

Superbement bercés

Par les bras de Morphée,

Dans une attitude apaisante,

Ils dorment sur l’herbe naissante.

Aujourd’hui plane le bonheur.
Mais demain ?

C’est certain !

Devenu grand, l’enfant aura à cœur  

De sa vie connaitre l’auteur

Et son avenir de cet acte amputé

Gardera une plaie non cicatrisée.

L’amour immense de sa mère

Malgré ses larmes amères,

Ne pourra pas compenser

Ce géniteur qu’elle lui a volé.

Toute son existence il va chercher

D’où il vient, pour savoir où aller.

Shunt 15.04.2023