Maridan-Gyres

Me voici, je m’appelle Dana. Je dois me présenter devant vous, alors j’ai revêtu ma plus belle fourrure soyeuse blanche, grise et noire et j’ai passé beaucoup de temps à la lisser. Vous l’aurez sans doute deviné, je suis une chatoune sibérienne. J’ai vu le jour il y a quatre ans et vécu dans une grande maison pleine de confrères et consœurs de la même race que moi, dans le département du Cher. Après avoir mis au monde pas un, ni deux, ni trois, mais sept petits chatons plus turbulent les uns que les autres (il parait que le chiffre sept porte bonheur, cela reste à prouver bien sûr), ma patronne a décidé que j’avais bien droit à une retraite « dorée ». Aussitôt dit, aussitôt fait, elle a passé une annonce sur un endroit imaginaire, appelé par les humains Fesses-bouc, ou quelque chose comme ça. Et hop une semaine après, suite à l’intervention du Saint-Esprit, ou pas, j’ai été adoptée par une retraitée de Haute-Savoie.

Cinq heures de voiture après, oui je dis bien voiture car il n’était pas question que je fasse ce trajet à bicyclette (désolée pour les écologistes), je dépose enfin mes délicates petites pattes dans mon nouveau chez-moi, là où je vais pouvoir faire ce qu’il me plait, plus de corvées de tétés, de bébés miaulant, griffant…. Le vrai paradis sur terre.

Mes journées dans ce petit nid douillet commence par ma gymnastique matinale, qui consiste à sauter sur le lit de ma maîtresse pour lui indiquer qu’il est l’heure du petit déjeuner ; je ne sais pas trop comment m’y prendre pour le lui balbutier à l’oreille alors j’emploie les grands moyens. Je grimpe sur sa couette et furète pour trouver sa main et quémander une petite caresse, ou son menton, quoique contrairement à moi, elle n’a pas l’air d’apprécier les câlins à cet endroit. Enfin, elle a compris, elle pose ses pieds à terre et les glisse dans ses mules fourrées qui étaient cachées sous le bureau. Elle ouvre les volets. Et là, seulement, les choses sérieuses vont commencer.

Direction la cuisine,  nous entamons la descente des escaliers au pas de course, pour moi du moins, car Danacool, c’est le surnom que j’ai donné à ma nouvelle maîtresse, lambine à l’arrière. Bon, me direz-vous, il vaut mieux qu’elle ne tombe pas, sinon, je pourrais faire une croix sur le déjeuner. Allez, vite le placard du haut, la petite boîte à droite, oui, c’est ça. Hop le couvercle qui saute et ENFIN, mes croquettes arrivent. Là, je vous déconseille vivement de me déranger, sinon je mors.

D’ailleurs, Danacool, le sait, elle peut bien faire ce qu’elle veut, car mon attention est concentrée sur ma petite personne. Manger, s’étirer, se lécher, et s’étendre sur la véranda pour profiter du soleil. J’adore mon emploi du temps. Si j’avais su, je me serais mise en retraite dès ma naissance pour être sure d’en profiter et j’aurais besogné après, qu’en pensez-vous ?  

L’après-midi, après le repas, ma maîtresse se prépare pour un jogging, ou une sortie cinéma avec ses copines. Je peux donc, à mon aise, continuer à visiter mon havre de paisible retraitée.

Danacool m’a montré comment choisir mes programmes quand elle n’est pas là, mais j’ai les pattes qui dérapent sur les boutons de la télécommande, alors je préfère venir chercher directement sur l’écran la chaîne « Miaou ».

Je vais vous confier une chose qu’il ne faudrait pas lui répéter, je compte sur vous, quand j’ai trop chaud dehors, je file dans sa salle de bains et je me pose dans le lavabo où je profite de la chaleur et aussi des bonnes odeurs car elle utilise des produits de toilette qui fleurent le lilas ou le muguet. J’adore !

Quand Madame revient de ses occupations extérieures, nous jouons à la balle, ou la plume. Il nous arrive même de jouer à cache-cache, mais elle triche un peu car si je me cache à l’arrière du rideau rouge qui est derrière la porte, ma queue dépasse toujours un peu et elle me trouve trop facilement.

Après le repas du soir, nous nous installons sur le canapé et là, c’est mon moment préféré. Je me pose sur ses genoux et elle me caresse entre les oreilles, sous le menton et devant le museau et elle me chuchote à l’oreille que je suis belle et qu’elle m’aime, alors moi je suis aux anges !

Fleursdemai